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Exploitation sauvage de l’or : le cri de cœur du préfet de Siguiri, Ibrahima Kalil Keita

Situé à 80 kilomètres de la préfecture de Siguiri, le district de Kourémalé, de la sous-préfecture de Doko, fait l’objet de plusieurs convoitises. Les richesses du sous-sol de la région en sont la cause fondamentale. Toutefois, l’exploitation anarchique de ces richesses n’est pas sans conséquences sur la vie des habitants, a constaté sur place Guineematin.com, à travers son envoyé spécial.

Des hommes et femmes, venus des quatre coins de la Guinée, et même des pays comme le Mali et le Burkina-Faso, se retrouvent dans cette zone minière. Les exploitants sont tout de même soumis à des lois et règlements imposés par un groupe de personnes appelés « tobolomans ».

Selon Yakouba Kanté, président des tobolomans de Kourémalé, cette association vise à organiser le secteur et à développer le district. « Nous percevons des montants sur chaque carrière exploitée. Ce montant, nous l’utilisons dans la réalisation de certaines infrastructures, puisque l’Etat à lui seul ne peut pas tout faire. Il s’agit par exemple de la construction des forages, des hôpitaux, des pistes rurales, des ponts et des écoles, entre autres », a-t-il cité.

A l’occasion de la journée nationale des orpailleurs, organisée le 6 févier 2017 à Kankan, le président de la République avait promis d’accompagner cette corporation. Mais, certaines promesses se font toujours attendre, indique le président des tobolomans. Selon lui, ils sont toujours confrontés à certaines difficultés, notamment sécuritaires. « Nous sommes souvent confrontés à des difficultés liées aux éboulements, des attaques dans les carrières de mine, des vols, etc. ».

L’exploitation minière résout les difficultés économiques mais jouent négativement sur l’environnement. Une situation regrette le préfet de Siguiri, Ibrahima Kalil Kéita. « Siguiri est dangereusement menacé dans son écosystème. La forêt est menacée, elle est en train de disparaître, beaucoup de cours d’eaux sont en train de disparaitre à cause de la manière de faire l’orpaillage. Le fleuve Tinkisso, qu’on a appelé dans les poèmes de Keïta Fodeba, le fleuve noir aux flots taciturnes, a été agressé par ceux que nous appelons les dragueurs. Draguer un cours d’eau, c’est le débarrasser des sables et des pierres ; mais ce qu’ils font non seulement ils travaillent dans le fleuve, mais ils envoient des produits toxiques, ils creusent et le fleuve se rempli de sable, l’eau est souillée », s’est-il alarmé.

En outre, le préfet de Siguiri dit avoir pris des dispositions contre ces ennemies de la nature. Pour preuve, lorsque les affrontements ont eu lieu à la frontière Guinéo-Malienne récemment, « nos forces de défense et de sécurité étaient à Doko, pour continuer la lutte contre l’exploitation clandestine en employant des produits toxiques et en détruisant la nature ».

Pour sa part, Aboubacar Sidiki Dabo, chef cantonnement des Eaux et Foret de la sous-préfecture de Doko, reconnait l’impact négatif de l’exploitation minière artisanale. C’est pourquoi, précise-t-il, son service a fait de larges sensibilisations dans les districts et les secteurs afin de lutter contre cette déforestation. « Après la sensibilisation, on déploie des agents sur le terrain pour faire le contrôle strict. En ce qui concerne l’exploitation minière, des efforts sont en train d’être fait aussi dans le cadre du reboisement. Ici à Doko, nous avons pu, avec l’appui du PNUD, reboiser cette année 30 hectares dans certains districts. Au compte du fonds forestier national, j’ai reboisé deux districts, à savoir Doko centre et Tongbo. Ce n’est pas facile, mais c’est un processus qui continue. Le personnel est là mais nous sommes en manque de moyens de locomotion parce que même avec le reboisement-là, s’il n y a pas de moyen de locomotion pour faire le suivi ça devient difficile », a-t-il relevé.

De Siguiri, Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

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