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Faits divers : LA FACE CACHÉE DE MÉDY

Il avait tout du fils de bonne famille. Tout le monde est tombé des nues en  apprenant sa double vie 

Faits divers

Les policiers les plus avertis vous le diront. Dans le monde du crime et de la délinquance, il ne faut jamais se fier à l’apparence d’un individu. Eux, les limiers,  qui ont pour mission de protéger les personnes et leurs biens savent de quoi ils parlent. Il y a ainsi de respectables grands-pères qui sont en réalité d’incorrigibles chevaux de retour ; des matrones tranquilles qui se spécialisent dans le chapardage à grande échelle ; et des adolescents qui sous leur allure d’enfants bien élevés cachent toute la malice de la terre. A l’inverse, de parfaits innocents se voient prêter les pires intentions à cause d’un physique peu sympathique ou des manières un peu trop brusques. Nos amis français appellent cela « le délit de sale gueule » et il a parfois valu des mésaventures désagréables à des personnes très ordinaires.

Notre histoire d’aujourd’hui ne s’intéresse pas aux faux-coupables. Mais à ces individus qui ont l’air trop honnêtes pour l’être réellement. A ces personnes qui lorsqu’elles sont démasquées provoquent les commentaires incrédules de leurs connaissances, de leurs voisins et même de leurs familles. « Ce sont des gens généralement calmes et à première vue inoffensifs. Mais lorsque votre chemin croise celui de ce genre d’individus, il faut faire extrêmement attention, car ils peuvent s’avérer très dangereux », nous a conseillé le chef BR Diarra du 6ème Arrondissement. En  nous faisant cette mise en garde, il avait à l’esprit une affaire qu’il avait eu à traiter et qui continue aujourd’hui encore à l’intriguer.

La personne qui était au centre des événements se présentait comme un jeune homme « sans problème ». Malheureusement, il avait une deuxième vie cachée à tous ses proches et il a fini brûlé par une foule en colère qui ne voulait lui donner aucune chance de survie. Lorsqu’il fut identifié, la stupeur fut générale dans son voisinage qui avait de lui l’image de quelqu’un de très respectable et qui n’aurait jamais dû connaître une fin aussi épouvantable. Comment les choses ont-elles abouti à ce drame ?

PARTI A L’AVENTURE. D’après notre interlocuteur dont les éléments sont arrivés trop tard sur les lieux de la mise à mort ce jour là, les faits se sont déroulés il y a quelques mois à Doumanzana, en Commune I du District de Bamako. A l’image de presque tous les quartiers de la périphérie, celui dans lequel notre fait du jour s’est produit jouit d’une triste réputation. Celle de ne pas faire de cadeaux aux voleurs, une fois que ceux-ci sont pris. « Généralement ici quand un voleur est capturé, il prie de tout son cœur pour l’arrivée rapide des policiers. Car il sait très bien que dans le cas contraire ses chances de survie sont pratiquement inexistantes », nous a-t-on appris au commissariat.

Revenons-en aux faits du jour. La victime principale (le voleur) est un jeune homme surnommé Médy. D’après nos sources, ses parents sont installés dans le quartier depuis plus d’une décennie. Ils y ont passé plusieurs années sans que leur fils ne soit avec eux à la maison. Le jeune homme était parti à l’aventure dans un pays de la sous-région, la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso. En réalité, ses parents ignoraient complètement où il se trouvait. Tout ce qu’ils savaient, ils l’avaient appris d’une de leurs connaissances qui de passage qui leur avait affirmé avoir vu l’exilé dans un de ces deux pays sans pouvoir être formel sur lequel c’était. Les parents de Médy (sa mère surtout) jouissaient d’une certaine notoriété dans le quartier. Ils étaient connus pour être des personnes très respectueuses des autres et elles-mêmes respectées de presque tout le voisinage.

Le couple coulait donc des jours paisibles à Doumanzana et un beau matin Médy surgit de nulle part pour faire littéralement irruption au milieu des siens. Toute la famille s’est réjouie tout naturellement de son retour à la maison après tant de temps passé hors du pays. Le jeune homme était bien obligé de donner des explications sur une aussi longue absence. Il le fit de manière très confuse, en mélangeant pêle-mêle les raisons qui l’avaient poussé à quitter le pays, les échecs qu’il avait essuyés et les tentatives de retour qu’il n’avait pas pu mener à bien.

TOUTE LA JOURNÉE À DORMIR. Il conclut en assurant qu’il était de retour définitivement et que son vœu le plus cher était de trouver un emploi pour aider ses parents à faire face aux difficultés du quotidien. Les vieux se réjouirent tout naturellement devant ces projets qui les comblaient et installèrent du mieux qu’ils purent l’arrivant. Ils présentèrent avec fierté leur fils au voisinage et lui laissèrent toute liberté pour s’acclimater et s’organiser. Médy s’habitua vite au quartier et se familiarisa sans problèmes avec les jeunes du voisinage. Il avait une qualité, nous-a-t-on dit, c’est le fait qu’il était très respectueux avec tout le monde et s’était attiré donc une estime unanime.

Mais dans le même temps, il avait un emploi du temps qui étonnait ses connaissances. Il ne travaillait pas du tout et passait toute la journée à dormir. Au début de son séjour, il quittait le quartier juste quelques heures dans la journée, puis revenait à la maison à la nuit tombante. Après le repas du soir, il rejoignait sa chambre jusqu’au lendemain matin. Puis au bout de quelques semaines, Médy changea ses habitudes. Il commençait à sortir en début de nuit et ne revenait qu’au petit matin. Une fois à la maison, il s’engouffrait dans sa chambre pour dormir jusqu’au coucher du soleil. Et quand il se réveillait, c’était pour mettre en route un thé en compagnie d’un ami. Puis il s’habillait et disparaissait jusqu’au petit matin. Au fil du temps cependant, Médy évolua complètement tout d’abord sur le plan vestimentaire, puis dans les dépenses qu‘il effectuait au quotidien.

Mais malgré ces changements dans sa façon de vivre et de s’habiller, ses parents qui savaient pourtant qu’il ne travaillait pas ne s’étaient jamais posé la question de savoir ce qu’il faisait réellement à Bamako depuis son retour parmi eux. Quant aux voisins, ils pensaient que le jeune homme était en train de puiser dans les fonds qu’il avait pu ramener de l’extérieur. En réalité, Médy avait trouvé quelque chose à faire, et malheureusement ses activités n’avaient rien de recommandable. Il était devenu était un voleur aguerri.

Un peu après son arrivée dans le quartier, il avait rencontré et intégré une bande de voleurs qui écumait différents quartiers de la commune. Et qui souvent allait opérer même dans d’autres parties de la capitale. Médy se livrait à son nouveau « métier » sans qu’aucun membre de la famille ne le sache, et sans éveiller de soupçon chez aucun voisin du quartier. Malheureusement pour lui et pour ses proches, ce comportement incroyable sera la source de son malheur et celui des siens.

LA VÉRITÉ SUR LA  VRAIE NATURE.  Un jour, la bande avait monté au milieu de la nuit un guet-apens pour déposséder un motocycliste de son engin. Cela s’était passé dans les confins de Doumanzana. L’opération avait été une parfaite réussite, car les malfrats s’étaient emparé du butin qu’ils convoitaient. Mais ils n’iront pas loin avec l’engin volé. Le propriétaire qui avait pu s’échapper en leur laissant sa moto était parvenu à alerter un groupe de jeunes du quartier, installé non loin des lieux où il avait été attaqué. Le groupe qui était assez important  se lança sans hésiter à la poursuite des agresseurs. Ils arrivèrent à mettre la main sur Médy. Lui n’avait pas eu la chance de prendre le large alors que les autres membres du groupe avaient pu disparaître dans le noir. Le malheureux fut ainsi amené manu militari dans le quartier.

La foule s’est ruée sur lui et l’a battu a mort avant de brûler son corps et de l’abandonner en pleine rue. Un témoin fit appel à la police qui arrivera trop tard pour sauver le malheureux. La foule en colère avait fait son oeuvre. « Lorsque nous sommes arrivés sur place, je vous jure que je n’ai pas pu identifier Médy. Il était méconnaissable, ce n’est qu’après le transport de son corps à la morgue que je me suis rendu compte que de qui c’était. Nous possédions déjà une photo de lui à notre niveau », a raconté le chef BR.

C’est à la suite à cette affaire que les habitants du quartier se sont rendu compte que le défunt menait une double vie et que dans la seconde il était un voleur aguerri, qui avait déjà séjourné derrière les barreaux sans que ses parents ne le sachent. Selon toujours l’officier de police, ces derniers ne parviennent pas jusqu’à présent à accepter la vérité sur la  vraie nature  de leur enfant. Pour eux, il est impossible que Médy ait été un malfaiteur. Les deux vieux mettent donc la mort de leur enfant sur le compte d’une terrible méprise. « Effectivement, a reconnu le chef BR, en voyant comment se comportait ce jeune homme aimable et bien élevé, rien pouvait laisser supposer qu’il était un délinquant endurci. Pourtant c’était parce qu’il était dans ce monde de malfaiteurs qu’il en est mort de manière absurde ».

MH.TRAORÉ

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