Les accusations d’exactions contre les Forces de Défense et de Sécurité sont récurrentes dans les rapports des organisations de droits de l’homme et de la Minusma. Elles peuvent être une entrave aux opérations militaires en cours dans le pays.
Le conflit au Sahel se caractérise par de graves atteintes aux droits humains. Dans plusieurs rapports relatifs aux droits de l’homme, l’Armée malienne tout comme celles du Burkina Faso et du Niger, est régulièrement accusée de dérive notamment d’exécutions extrajudiciaires et d’arrestations fondées sur l’appartenance ethnique qui enveniment davantage la situation.
Ces facteurs créent un certaines méfiance et une peur vis-à-vis de l’armée régulière et ont tendance à décrédibiliser davantage l’armée malienne aux yeux des populations locales et de l’opinion internationale.
Le gouvernement du Mali et la hiérarchie militaire ont toujours rejeté ces accusations. Au regard de la gravité des charges, il faut plus que des mots ou des communiqués pour convaincre les auteurs de ces rapports. La véracité ou pas, des rapports doivent être mis en lumière et seules des preuves factuelles pourront éviter de semer le doute dans les esprits souvent. Ce sont des organisations de la société civile ou des populations civiles qui formulent des accusations contre les FAMa. Dans ce contexte d’insécurité et de guerre asymétrique, il n’est pas impossible de voir des groupes terroristes revêtus en treillis ou utiliser des véhicules militaires dérobés lors des attaques.
L’instrumentalisation des accusations
Les accusations d’exactions ne datent pas de maintenant. Souvent elles sont passées sous silence comme le cas de Bounty en janvier 2021. Dans un contexte de tensions diplomatiques entre le Mali et plusieurs de ses partenaires engagés dans la lutte contre le terrorisme. Pour certains, c’est un acharnement contre la transition malienne pour ses choix dits stratégiques, pour d’autres c’est un moyen de pression. Ces rapports ne doivent en aucun cas faire l’objet d’instruments géopolitiques. La protection des populations doit être au cœur des stratégies de part et d’autre car les populations civiles restent les principales victimes.
Les conclusions des promesses d’enquêtes sur les exactions présumées, ainsi que sur de nombreux autres abus présumés doivent être rendues publiques.
Des enquêtes sans suite qui fâchent
La Minusma a publié le mercredi dernier, sa note trimestrielle sur les violations des droits humains entre avril et juin. L’armée malienne est une fois de plus accusée d’avoir commis des bavures à Hombori dans le centre du pays, le 19 avril où une cinquantaine de personnes auraient été tuées. Cette nouvelle affaire rappelle celle de Moura où la Minusma, dans son rapport trimestriel, accuse l’Armée malienne d’exactions contre des civils. Au cours d’une opération de grande envergure menée par les forces armées maliennes entre le 23 et le 31 mars. La Minusma a été empêchée par les autorités maliennes d’aller enquêter sur place. Sur instruction du ministère de la Défense et des Anciens Combattants, des enquêtes ont été ouvertes par la gendarmerie nationale pour mener des investigations approfondies afin de faire toute la lumière sur ces allégations. Depuis lors, les conclusions ne font attendre comme toutes celles déjà ouvertes bien avant.
Le volet judiciaire figure dans la stratégie globale de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violence. Il faut davantage miser sur la prévention plutôt que les moyens militaires.
Bah Traoré, Dakar
(Chercheur, analyste politique)
Source : Mali Tribune