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Focus : Du «geôle » au commandement !

L’une des grosses surprises de ce début de l’année 2018 est sans doute la promotion du Général de brigade Ibrahim Dahirou Dembélé au grade de Général de division. Cerise sur le gâteau : il est nommé inspecteur général des armées. Cette promotion-nomination est intervenue le même jour, le mercredi  dernier, lors du conseil des ministres.

Il y a quelques jours seulement, le Général Dembélé, ancien chef d’Etat-major général de l’armée sous la junte, était sur la liste des accusés, tous militaires, poursuivis dans l’affaire dite des bérets rouges. Dahirou en sa qualité de chef d’Etat-major général des armées au moment des faits aurait pu être un des acteurs clés du procès. Mais, le bienheureux, à la surprise générale, a bénéficié d’une mesure exceptionnelle de la levée du contrôle judiciaire qui le concernait. En espace de quelques jours, le « bagnard » en liberté, retenu dans les mailles de la justice, est devenu un héros qui se voit propulser, à nouveau, au sommet de la hiérarchie militaire. Qu’est-ce qui peut expliquer cette soudaine résurrection de cet officier ? Deux explications essentielles sont avancées dans les milieux sécuritaires et politiques de la capitale.

Première explication : Dahirou Dembélé est un militaire aux qualités reconnues. Il est un des rares spécialistes dans le combat motorisé, dit-on. A son actif, l’on cite plusieurs actes de bravoure, notamment au Nord, où il a longtemps dirigé des unités combattantes.

A l’arrestation des Sanogo, le Général Dembélé n’a pas été embastillé, contrairement aux autres inculpés. Il semble qu’une partie de la troupe s’était érigée en rempart solide pour lui éviter la prison.

Malgré tout, Dahirou avait du mal à digérer son inculpation. Il ne s’en cachait pas. Ces derniers temps, il ne ratait aucune occasion pour se faire entendre en dénonçant ce qu’il considérait comme une injustice : son inculpation. Dans ses moments de colère, Dahirou n’est pas homme à porter des gants. Ainsi, selon des témoignages, l’ire de l’officier s’est exprimée mainte fois contre le régime en place. Et pour cause…

Au même moment, son épouse prenait la tête d’un mouvement de contestation des femmes des détenus inculpés dans l’affaire des bérets rouges, dont le procès se fait attendre. Celles-ci exigent tout simplement l’élargissement de leurs époux.

À l’évidence, le régime ne souhaitait point avoir trop longtemps sur le dos deux poids : un Général (colérique) qui garde encore des appuis dans les garnisons et un groupe de femmes déterminées. Il fallait donc agir vite. Comment ? Traiter le « cas Dahirou », indépendamment des autres.

Deuxième explication : la démission du Général Moussa Sinko Coulibaly des rangs de l’armée et surtout son entrée fracassante dans l’arène politique, sont devenues une grosse source d’inquiétude pour le régime. Ancien membre de la junte, Moussa Sinko pourrait rassembler autour de lui une frange de l’armée et de familles de militaires qui ont ardemment soutenu IBK, sous l’impulsion de la junte de Kati, lors de la présidentielle de 2013.

Aujourd’hui, ces « soutiens en treillis » sont déçus et ils ne s’en cachent pas. Comment endiguer cette « fronde » et, au-delà, contrecarrer dans les camps d’éventuels ralliements  à Moussa Sinko ? Le pouvoir compte sur le concours du  général Ibrahim Dahirou Dembélé.

En vérité, la promotion du général Dembélé est le résultat d’un savant calcul dont les initiateurs espèrent en tirer d’énormes bénéfices, au moment où IBK et son régime sont acculés.

Au finish, les stratèges du régime cherchent à briser les liens entre Dahirou et ses co-accusés de la bande à Sanogo. En outre, qui mieux que le Général Dembélé pourrait s’ériger en sentinelle face aux sympathisants (troupes ?) de Sinko ? Voilà, tout le calcul !

C H Sylla

 

Source: L’ Aube

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