Une dernière étude menée par la FAO sur la situation alimentaire au Soudan du Sud, a révélé une dégradation de la sécurité alimentaire dans ce pays, en raison du conflit qui a éclaté depuis décembre 2013 ayant entrainé un déplacement des populations, une destruction des marchés d’approvisionnement et des moyens d’existence à un niveau inquiétant.
Selon cette étude, la situation risque d’empirer dans la seconde moitié de l’année 2014 avec des risques de famine, rapporte une dépêche publiée par la FAO aujourd’hui (lundi Pana 13/05/2014) dans la capitale italienne, Rome.
Un tiers de la population Sud-soudanaise serait en train d’expérimenter des situations d’urgence d’insécurité alimentaire avec certaines parties du pays qui seraient en risque de famine dans les mois à venir.
Ces mises en garde sont basées sur les conclusions de la FAO à partir de ’sa méthodologie élaborée pour un cadre intégré de classification de la phase humanitaire et de la sécurité alimentaire ’(IPC) effectuée aux mois d’avril et de mai au Soudan du Sud.
À travers le processus du système intégré de classification par phase (IPC) conduit dans le plus jeune Etat au monde, des renseignements et des informations complexes sur l’alimentation et la nutrition dans le pays ont été recueillis et soumis à des analyses dans le but de pouvoir à la fin des études prendre des décisions fondées sur des preuves à l’appui.
Les conclusions de l’étude conduite dans le pays ont été élaborées sur la base d’un consensus technique entre une large coalition des parties prenantes parmi lesquelles on peut en citer, le gouvernement, la FAO, le programme alimentaire mondial (WFP), des agences onusiennes, des organisations non-gouvernementales, et des académies.
Le système intégré de classification par phase (IPC) est le baromètre standard au niveau mondial pour mesurer et évaluer les conditions de sécurité alimentaire dans les pays.
Dans son volet ’urgence pour la sécurité alimentaire’, l’étude menée dans le cadre du IPC au Soudan du Sud, a révélé une hausse du nombre de personnes en situation d’urgence humanitaire comme l’a indiqué la notation 4 sur 5 de l’IPC, particulièrement dans les Etats frappés par le conflit, à savoir les Etats de l’Unité, du Haut Nil, et l’Etat de Jonglei.
Pour faire face à la situation, selon l’étude, une assistance humanitaire est irréversible pour sauver des vies et les moyens d’existence des plus pauvres.
Les populations du Soudan du Sud n’ont jamais été confrontées auparavant à un tel niveau d’insécurité alimentaire avant l’éclatement du conflit en décembre 2013. Selon la FAO, 1,3 million de personnes dans le pays sur une population totale de 11,5 millions, seraient en train d’expérimenter des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire.
En plus de ces 1,3 million de personnes, 2,4 millions de Sud Soudanais sont en besoin d’urgence alimentaire pour survivre et sauver leurs moyens d’existence, indique la notation 3 sur 5 accordée à la phase de la ’crise de la sécurité alimentaire’ de l’IPC menée dans le pays. Ce qui veut dire que le tiers de la population sud soudanaise est confrontée présentement à des niveaux d’insécurité alimentaire sans précédent.
’Ces statistiques constituent un moyen technique pour montrer à la face du monde qu’il y a une faim à grande échelle qui prévaut dans le pays et une malnutrition croissante avec son cortège de maladies, de pertes de moyens de subsistance et de vies humaines’, a déclaré la directrice du Bureau de la FAO au Sud Soudan, Sue Lautze, par ailleurs coordinatrice adjointe humanitaire des Nations unies dans le pays.
’Même si c’est la crise la plus aiguë à avoir affecté le pays depuis 15 ans, l’étude de l’IPC n’a cependant pas conclu la présence de la famine dans le pays, si on se réfère à sa notation qui n’a pas dépassé la barre limite 5 ; autrement dit, la situation peut être gérée et contrôlée afin qu’elle ne se transforme pas en catastrophe humanitaire. Et pour cela, une assistance humanitaire et un arrêt sans tarder des hostilités constitueraient une très bonne chose’, a-t-elle ajouté.
A signaler que le nombre de personnes affectées par la crise humanitaire et le nombre de localités touchées continuent de connaitre une hausse.
Et si l’on se base sur l’IPC, la crise de la sécurité alimentaire est en train de se déplacer vers les Etats de l’Ouest qui ont été moins touchés depuis le début de l’année et cela risque de s’empirer à moins que les agriculteurs puissent cultiver leurs terres, les pêcheurs puissent avoir accès aux fleuves et aux zones de pêche, et que les éleveurs puissent déplacer leurs troupeaux vers les zones de pâturage.
Selon toujours les conclusions de l’IPC au Soudan du sud, les populations vivant dans les zones de conflit risquent de subir la famine dans les mois à venir si une assistance humanitaire d’urgence ne leur est pas apportée.
Pour parer à une telle éventualité, la FAO s’active sur le terrain en fournissant des méthodes de productionsviables telles que les cultures à cycle court et des outils agricoles, de pêche et des moyens pour sauver le bétail.
Afriscoop