Si à une semaine de l’Aïd-El-Kébir, les commerçants de moutons déplorent la morosité des affaires, les marchandes de fourrages se frottent les mains. Elles réalisent des gains journaliers pouvant atteindre 15.000 Fcfa
Installées aux abords des voies publiques, autour des ronds-points de la capitale et sa périphérie, parcourant à pied les quartiers à la recherche de clients, des femmes et jeunes filles s’adonnent à cette activité afin de pouvoir surmonter les conséquences liées à la maladie de la Covid-19. Kati comme dans d’autres secteurs des rives gauche et droite du fleuve Niger à Bamako, ces braves dames se consacrent en ce moment à la vente d’aliments bétail : feuilles de plantes et de l’herbe, très prisées par les ovins.
Mariam Fomba, une adolescente de 16 ans, en a fait sa principale activité en cette veille de fête. «Je vends des feuilles d’arbres sauvages pour aider financièrement ma famille et pouvoir assurer mes propres dépenses pour la fête», explique-t-elle.
Si l’activité demande beaucoup d’efforts, l’adolescente ne se plaint pas, loin s’en faut. «Je passe la journée à sillonner les rues et ruelles de plusieurs quartiers à la recherche de clients potentiels. Mais au bout du compte, l’effort est toujours récompensé, car chaque jour, je réalise au moins 2.500 Fcfa de bénéfice», révèle Mariam sourire aux lèvres. Elève en classe de 10e année secondaire, Aminata Doumbia s’est muée en vendeuse à la sauvette à la demande de sa maman, en attendant la reprise des cours et pour éviter l’oisiveté.
Rappelons que depuis l’apparition de la Covid-19 dans notre pays, les autorités ont décidé de la fermeture des classes dans le cadre des mesures visant à rompre la chaîne de contamination de la maladie. Cette période est alors mise à profit par des écolières. «Je m’étais d’abord consacrée à la vente d’eau en sachet qui n’a pas marché comme je le souhaitais.
Ma mère m’a suggérée la vente d’aliments bétail à l’approche de la fête», explique l’élève. Cette stratégie a bien fonctionné, les chefs de famille étant obligés d’acheter de la nourriture pour les moutons de fête. Elle a alors choisi d’exposer ses tas d’herbes et de fourrages au niveau du rond-point de la mairie de Kati. Le prix des amas qui s’arrachent comme de petits pains, varie entre 100 et 1.000 Fcfa, en fonction du volume et de la variété.
Comme l’élève Aminata Doumbia, la cinquantenaire Awa Dembélé assure que l’activité rapporte gros en cette veille de fête.
«Je vais moi-même chercher les feuilles en brousse. Je me lève tous les jours à 5 heures du matin, accompagnée d’autres femmes pour aller couper les feuilles», a confié Awa dont la recette journalière peut atteindre 15.000 Fcfa.
Bien inspirée, Awa Dembélé s’est installée à proximité des vendeurs de montons au niveau du Camp Soundiata Kéita de Kati. Chaque jour, elle fait deux tours en brousse pour cueillir des feuilles d’arbres et venir vendre sa marchandise.
Au Marché à bétail de l’Hippodrome, en Commune I, Adam Diallo fait partie des nombreuses commerçantes qui vendent plusieurs variétés de feuilles de végétaux. Les feuilles fraîches attirent plus la clientèle que les feuilles sèches. Malgré tout, elle dit s’en sortir avec un gain quotidien d’environ 10.000 Fcfa.
Toutefois, déplore Adam Diallo, il y a moins d’affluence cette année comparée aux autres. Les vendeurs de montons se plaignent de l’absence de clients et de difficultés financières liées à la crise sanitaire. Cette situation constitue, selon elle, un manque à gagner pour les vendeuses d’aliments bétail, mais aussi les commerçants de mouton.
Anne-Marie KEITA
Source : L’ESSOR