Dans une lettre publiée le 19 avril dernier, le coordinateur général a décidé de s’adresser aux Ambassadeurs, Représentants diplomatiques des organisations et aux institutions internationales accréditées au Mali. S’y ajoutent les Partenaires au Développement du Mali, les Partenaires Techniques et Financiers du pays. Le responsable et ses soutiens Invitent les diplomates et les partenaires « à ne plus reconnaître les militaires au pouvoir au Mali pour faute de légitimité depuis le 26 mars 2024, date marquant définitivement la fin de la transition au Mali ». Cheick Mohamed Cherif estime que le pays attend impatiemment « le retour à l’ordre constitutionnel depuis le putsch et le coup d’Etat perpétrés contre feu Ibrahim Boubacar KEITA, le président de la république démocratiquement élu, par cinq colonels de l’armée malienne sous la conduite du Colonel Assimi GOITA, ex-chef de la force spéciale anti-terroriste ». Visiblement prêt à en découdre, le coriace opposant du jour a été clair aux diplomates : « Pour avoir, à dessein refuser de poser le moindre acte tendant à l’organisation des élections, les militaires désormais aux commandes du pays, remettaient unilatéralement en cause les 18 mois initialement prévus pour la transition, pour la prolonger d’autorité de 24 mois sans la moindre pression ». A l’expiration de ce deuxième délai, poursuit-il, les colonels en armes au pouvoir sans partage, viennent de se dresser contre l’option démocratique prise par le peuple malien et la forme républicaine de l’Etat. Ils opposent, à ses dires, un refus systématique à considérer la charte révisée de la transition et le décret du 06 juin 2022 fixant la fin de la transition au Mali au 26 mars 2024. Depuis le 26 Mars 2024, va-t-il arguer, le mandat du président de la transition et du Conseil National de Transition, tous deux « organes anticonstitutionnels », a pris fin conformément à la charte révisée de la transition et au décret du 06 juin 2022.
Nonobstant ce vide juridique et institutionnel dénoncé par la déclaration commune de plusieurs partis politiques, regroupements politiques et les organisations de la société civile, a-t-il déploré, les autorités militaires de fait, dont le bilan n’a été que la misère générale et un climat de terreur, continuent d’agir au nom de l’Etat malien sans titre ni droit. Et de préciser que les requêtes en constatation du vide juridique et institutionnel, déposées depuis le 28 mars, restent toujours en souffrance devant la cour constitutionnelle du Mali, alors que lesdites requêtes portent sur des questions classées au titre des cas d’urgence. « Les colonels en armes, faisant de la prolongation de la transition une question d’honneur » auraient fait peur pour l’aboutissement desdites requêtes devant des juges constitutionnels dont la sécurité et l’indépendance ne seraient plus suffisamment garanties, regrette-t-on. En réaction aux contestations et protestations, les mêmes autorités de fait, « installées dans la négation des libertés publiques » ont pris, le 11 avril 2024, un décret « anti-constitutionnel » portant suspension, jusqu’à nouvel ordre, les activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations.
« Le 17 avril, le même faux conseil des ministres se réunissait spécialement avec comme seul point à l’ordre du jour, la dissolution de la Coordination des Organisations de l’Appel du 20 Février 2023 pour sauver le Mali, un mouvement démocratique citoyen considéré comme l’aile dure de la résistance au pouvoir de fait », lit-on dans cette lettre. Les partis signataires de la déclaration commune du 31 mars 2024 ont rejeté cette décision de dissolution considérée par l’Appel comme un non évènement pour avoir été prise par des autorités de fait dont le mandat a pris fin depuis le 26 mars 2024. L’Appel du 20 février, en désobéissance civile depuis le 27 mars, poursuit ses activités, passant outre toutes décisions illégales des autorités de fait qu’elle ne reconnaît plus. Il n’entend pas céder à la menace et à l’intimidation, ajoute-t-on. D’où cette précision : « Face à cette situation inacceptable, génératrice d’une crise encore plus complexe, il est urgent que la communauté internationale prenne ses responsabilités et cesse de légitimer un pouvoir illégitime et préjudiciable pour l’avenir du Mali ». « Les autorités militaires de fait n’étant plus habilitées à représenter l’Etat du Mali depuis le 27mars 2024, la Coordination des Organisations de l’Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali, vous (ambassades et partenaires) invite très respectueusement, de ne plus les reconnaître et de vous y démarquer, en application des conventions internationales qui lient le Mali ».
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS