La célébration du centenaire de la ville de Mopti, du 21 au 31 décembre, a été vivement critiquée par bon nombre de personnes pour son côté festif et les accusations de corruptions portées contre des organisateurs. En revanche la foire, qui y était associée, a été beaucoup appréciée.
La ville de Mopti, n’eut été l’insécurité liée à la présence des groupes djihadistes et aux conflits locaux qui déstabilisent la région tout entière, est connue pour être une ville attractive : elle accueillait des touristes venant de partout. Les vendeurs d’objets d’arts, les guides touristiques, les hôteliers et les restaurateurs, qui avaient la nostalgie de cet âge d’or, se sont frottés les mains au cours de cette foire qui a commémoré les cents ans de Mopti.
Bonnes affaires
Certes, la commémoration a redonné une ambiance à la ville. Mais elle a aussi permis de faire la publicité des produits et artistes locaux, de créer des liens entre les opérateurs économiques et, par ricochet, rehausser l’économie locale pendant quelques jours.
Certains artisans de la région disent avoir fait de bonnes affaires au cours de cette foire comparativement à d’autres de renommée internationale. « La foire a été bonne car beaucoup de nos produits locaux ont été vendus, s’exclame Boubacar Fofana, le président de la Chambre de métiers de Mopti. Ça nous a rappelé un peu l’époque des touristes où les produits étaient exposés, appréciés à leur juste valeur et achetés. Cela prouve que même sans les touristes nous pouvons faire de bonnes affaires. »
On peut dire que cette foire fut l’une des plus belles réussites de l’année 2019 pour ces artisans, qui peinaient à vivre de leur labeur malgré les merveilles qu’ils font. « Nous avons fait plus de bénéfices dans cette foire que lors du dernier Salon international de l’artisanat du Mali», confie Souleymane Diabaté, le président de la Coordination régionale des artisans de Mopti.
L’organisation a aussi été apprécié par les exposants car la sécurité, aspect le plus redouté, était au rendez-vous. Les policiers étaient présents à toutes les entrées et sorties.
Facteur de liaison
Si certains en ont profité pour exposer les produits et faire de bonnes affaires, d’autres ont fait de la foire une tribune pour créer de nouveaux réseaux. C’est le cas de Adama Dabo, représentant de l’entreprise Toguna agro-industrie. « Nous avons beaucoup apprécié, dit-il, pas seulement sur le plan du business mais sur celui de la visibilité. Cette foire nous a permis d’expliquer l’utilité de nos différents produits, qui ne sont pas connus par le grand public. Ça a été aussi un lieu où nous avons pu créer un réseau entre commerçants, qui s’étendra sûrement au-delà de la région ».
Le directeur régional de l’artisanat, Moussa Diarra, a accueilli l’initiative avec beaucoup de joie. Les foires doivent être nombreuses : deux ou trois fois dans l’année en vue de préparer les artisans locaux avant le Salon international de l’artisanat du Mali (SIAMA), qui est un lieu d’innovation et de créativité demandant beaucoup de moyens.
Foires en projet
Les organisateurs se réjouissent de la tenue de cette foire et projettent d’en organiser d’autres, courant 2020, pour maintenir la ville éveillée. « Si la foire n’existait pas, il aurait fallu la créer car elle a profité à tous. Même les vendeurs d’eau et d’arachide y ont trouvé leur compte », affirme Issa Kansaye, maire de la commune urbaine de Mopti, qui a remercié les commerçants ayant accompagné les dix jours de la foire.
Mais la foire n’a pas fait que des heureux. Certains artisans ont trouvé que les stands étaient trop chers et disent avoir été mis à l’écart lors de la visite des officiels. Certains vendeurs ont aussi déploré l’absence d’eau potable sur le site et la courte durée de la foire. Ils proposent de corriger ces insuffisances pour les occasions futures.
Source: Benbere