Plus de trois mois après le second coup de force, le gouvernement annonce la levée de l’assignation à résidence surveillée des ex-dignitaires de la Transition. L’ex-président Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar recouvrent ainsi leur » liberté » mais avec des » conditions « .
Le 29 juillet dernier, la Cour de Justice de la CEDEAO, saisie par Me Mamadou Ismaël Konaté, avait, dans une « communication de requête « , sommé l’Etat malien à s’expliquer, dans un délai de 30 jours, sur les motivations de la détention des ex-dignitaires de la Transition. C’est dans ce contexte que le gouvernement a annoncé, le 27 août dernier, la levée « des mesures de surveillance spéciales concernant Bah N’Daw et Moctar Ouane « .
Le gouvernement inscrit sa décision dans le cadre des » engagements pris avec la CEDEAO, la volonté des plus hautes autorités de contribuer à un apaisement du climat politique « . La libération fait suite à une » mission de bons offices du comité local de suivi de la Transition » et intervient à la veille d’une visite de Goodluck Jonathan, médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne, attendu à Bamako du 5 et 7 septembre.
» Etape importante et évolution positive «
Les deux personnalités ont, à en croire le communiqué du gouvernement et celui du Comité local de suivi de la Transition, » pris des engagements « . Lesquels constituent, sans doute, » des conditions » à la levée des restrictions. L’ancien président et son Premier ministre doivent « faire preuve d’esprit de responsabilité, d’attachement à l’intérêt national, au respect de la loi et s’abstenir de toute action pouvant impacter négativement le bon déroulement de la Transition « .
Leur relâchement, ayant été effectif, le 28 août dernier, a été constaté, hier dimanche, par le Comité local de suivi de la Transition au Mali, qui s’est félicité de » la levée des restrictions et des dispositions prises par le gouvernement d’assurer à ces personnalités le bénéfice des droits attachés à leur statut d’anciens Chef d’Etat et Premier ministre« .
Ce comité confirme aussi la libération du Colonel-Major, Daouda Sogoba et du Général Souleymane Doucouré, respectivement Chef d’Etat-major particulier de Bah N’Daw et ancien ministre la Défense. Il se réjouit de » cette étape importante et évolution positive « . La Commission Nationale de Droits de l’Homme (CNDH), à travers son président, Aguibou Bouaré, a aussi salué la fin de cette » détention arbitraire » et recommandé la mise en liberté des autres » détenus sans fondement légal « .
Moctar Ouane réagit
» C’est avec soulagement que j’ai accueilli l’annonce, cet après-midi, de la levée par le Gouvernement des mesures restrictives qui nous avaient été imposées au Président Bah Ndaw et à moi-même, depuis le 28 mai 2021 « , a posté, le 27 août, Moctar Ouane, se réjouissant du privilège d’avoir servi son pays du 26 septembre 2020 au 24 mai 2021.
» Je me réjouis de recouvrer un droit essentiel consacré dans notre Constitution, celui d’aller et de venir « , renchérit-il, remerciant du » fond du cœur les Chefs d’Etat de la CEDEAO, le président de la Commission de l’Union Africaine et le Secrétaire général des Nations Unies et leurs représentants à Bamako, regroupés au sein du Comité local de suivi de la Transition (CLST) « . L’ex-Premier ministre estime que » l’engagement et l’expérience de la sss dudit comité ont abouti au dénouement d’une situation difficile « .
» Aujourd’hui plus que jamais, nous avons l’ardente obligation d’œuvrer à maintenir notre vaisseau amiral, le Mali, hors des flots hostiles « , affirme-t-il, en rappelant « la nécessité du rassemblement des filles et fils du Mali « .
Bah N’Daw et Moctar Ouane avaient été, pour rappel, « mis hors de leurs prérogatives « , le 24 mai dernier, à la suite de la mise en place d’un nouveau gouvernement, écartant deux membres l’ex-junte militaire. Dans la foulée, le Colonel Assimi Goïta, l’ancien Vice-président de la Transition, a été déclaré, le 28 mai, président de la Transition par la Cour constitutionnelle, avant de prêter serment, le 7 juin, devant la Cour suprême.
Moussa Sayon CAMARA
Source: l’Indépendant