Après s’être brouillé avec son patron, le jeune homme a choisi le grand banditisme pour survivre. La police vient de lui couper l’herbe sous les pieds.
Cela peut prendre du temps certes, mais d’une manière ou d’une autre, un crime se paye toujours. Une réalité face à laquelle les populations de Kalabancoro se sont retrouvées, il y a quelques jours dans leur quartier, à la périphérie de Bamako.
C’est un criminel qui a froidement assassiné un commerçant de renom d’un des secteurs du quartier sus-cité. Après avoir commis son acte ignoble, l’assassin a disparu avec une somme colossale et le téléphone portable de sa victime. Malheureusement, pour lui, il n’aura pas le temps nécessaire de jouir de son butin. Il a été traqué et interpellé quelques jours plus tard par les hommes du commissaire principal Mamadou Mounkoro, en charge du commissariat de police de Kalabancoro-Koulouba.
Le chef de la brigade de recherches (BR), le capitaine de police Aboubacar Traoré a, sans hésiter, qualifié ce jeune homme de « vrai criminel ». Il semble que celui-ci s’est retrouvé à la tête d’un véritable réseau naissant. Mais, apparemment, avant que ce réseau de malfaiteurs ne soit entièrement constitué, il a préféré opérer en loup solitaire, histoire d’avoir à portée de main tout le butin gagné quelles que soient la quantité et la valeur de celui-ci.
Le jeune homme a été identifié comme un certain Mamadou Saye. Les enquêtes policières ont permis de comprendre qu’il était à sa toute première fois d’exécuter une telle opération. Mais après cet assassinat à la suite duquel il a été interpellé, il semble que le jeune Saye projetait de s’attaquer à d’autres victimes du même type que le commerçant. Et c’était dans un délai plus ou moins proche, comme cela nous a été dit par le chef BR Aboubacar Traoré. C’est d’ailleurs grâce à la détermination des hommes de ce dernier, que le bandit a été filé et interpellé pendant qu’il se la coulait douce avec l’argent qu’il a volé après avoir tiré sur le riche commerçant.
Les policiers de Kalanbancoro-Koulouba ont semble-t-il désamorcé une véritable bombe à retardement dont les conséquences pouvaient être désastreuses pour les populations, selon nos sources. C’est à son grand étonnement que ce bandit de grand chemin débutant a été mis hors d’état de nuire.
Le vol s’est déroulé dans la nuit du 3 au 4 décembre 2019, vers 1 ou 2 h du matin. Ismaël Kagoye (la victime), un riche commerçant de la place quitte sa boutique à moto pour rejoindre sa famille à Kalabancoro-Koulouba. Arrivé chez lui, il se mit à la porte du domicile pour que son épouse la lui ouvre, lorsqu’un coup de feu a retenti. Ismaël est mortellement atteint par les balles d’un fusil. C’était Mamadou Saye, le voleur qui venait de le tirer à bout portant. Ismaël Kagoye s’affala dans une mare de sang devant la porte de sa maison avant de rendre l’âme. Cette opération semblait minutieusement préparée, car de sources policières, il semble que l’assassin, connaissant bien les habitudes de sa victime, a fait un guet non loin de son domicile pour ensuite l’abattre de sang-froid.
Dans la foulée, le bandit a fait main basse sur un pactole estimé à environ 6.000.000 millions de Fcfa et le téléphone portable de sa victime. Mais il a pris le soin de ne pas toucher à sa moto. Après son forfait, il a disparu dans la nature pour mener une vie paisible avec son butin en poche. Lorsque la police a reçu les informations de cet assassinat, elle a ouvert une enquête en parallèle de celle de la brigade territoriale de la gendarmerie de la localité. Et pour cause. La famille du défunt a, par ignorance peut être, décidé d’apporter le corps du défunt à la morgue, sans contacter les autorités compétentes (policiers et gendarmes), sachant très bien que c’était un cas d’assassinat. Certainement qu’elle s’en était remise à la volonté divine. Mais les membres de la famille du défunt avaient oublié une chose: une fois qu’elles avaient l’information sur cette mort très suspecte, la police et/ou la gendarmerie a obligation de mener une enquête.
UN MENTEUR INVÉTÉRÉ AUSSI- C’est ce qui fut fait, et qui, par la suite, a permis d’interpeller le suspect. La cause. Lorsque la famille du défunt a amené le corps à la morgue, le médecin légiste avait exigé que les autorités en charge de la sécurité publique soient impliquées pour comprendre au moins ce qui a pu se passer. C’est comme cela que la police a mis les moyens nécessaires pour traquer le présumé qui sera identifié comme Mamadou Saye, un trentenaire, jeune apprenti soudeur. Plus tard, il s’est avéré que le jeune homme s’est procuré une nouvelle moto, à un moment où il chômait. Il semble qu’il s’était brouillé avec son patron à cause de sa conduite désastreuse au sein de l’atelier où il travaillait. Ainsi, le 27 décembre 2019, quelques semaines après les faits, alors qu’il ne se doutait de rien, les limiers ont fait une descente dans le magasin qui lui servait de dortoir au marché de Tièbani, dans la Commune rurale de Kalabancoro.
Le capitaine Aboubacar Traoré et ses hommes avaient déjà tous les renseignements nécessaires sur Mamadou Saye. Celui-ci a été coincé dans son lieu de résidence, puis interpellé et être conduit dans les locaux du commissariat. Interrogé, il a préféré mentir dans un premier temps. Parlant de la provenance de la moto qu’il s’était achetée après son « coup », il a expliqué aux policiers qu’il avait reçu de l’argent d’un frère du village pour acheter deux engins à deux roues dont une pour lui-même. Sous le feu roulant des questions des limiers, il a changé de version. C’est ainsi qu’il a soutenu avoir économisé de l’argent pendant deux ans pour s’acheter une moto.
Très versatile dans ses propos, il a ensuite dit qu’il a volé de l’argent dans une voiture garée quelque part. Le garçon ignorait qu’il avait affaire à des policiers teigneux et professionnels. Ces derniers ont, un à un, démonté tous ses arguments jusqu’à ce qu’il s’est retrouvé dans une impasse. Le bandit a finalement avoué: « En réalité, j’ai tué quelqu’un pour lui prendre son argent », a-t-il confié aux policiers au grand soulagement de ceux-ci. Puis, il a détaillé la façon dont il a dépensé la somme volée. Dans la foulée de ses aveux, l’assassin du commerçant a expliqué avoir connu sa victime par l’intermédiaire de son patron dans son atelier de soudure à Kalabanccoro Tiébani. Il aurait bien réfléchi et étudié sa future victime (financièrement parlant) avant de passer à l’acte lorsqu’il était congédié par son
patron.
De sources policières, nous avons appris que ce jeune homme avait d’autres projets du même genre visant la même catégorie de personnes que sa victime. Et il entendait les mettre à exécution avant le 31 décembre, la fête de fin d’année. Ses aveux ont été d’une importance capitale pour les limiers. Ces derniers ont mis la main sur tous ceux qui étaient impliqués de près ou de loin dans cette opération machiavélique du bandit. Au nombre de cinq, ils ont tous été renvoyés devant le parquet.
Tamba CAMARA
Source: Journal l’Essor-Mali