Réunis en sommet le 6 février, les chefs d’État du G5 Sahel accélèrent le tempo à la fois sur le terrain et en vue de la conférence de financement de Bruxelles prévue le 23 février.
Face à la montée en puissance de la force du G5 Sahel, les djihadistes assènent leur riposte. Pour preuve, la multiplication des attaques ces derniers mois, notamment contre l’armée malienne, malgré la présence de 12 000 Casques bleus et de 4 000 hommes de l’opération Barkhane dans la région. Le 29 janvier 2018, le Mali a d’ailleurs décrété un deuil national de trois jours après la mort de 26 civils maliens et burkinabè et de 18 soldats maliens, tués dans des attaques terroristes. En 2017, les groupes terroristes de la région ont en effet étendu leurs actions au centre et au sud du Mali, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso, pays aussi régulièrement touchés. Dispersées lors de l’intervention française au Mali en 2013, ces milices ont donc retrouvé depuis un nouveau souffle, dans le nord et le centre du pays. À ce titre, une coordination entre les forces du G5 Sahel et Barkhane est prévue : deux opérations dans la zone des « trois frontières » entre Mali, Niger et Burkina Faso ont déjà eu lieu, pilotées depuis le quartier général de la force africaine à Sévaré, au Mali.
Rendre le G5 Sahel opérationnel d’ici mars
La menace est donc bien réelle. Pour y parer, la force conjointe du G5 Sahel « sera opérationnelle à la fin du mois de mars ». C’est ce qu’a affirmé dimanche devant la presse le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Hubert Coulibaly. Dans ce but, les chefs d’État des cinq pays membres se sont donc réunis pour un sommet le 6 février. Les présidents burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, tchadien Idriss Déby, mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, malien Ibrahim Boubacar Keïta et nigérien Mahamadou Issoufou ont été rejoints par la ministre française de la Défense Florence Parly. Le programme, pour les cinq pays membres (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) : boucler le financement de la force militaire conjointe et la rendre opérationnelle en mars prochain.
Une volonté confirmée par le président Issoufou à l’ouverture du sommet, qui a souligné « l’urgence que cette force soit opérationnelle » pour la « sécurité » des pays sahéliens. Florence Parly a quant à elle estimé que c’était « désormais en bonne voie ». Les chefs d’État ont également planché sur la recherche « des financements complémentaires » pour assurer « la montée en puissance » de la force conjointe, qui doit être composée de 5 000 soldats des 5 pays impliqués d’ici la mi-2018, selon une source proche du sommet.
Qui fournit les fonds nécessaires ?
La question des financements a également été l’un des enjeux du sommet, la concrétisation des fonds nécessaires étant estimée à 250 millions. Pour l’heure,l’Union européenne a déjà promis 50 millions d’euros, la France 8 millions, surtout en matériel. Les cinq pays fondateurs ont réuni chacun 10 millions, et l’Arabie saoudite une contribution de 100 millions de dollars. Les États-Unis ont, quant à eux, promis aux cinq membres du G5 Sahel une aide bilatérale globale de 60 millions de dollars. Une nouvelle conférence de financement de la force conjointe est d’ailleurs prévue le 23 février à Bruxelles.
Résilience alimentaire et suppression des visas
Florence Parly l’a rappelé lors du sommet : « Les opérations de la force conjointe doivent être coordonnées avec des actions au bénéfice des populations » pour voir un « vrai recul des terroristes ». Le G5 Sahel a, à cet effet, signé lundi un protocole d’entente avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le but : que les deux agences onusiennes appuient « la résilience alimentaire » des populations des cinq États sur la période 2018-2020. Des projets de développement chers à Mahamadou Issoufou, qui a rappelé l’importance de leur mise en oeuvre afin de « juguler les problèmes qui assaillent le Sahel ».
Autre sujet étudié par les présidents lors du sommet, le processus de suppression des visas et des frais d’itinérance entre les cinq pays. Un projet pour la création d’une compagnie aérienne « Air Sahel » et un autre pour la construction d’un chemin de fer « transsahélien » de près de 6 000 km devraient également être sur les feuilles de route des chefs d’État présents.
Attribution des rôles
À l’issue du sommet de Niamey, Ibrahim Boubacar Keïta cédera la présidence du G5 Sahel à son homologue nigérien. Les dirigeants présents ont également désigné l’ancien patron de la Monusco, le Nigérien Maman Sidikou, au poste de secrétaire permanent du G5 Sahel. Il remplace ainsi Mohamed Elhadj Najim, en poste depuis sa création, le 16 février 2014. Sa mission : concrétiser les promesses de financement et accompagner la montée en puissance de la force conjointe.
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