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Esclavage et migrations forcées : le rapport accablant du Pr Bakary Camara

Le doyen de la Faculté de droit public (FDPU) de l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB), Pr Bakary Camara, coordinateur du Programme de recherche action : «Esclavage et migrations forcées» ou EMiFo, a effectué une étude sur l’EMiFo entre octobre et décembre 2020 dans la Région de Kayes.

 

Le chercheur a procédé, jeudi dernier, à la restitution à mi-parcours des résultats de son étude dans les locaux de la Faculté, sous la présidence du vice-recteur de l’USJPB, Pr Bouréïma Kansaye.

Le Pr Bakary Camara a expliqué que plus de 150 questions ont été posées aux victimes de l’esclavage par ascendance dans la Région de Kayes. Il a surtout mis l’accent sur les litiges fonciers et les violences faites aux victimes d’esclavage qui travaillent sur des terres appartenant aux autres. Celles qui ruent dans les brancards contre leur statut d’esclave par ascendance n’ont d’autres choix que de quitter leurs terres natales pour ne pas subir les foudres de«leurs maîtres».

Les hommes sont plus concernés par les problèmes de terre que les femmes qui ne sont pas supposées en posséder bien qu’elles aussi s’en plaignent. Sur les 225 cibles interviewées, révèle le coordinateur de «EMiFo », 38,67% affirment avoir été victimes de confiscation de leurs terres et biens mobiles. En outre, 66,22% d’entre elles soutiennent avoir accès à la terre, contre 33,78% qui réclament des terres. Le chercheur a également donné d’autres chiffres qui font froid dans le dos.

Les cas de coups et blessures à l’encontre des esclaves par ascendance représentent 6,67%. La privation des soins de santé est de 2,22% tandis que les tortures représentent 1,33%.

Le Pr Bakary Camara explique que la lutte contre l’esclavage et les migrations forcées a commencé, il y a plus de 785 ans, si l’on s’en réfère à la Charte de Kurukan Fuga. Il rappelle que les Occidentaux ont aboli l’esclavage, il y a environ 133 ans. Selon lui, les derniers esclaves ont été libérés à Banamba en 1905.

«La Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 protège les droits humains. Mieux encore, l’article 2 de la Constitution du 25 février 1992 stipule que tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs devant la loi», relève le chercheur. Ce qui, selon lui, dénote du caractère punissable de tout acte assimilable à l’esclavage. On ne devrait plus continuer de telles pratiques dans notre pays, pense le juriste-chercheur qui invite les autorités à réprimer toutes les pratiques liées au phénomène.

Le combat, la répression de l’esclavage, la protection, l’autonomisation des victimes d’esclavage par des formations, des petits projets, la prise en charge psychologique, l’accès à la terre, la relecture des codes domanial, foncier et pénal et la légifération d’une loi spécifique criminalisant l’esclavage sont des recommandations qu’il a recensées sur le terrain.

L’un des responsables de l’organisation de lutte contre l’esclavage «Temedt», Mohamed Ag Bilal, invite les para-juristes formés du 16 au 27 novembre 2020 à la FDPU à accentuer les missions de sensibilisation et de formation contre la pratique.

L’historienne et chercheuse à l’Institut SOAS de l’Université de Londres (Grande-Bretagne), Dr Marie Rodet, a soutenu que «EMiFo» a pour but d’analyser les liens présents et passés entre les déplacements forcés prolongés et l’esclavage par ascendance dans les Régions de Kayes, Kita et Nioro du Sahel. Il s’agit aussi de proposer des solutions appropriées en s’intéressant aux circonstances dans lesquelles ces déplacements se sont opérés les cin dernières années.

Le représentant du gouverneur de Kita, Boubacar Oumar Traoré, a salué le choix porté sur sa ville pour abriter les bases de «Temedt» et rappelé les circonstances dans lesquelles les déplacements sont souvent opérés, faisant allusion aux déplacés de Mambiri (zone d’accueil des déplacés du Kaarta) à Kita.

Sidi Y. WAGUE

Source : L’ESSOR

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