Samedi 24 août 2019. La Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage (PCC) envisage d’organiser, dans 48 petites heures, à Bamako, sur le Boulevard de l’Indépendance, un grand meeting de soutien dénommé ‘’Appel patriotique pour soutenir l’Armée malienne contre la corruption’’. La PCC appelle aussi au même moment, devant les gouvernorats de régions et les missions diplomatiques à l’extérieur, au rassemblement !
Depuis un certain temps, la PCC s’illustre par des actions dans le cadre de la lutte contre la corruption, la délinquance financière et l’enrichissement illicite. Quoi de plus normal que de soutenir une Armée comme celle du Mali engagée depuis plusieurs années sur plusieurs fronts à combattre d’invisibles et lâches ennemis sans foi ni loi ! Quoi de plus normal que de dénoncer les actes de corruption et de détournement des ressources au grand dam de l’Armée par des irresponsables plus soucieux en réalité de leurs personnes que de leurs compatriotes!
Toutefois, pour aborder la question militaire, évitons de le faire par simple populisme et d’en faire un fonds de commerce. Certaines informations divulguées ces dernières années sur l’outil de défense nationale ont largement contribué à fragiliser le Mali et à rendre davantage vulnérable l’Armée. C’est au Mali que des acteurs politiques en manque de publicité s’adonnent à cœur joie à une pratique qui consiste à tout mettre sur la place publique, y compris les sensibles sujets relatifs aux Forces de défense et de sécurité.
L’une des grosses erreurs des démocrates convaincus et des patriotes sincères a été de croire qu’une Armée forte est une menace pour l’exercice du pouvoir démocratique. Leur bêtise qui n’a – hélas ! – jamais été corrigée par ATT, si elle n’a empiré, a largement contribué à mettre la nation sous tutelle de la communauté internationale. On n’a pas besoin d’être un grand spécialiste sorti de Sorbonne ou de Haward pour se rendre à l’évidence que l’Armée, à travers sa puissance de feu, demeure la colonne vertébrale de la démocratie.
En dépit de toutes les critiques que l’on peut formuler sur la gouvernance (chaotique, mafieuse…) du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, il faut avoir le courage et l’honnêteté intellectuelle de reconnaître qu’il y a une forte volonté politique de rendre l’outil de défense plus performant et efficace. Et cela dans un environnement international pollué par une grande méfiance de certains « partenaires et amis » du Mali qui n’hésitent pas à mettre en branle leur réseau de lobbying pour bloquer ou ralentir les offres émises sur le marché mondial d’armements. Ça c’est une vérité qu’on ne dit pas souvent. Les efforts du Président IBK et ses gouvernements successifs sont noyés dans des dénonciations de corruption sur l’achat de matériels militaires mais aussi dans la flambée de l’insécurité au centre du pays auprès de l’opinion. Laquelle est impatiente de voir son Armée acquérir toute sa capacité opérationnelle pour accomplir pleinement ses missions de défense de l’intégrité territoriale et de protection de personnes et leurs biens.
Nous interpellons et mettons en garde nos chers acteurs politiques à laisser l’Armée nationale en dehors de leurs batailles de chiffonniers. Une forte interpellation et une mise en garde à l’intention du Président IBK et de son gouvernement contre toute publicité pouvant exposer dangereusement l’Armée ! Enfin, les chefs militaires sont avisés contre toute mauvaise utilisation des fonds mises à leur disposition. Epargnons l’Armée ! Soutenons l’Armée ! Mobilisons-nous derrière l’Armée !
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger