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ENTRETIEN. Guerre en Ukraine : la France “n’est pas prête” à un combat à haute intensité selon l’ancien inspecteur général des armées

L’amiral Alain Coldefy, ancien inspecteur général des armées, ancien chef d’état-major adjoint, analyse les forces et faiblesses des troupes françaises, dans ce contexte de guerre en Ukraine.

 

L’invasion russe de l’Ukraine donne à ce 14 juillet 2022 une dimension très particulière : 9 nations frontalières de la Russie défileront en ouverture des troupes à pied. Ces cinq mois de guerre aux portes de l’UE poseront alors aussi une question : la France peut-elle actuellement faire face à un conflit de haute intensité, comme en Ukraine ?

Ma réponse est clairement non. Mais il faut bien sûr la moduler. Pourquoi non ? Parce qu’en Ukraine se déroule un combat essentiellement terrestre. Or depuis la chute du Mur de Berlin, le combat au sol de haute intensité est devenu un scénario qu’on n’a certes jamais voulu écarter… Mais qui, financièrement, l’a été depuis le Livre blanc de 1994 ayant entériné la fin de la guerre froide. Le paradoxe est donc le suivant, aujourd’hui : la France possède la meilleure armée d’Europe, la mieux équipée, la mieux formée, la plus expérimentée, le pays n’ayant jamais cessé d’être militairement engagés depuis 1945 et sa force de dissuasion nous protège d’un nouveau « juin 1940 », mais elle n’a plus les réserves qu’implique le combat à haute intensité.

Entre leurs missions quotidiennes, les différentes zones sur lesquels nous sommes présents – Afrique, Levant, Pacifique et Europe de l’Est désormais – nos armées sont déjà aux limites de l’engagement possible. Pour résumer, la France joue parmi les meilleurs en Ligue des champions mais son banc de touche est vide, sans remplaçants… Le cas des dix-huit canons CAESAR donnés à l’Ukraine le résume : dix-huit, c’est un quart de ce que nous avons.

Tout est-il question seulement d’effectifs ?

Non. Mais il faut rappeler les chiffres. Les « dividendes de la paix » ont abouti à la suppression de plus de deux cents régiments, la fermeture d’au moins cinquante bases aériennes et une diminution de moitié de la flotte. On est passé de mille deux cents chars à deux cents, de quatre cent cinquante avions de combat à 200. Coté Marine ? On l’oublie souvent, mais la France, c’est aussi 11 millions de km2 de zone économique dans le monde. Au vu de nos effectifs, cela signifie que l’une de nos sept frégates doit couvrir une surface à équivalente à deux fois la France pour assurer sa mission. « Moins de fantassins, plus de techniciens » : notre choix pour compenser ces coupes a été de privilégier la qualité à la quantité, tant côté personnel que matériel, et nous y avons réussi.

Le Rafale, nos sous-marins dernière génération, nos satellites, le Pôle national des opérations aéroportées nous permettent de conserver notre autonomie stratégique. Mais les programmes militaires ayant toujours été la « variable d’ajustement » des coupes budgétaires, nous avons pris du retard dans les livraisons, nous manquons de munitions et nous avons raté, faute de décision politico-économique pertinente, un virage essentiel comme celui des drones. Il faut donc passer la vitesse supérieure.

Ce qui doit se traduire comment ?

Le nerf de la guerre reste l’argent. Le président Macron a relancé le budget des Armées dès son arrivée et il est le premier à tenir ses engagements. Mais dans le contexte actuel, il faut monter de 42 à 50 milliards d’euros.

Source : La dépêche.fr

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