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Filière lait : Face au défi de la transformation locale

L’amélioration génétique des races locales, la multiplication des centres et points de collecte de lait, le développement de l’apport du secteur à l’économie nationale sont, entre autres, initiatives qui pourraient permettre à notre pays d’y trouver une solution

 

Le Mali est le premier producteur de cheptel de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et deuxième de la Communauté économique des État de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après le Nigeria.

Pourtant, différentes marques et types de laits dont des yaourts importés d’Afrique et d’ailleurs inondent nos marchés, boutiques et alimentations. Ces importations coûtent plus de 20 milliards de Fcfa à l’État malien chaque année. Le yaourt est pourtant le produit industriel le plus facile à fabriquer. Qu’est-ce qui explique cette dépendance malgré l’énorme potentialité dont notre pays dispose ? Comment relever le défi de la transformation du lait local ?

La politique nationale laitière vise à réduire les importations de lait et produits laitiers. Cela en accroissant de 13 à 40 litres par personne et par an la consommation nationale de lait, en développant les petites exploitations laitières et en améliorant la productivité des systèmes d’élevage (extensif traditionnel, traditionnel amélioré et semi-intensif), explique le chef de la division filières des productions animales (DFPA), l’ingénieur Lassina Diallo, spécialiste en zootechnie.

Pour atteindre ces objectifs, l’insémination artificielle est en cours de vulgarisation dans les villes et capitales régionales. Des femelles de races locales sont inséminées à partir des semences de races exotiques laitières confirmées. Il a été constaté des performances individuelles de 15 à 20 litres/jour, au pic de la lactation, dans les élevages semi-intensifs, révèle Lassina Diallo.

Dans la zone périurbaine de Bamako, certains éleveurs produisent aujourd’hui 100 à 500 litres de lait par jour avec une durée de lactation allant de huit à dix mois avec des dizaines de femelles croisées (ou métisses), révèle l’ingénieur en zootechnie. Le rapport annuel 2019 de la direction nationale des productions et des industries animales (DNPIA) estime à plus de 2,2 millions de tonnes la production potentielle nationale de lait, constituée en grande partie de lait de bovin, précise-t-il.

Malgré ces progrès, des difficultés persistantes freinent les ambitions en matière de transformation du lait local. L’offre est insuffisante, puis saisonnière. Le secteur est concurrencé par des importations subventionnées.

Au problème d’organisation du processus de collecte de lait au plan national, s’ajoute le faible accès des éleveurs et investisseurs aux technologies/innovations/équipements adaptés, diagnostique le coordinateur de la Fédération nationale des producteurs de lait (Fenalait).

Pour Adama Dembélé, l’accompagnement en appui-conseil technique des investisseurs en matière de valorisation/transformation/conditionnement des produits fait également défaut. «L’élevage extensif traditionnel à faible productivité prédomine. Le coût des intrants, du transport et de l’énergie reste élevé. Les acteurs peinent à obtenir des financements adaptés», schématise-t-il.

SOLUTIONS- Pour y faire face, le salut peut venir de l’amélioration génétique des races locales (insémination, croisement), pense la coordinatrice du Projet de développement et de valorisation du lait local au Mali (Prodevalait). Astou Coulibaly prône le développement des circuits de collecte et de distribution en réalisant des centres et points de collecte de lait, en dotant la filière d’équipements adaptés, etc.

Elle préconise également la diversification des produits laitiers en implantant des usines de transformation du lait local. Proposant de décourager l’importation en augmentant le Tarif extérieur commun (TEC, une taxe perçue au niveau du cordon douanier) qui est de 5%, elle suggère de sensibiliser les populations afin de les amener à privilégier la production locale.

Le coordinateur de la Fenalait, Adama Dembélé, propose d’organiser et de structurer les acteurs de la chaîne de valeur du lait local afin d’assurer l’approvisionnement régulier des unités et des centres de transformation en lait local. Dans ce domaine, des initiatives ont été prisées telles que la création des coopératives d’éleveurs producteurs de lait installés dans les bassins laitiers répertoriés à travers le pays.

Elles produisent, collectent, pasteurisent et conditionnent leur production, avant de les distribuer à travers des points de vente du lait local, croit savoir Adama Dembélé. Des collecteurs individuels chauffent le lait comme les coopératives et le vendent au bout des rues, ajoute-t-il. Mais les grandes industries maliennes sont plus dirigées sur la reconstitution du lait en poudre. Une seule d’entre elles prend une infime partie du lait local, déplore Adama Dembélé.

Il urge alors de changer de paradigme en concentrant les efforts sur la transformation de la production nationale. Afin, selon ces acteurs œuvrant pour la promotion du lai local, de booster l’apport du secteur à l’économie nationale. Le secteur de l’élevage (bétail, viande, lait, cuirs et peaux, fumier, force de traction, etc.) contribue à près de 19% au Produit intérieur brut (PIB) national.

La part de la filière bétail/viande est estimée à 50%, contre 21% pour la filière lait. En 2020, les centres de collecte de lait ont produit 9.096 tonnes, soit 9.368.880 litres de lait pour une valeur marchande estimée à 4,684 milliards de Fcfa, selon des statistiques du Prodevalait.

Yacouba TRAORÉ

Source : L’ESSOR

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