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Fermeture des classes : Il n’y a pire insécurité que des enfants privés de leur droit à l’éducation !

La crise éducative au Mali dépasse les entendements et donne à craindre le pire. Les enfants en manque d’éducation peuvent constituer pour le Mali une insécurité plus grave que celle qu’on connait actuellement. Le gouvernement et les syndicats ont intérêt à se trouver un terrain d’entente pour la survie du Mali.

L’année scolaire tant vers sa fin. Les élèves n’ont pratiquement rien eu comme cours. Cela, à cause d’un bras de fer intempestif entre les syndicats des Enseignants et le gouvernement. Depuis au mois de décembre voire depuis octobre, les salles de classe se trouvent quasiment vides parce que les syndicats signataires du 15 octobre 2016 ne trouvent pas de terrain d’entente avec le gouvernement. Avec trois points d’achoppement, les enseignants refusent de reprendre la craie et exigent une satisfaction complète de leurs doléances au nombre de dix. Ce serrement de ton serait dû, à entendre les syndicats, à un manque de confiance aux gouvernants qui a l’habitude de leur promettre et ensuite les laisser aller se  promener.

Les arguments n’en manquent pas également du côté du gouvernement qui laisse comprendre le nombre trop élevé des enseignants, la crainte de voir d’autres corporations demander les mêmes choses que les enseignants une fois qu’il cédera devant les revendications des enseignants. Mieux, il avance qu’il fait face à d’autres urgences actuellement qui ne sont autre que la gestion de la crise sécuritaire.  Se justifiant ainsi le gouvernement oublie que la pire forme d’insécurité constitue le fait de priver les enfants de leur droit à l’éducation. Mais nous avons l’impression qu’au Mali le visible semble primer sur l’invisible. Les attaques terroristes récurrentes constituent la face visible de l’iceberg nous faisant oublier que des êtres sans une bonne éducation constituent la face invisible et pire que la partie visible.

L’école constitue une forme d’abri pour les enfants contre maints dangers notamment le risque de radicalisation, de  la fratricide, de l’immigration, du vol à main armée. Bref, de tous les vices pouvant entacher l’honneur et la dignité de la société. C’est la raison pour laquelle, un pays en état d’insécurité doit tout mettre en œuvre afin d’assurer à ses enfants une éducation de bonne qualité si réellement il souhaite apporter une solution durable à sa situation.  Qui n’est pas au courant de la situation éducative au centre et au nord du Mali depuis l’avènement des crises dans ces zones ? L’espoir de moult enfants de ces localités constituait la capitale, Bamako, où les autres zones non confrontées à ces crises.

De nos jours, tous ces enfants viennent malheureusement agrandir le rang des chômeurs sous l’ombre des grands arbres où ils tenteront de préparer leur riposte contre l’État parce que se diront être trahis par leur patrie. Dans le désespoir, dans l’esprit de vengeance naît le pire. Ils n’hésiteront nullement à rejoindre les rangs des groupes armés. Ainsi, le banditisme notamment juvénile ira crescendo. Le Mali fera alors face aux « microbes » qui tueront avec rage, tireront sur tout ce qui bouge.

Pour l’intérêt de toute la nation, il importe à toutes les parties en conflit de trouver un terrain d’entente. On ne peut pas vaincre l’insécurité tant qu’on n’assure pas une bonne éducation à nos enfants. La paix, elle se construit dans le cœur des hommes. Pour que cela puisse se faire, il faut bien former l’homme afin de le permettre de réfléchir efficacement et de façon indépendante. Le gouvernement malien a intérêt à signer avec les enseignants un accord pour la paix et la réconciliation nationale issu de Bamako et se donner un ultimatum pour son application. C’est une condition sine qua non pour sauver l’avenir du Mali. Les ONG et organisations de défense des droits des enfants doivent travailler dans ce sens à l’apaisement du climat éducatif pour permettre la réouverture des classes.

Cette crise doit néanmoins inviter tous les acteurs de l’éducation à approfondir les réflexions sur les problèmes réels de ce secteur. Nos modèles sont vieux et méritent des réformes. Les acteurs doivent y songer pour le salut du Mali.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays

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