Il a fallu une forte mobilisation d’agents spéciaux de la Sécurité d’Etat pour arrêter Mohamed Ali Ag Wadoussène qui s’apprêtait à commettre des attaques terroristes dans la capitale. L’opération qui a débuté mardi à 19 heures a pris fin à 3 heures par son arrestation et celle de deux autres personnes dont le propriétaire de l’appartement dans lequel l’évadé s’était refugié avec sa copine, une ancienne miss de Kidal malheureusement tuée dans les échanges de tirs par une grenade.
En cavale depuis le lundi 16 juin dernier, ce après son évasion de la Maison centrale d’arrêt de Bamako, Mohamed Ali Ag Wadoussène vient d’être cueilli par les forces spéciales de la Sécurité d’Etat appuyées à la dernière minute par la gendarmerie. Pour réussir son arrestation, toutes les pistes possibles ont été explorées sans succès. De forts soupçons pesaient sur des membres de sa communauté et surtout ses camarades de promotion de la garde nationale. Mais, selon nos sources, c’est grâce à ses communications avec un autre prisonnier qui il a été repéré par les services de renseignement.
En réalité, Mohamed Ali Ag Wadoussène joue d’une grande complicité qui lui a permis de narguer pendant tout ce temps les hommes qui étaient à ses trousses. Il avait été vu dans plusieurs endroits de la capitale, souvent en compagnie d’une de ses copines qui fut miss de la Kidal Dijana Wallet Farwa. Mieux, Ag Wadoussène savait pertinemment qu’il était suivi, il voulait avoir la protection de certains de ses camarades de la promotion afin de quitter Bamako. De ce fait, de l’argent a été mis à jeu et des contacts ont été établis sans parvenir avoir leur caution.
Le film de son arrestation
Pour cette opération, il faut dire que nos services de renseignement ont joué un rôle prépondérant. Car, le fugitif, qui s’était la tête et la barbe, voulait tenter de faire des opérations devant brouiller les pistes mais ses répondants n’ont pas été habiles. En tout état de cause, explique un proche du dossier, son intention n’était pas de quitter la capitale, mais de détourner l’attention de nos autorités. Les services de renseignement ont retrouvé ses traces grâce à sa copine connue d’eux. Avec le numéro de cette dernière, ils ont pu localiser le fugitif à qui une dame et un oncle identifié comme le frère de sa mère ont envoyé de l’argent depuis Ouagadougou au Burkina Faso. Grâce à la surveillance avec des équipements de pointe mis à disposition par la Force Serval, Ali a été d’abord situé à Sébénikoro ( son complice Soumi l’a amené dans ce quartier) 72 heures avant son arrestation. Le jour J, il a été repéré jusqu’à l’immeuble Badjélika où il est arrivé sur une moto alors que sa copine est venue en taxi. Les lieux ont été cernés à partir de 19 heures et le siège a duré jusqu’à 3 heures du matin. C’est vers 1 heure que l’assaut a été donné et le terroriste s’est barricadé dans la chambre avec sa copine. Il s’en suivit un échange de tirs qui a été fatal à la copine. Entre temps, deux personnes ont été arrêtées dont le propriétaire de l’appartement.
La résistance dont il a fait montre lors de son arrestation à l’immeuble ABK est un signe qui ne trompe pas et l’on se demande où il a pu se procurer autant d’armement en un laps de temps. Ce qui doit amener nos forces à redoubler de vigilance et se préparer en conséquence au pire. L’arrestation mouvementée de l’homme (soit plus de 30 minutes) d’échange de tirs est la preuve qu’on avait affaire à un vari terroriste. Pour l’heure, les enquêtes n’ont pas pu déterminer les véritables complicités,.
Des interrogations
Ce qui a rendu compliqué son arrestation est le manque de coordination entre les différentes composantes de la sécurité. Il y a comme une sorte de climat de suspicion qui existe au sein des acteurs chargés de mener les opérations. Dans pareille circonstance, il fallait d’abord dresser le portrait robot de l’évadé. Dans un premier temps, l’identité d’Ag Wadoussène a été mal présentée. Idem pour sa carte d’identité qui a été établie à Kadiolo alors qu’il était en prison.
Aussi, il a fallait 24 h pour donner le profil de Mohamed Ali Wadoussène par la direction de l’information et des relations publiques des armées. Par la suite, il a été découvert plusieurs lettres envoyées à l’administration pénitentiaire par le régisseur sans réponse.
En outre, le régisseur avait fait cas de la menace qui plane sur la prison et le manque de moyen de ses agents. A l’époque, la nature des prisonniers devait guider les plus hautes autorités à donner suite à sa requête. Aussi, les conditions dans lesquelles il a été transféré de la Sécurité d’Etat à la Maison centrale d’arrêt restent à élucider.
En tout cas, les révélations faites après l’évasion montrent qu’il avait une menace et que tout le monde était au courant. L’arrestation de ce terroriste n’a pas fini de livrer tous ces secrets. Nous y reviendrons demain.
Mohamed Ali Wadoussène est impliqué dans l’enlèvement de deux Français, Serge Lazarevic et Philippe Verdon, en novembre 2011 à Hombori. Le rapt avait ensuite été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Philippe Verdon est mort en 2013, probablement exécuté par Aqmi. Serge Lazarevic est lui le dernier otage français au Sahel. A. M. C.
M. C