Le président du Conseil national du patronat malien (CNPM), Mamadou Sinsy Coulibaly, a animé, lundi dernier, une conférence de presse sur la fiscalité dans notre pays. Il avait à ses côtés Serge Lepoultier, président du Conseil des investisseurs européens au Mali et Valérie Beilvert, vice-présidente chargée des relations extérieures au CNPM. Le patron des patrons a commencé ses propos par une série de doléances du secteur privé malien, qui se trouve confronté à quelques difficultés en matière de fiscalité. Selon Mamadou Sinsy Coulibaly, beaucoup d’entreprises maliennes se plaignent d’être soumises annuellement à des contrôles abusifs de la part de certains agents des impôts. Après avoir dénoncé ce qu’il considère comme un harcèlement, le conférencier, plaidera pour la réduction et la mutualisation des contrôles.
Le président du CNPM a également déploré le manque de transparence et le déséquilibre dans l’octroi des exonérations. Pour lui, cela ouvre la voie à la corruption, une tentation à laquelle certaines entreprises soucieuses de préserver ou d’avoir des exonérations ne pourront résister. «Nous voulons asseoir une vraie concurrence entre toutes les entreprises et que les textes soient faits de telle manière que les investisseurs qui vont venir et ceux qui sont déjà sur place ne se sentent pas lésés et ne se retrouvent pas à la merci de n’importe quel agent du service fiscal. Nous voulons que l’État veille à l’installation définitive de cette concurrence loyale», dira le conférencier, qui a estimé aussi que «les dossiers de contentieux fiscal durent trop» et qu’il faut prendre des mesures contre cela.
La baisse de l’Impôt sur le traitement de salaires (ITS), l’élargissement de l’assiette fiscale, la rupture des chaînes de déductibilité de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), le paiement des crédits d’impôts, ainsi que le respect des règles de droit communautaire sont, entre autres, doléances formulées par le président du CNPM. Concernant le droit fiscal, Mamadou Sinsy Coulibaly dira qu’il est souvent interprété à tort et à travers par les inspecteurs des impôts. «Il faut une législation fiscale transparente, digeste, à jour par rapport à celle des pays voisins», conclura le conférencier.
Quant au président du Conseil des investisseurs européens au Mali, il dira qu’il croit en l’existence d’un secteur informel délictuel, à côté du secteur formel qui évolue dans la légalité. En effet, cette économie, qu’il juge néfaste est entretenue par des gens qui font des milliards de chiffres d’affaires et ne payent, ni impôts ni droits de douane. Interrogé sur la nécessité de baisser l’ITS, Serge Lepoultier a indiqué que cette taxe bloque la création d’emplois et empêche l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.
La vice-présidente chargée des relations extérieures au CNPM abondera dans le même, en affirmant que l’ITS n’incite pas à bien payer les employés. «Vous pouvez mériter un salaire de 400.000 Fcfa ou 500.000 Fcfa, mais quand les employeurs font le calcul de ces salaires, ils les trouvent trop lourds. Du coup, ils vous payent à 300.000F cfa ou 350.000 Fcfa. C’est dissuasif. Ou on vous prend comme prestataire et vous vous retrouvez sans protections sociales. L’emploi ne pourra pas se développer dans un tel contexte fiscal», expliquera Valérie Beilvert. Pour l’élargissement de l’assiette fiscale, en revanche, les conférenciers sont unanimes que le foncier peut être une manne énorme pour l’État malien.
Lassana NASSOKO
Source : L’ESSOR