La fistule obstétricale est un problème mondial, mais elle est surtout commune en Afrique. C’est l’une des lésions les plus graves et les plus dangereuses qui survient lors d’un accouchement. Elle provoque une fuite d’urine ou de matières fécales par le vagin et entraine à plus long terme des problèmes médicaux chroniques. Les femmes qui en souffrent sont souvent condamnées à la dépression, à l’isolement social et à une aggravation de la pauvreté.
Les causes sous-jacentes des fistules obstétricales sont la place marginale des femmes dans la société, la pauvreté et les difficultés d’accéder à des soins médicaux de qualité. Les mariages d’enfants constituent également un facteur de risque dans la survenue des fistules obstétricales. Selon le Dr Souaré, la fistule est une communication entre la vessie et le vagin ou entre le vagin et le rectum qui sont dus à de conséquences de l’accouchement. « Généralement, lorsque la femme est enceinte, il y a une certaine position selon laquelle l’enfant doit venir. S’il est mal positionné normalement c’est des indications de la césarienne. Mais lorsqu’on essaie de forcer l’accouchement, il y aura une pression de l’utérus sur la vessie, et cela peut couper temporairement la circulation à cette dernière. Cela cause donc une communication anormale entre la vessie et le vagin. On appelle ça, une fistule vessico-vaginal », a-t-il indiqué. Le Dr. Souaré de poursuivre que si ce n’est pas traité, les femmes qui sont confrontées à cette maladie vont vivre avec des urines qu’elles ne peuvent pas contrôler.
Pour le Docteur, il y a aussi ce qu’on appelle fistule recto-vaginal. La fistule recto-vaginal c’est selon lui, lorsque la pression est au niveau du rectum. « Lorsqu’il y a cette pression, et que la circulation est temporairement coupé il peut y avoir une communication entre le rectum et le vagin et dans ce cas, les femmes ne peuvent pas contrôler les selles qui viennent dans le vagin. Ce qui commencera à sentir et très généralement les gens de leur entourage pensent qu’elles n’ont pas d’hygiène et ce sont les enfants qui n’ont pas l’âge de 16ans qui sont confrontés à ce risque pour raison que la colonne vertébrale n’est pas mature ».
Il y a aussi, selon le Docteur, des femmes qui ont eu des mutilations génitales. A cet effet, l’Organisation Mondiale de la Santé a décrété le 25 mai comme journée internationale des femmes vivantes avec la Fistule Obstétricale. « Cette maladie est plus fréquente dans les pays en voie de développement, surtout dans le milieu rural par manque de moyens médicaux. Les femmes atteintes de cette maladie peuvent être soignées mais a moins qu’on les suive depuis le moment de l’accouchement et ceci se fait par les chirurgiens et le plutôt possible », a affirmé le Dr Souaré.
Aux yeux de la société, les femmes atteintes de fistule obstétricales souffrent d’un mal profond. Elles sont stigmatisés aux yeux de la société, notamment d’autres sont rejetées par leurs maris, d’où le cas d’une jeune Dame qui a préféré rester sous l’anonymat et voire même abandonnée par leurs famille comme Aïssatou qui nous parle de son cas. « J’ai été abandonnée par ma famille, car depuis le début de ma grossesse, le père avait refusé de s’assumer. Ce refus du père de mon enfant a créé un problème dans ma famille. Je n’ai pas eu de suivies médicales comme il le faut pendant ma grossesse et maintenant, je suis à l’hôpital Gabriel Touré mais dans des conditions déplorables », a témoignée la jeune Dame.
Selon notre témoin sous l’anonymat, elle a eu cette maladie au cours de son accouchement qui était très difficile après 3 heures passées dans les mains des sages-femmes. Elle ne savait pas que c’était la fistule. Mais elle pensait que c’était autre chose qui n’allait pas. Elle a ensuite demandé les matrones qui lui ont expliqué que d’est la fistule.
« Au début tout allait bien avec mon mari et il était même au petit soin mais du jour au lendemain il a changé de comportement en se plaignant d’abord de l’odeur qui se dégage en moi jusqu’au moment où il est parti de la maison en la laissant avec 3 enfants sans savoir comment j’allais prendre de soin de moi et des enfants. Depuis ce jour, je n’ai plus eu de ses nouvelles d’après ce que les gens disent il est allé s’installer avec une autre femme. Mais je ne connais pas où ils vivent et sa famille à couper les ponts avec moi. J’ai arrêté toutes mes activités à cause de mon état de santé. Je ne peux même plus sortir de la maison, c’est vraiment dur pour moi. Je vis grâce à l’aide que m’apporte ma famille et mes enfants sont tous à leur charge », nous explique la Dame qui a souhaité restée sous l’anonymat.
Les personnes vivantes avec les fistules obstétricales sont stigmatisées, abandonnées voire même détestées aux yeux de la société. Ce sont des personnes qui souffrent aux quotidiens voire pour toutes leurs vies et ont besoins d’aide de la part de tout un chacun.
Thérèse Kamaté, Stagiaire
Source : LE PAYS