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Entretien exclusif avec l’écrivaine Djénéba Fotigui Traoré : « Le mariage forcé demeure une réalité dans nos villages…»

Connu pour son sens élevé de discernement, et très sensible aux souffrances des femmes et des jeunes filles, Djénéba Fotigui Traoré s’adresse à tout le monde pour faire passer son message à travers un roman ‘’Les grands fromagers’’. Ainsi ma rédaction de votre Journal Le Combat a obtenu un entretien exclusif avec l’écrivaine pour en savoir plus.

 

1 – Le combat : Bonjour, voulez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Djénéba Fotigui Traoré : Je suis Djénéba Fotigui Traoré, et originaire de Sikasso. Née en 1987 à Keleya (Bougouni). Détentrice d’une Licence en Lettres et du diplôme de l’ENSup, je suis enseignante au secondaire. Pour la précision, je réside à Koutiala où je suis professeur de l’Institut des Formations des maîtres (IFM). ‘’Les grands fromagers’’ est mon second roman publié en 2020 par les éditions ‘’La Sahélienne’’, ‘’L’orgueil du désert’’ étant le premier.

2 Les grands fromagers sont comme les grands hommes qui protègent, lit-on dans vos pages. Quelle explication pouvez-vous donner au titre ‘’Les grands fromagers’’

Le titre  »Les grands fromagers » est connotatifs. Un passage du roman établit un parallèle entre les grands fromagers et les grands hommes. Les fromagers sont des arbres géants que l’on trouve notamment dans la flore de l’Afrique subsaharienne. Ils sont réputés pour leur envergure imposante et surtout, comme le dit le même passage, pour les multiples et diverses utilités qu’offrent les feuilles, les racines, l’écorce… Chez nous, en milieu ‘’Samoko’’, les hommes qui sont incontournables pour les autres, les grands hommes sont désignés, par métaphore, par l’appellatif  »fromagers ».

3 – Que vous inspire le personnage Dabassia, l’héroïne du roman ?

Dabassia est comme la plupart des jeunes filles de nos villages qui ne sont pas scolarisées. Elle ne décide aucunement des grandes décisions de sa vie et orpheline de surcroît, ne bénéficie presque pas de soutien pour lui faire valoir de ses droits les plus élémentaires. La vie de Dabassia qui bascule pour des absurdités inspire une révolte causée par la frustration et la douleur. Bien qu’elle ait essayé d’aspirer à des conditions meilleures, Dabassia rappelle la femme du village encore moulée par les mesquineries de certains us et coutumes, hélas obsolètes!

4 – Avec une fin malheureuse, un grave accident à la suite duquel Dabassia succombe, croyez-vous que cela est dû à une malédiction ou c’est donc ?

Non, le sort tragique de Dabassia n’est pas une malédiction. Disons que c’est le destin.

5 – Le mariage forcé est l’un des thèmes que vous développez dans ‘’Les grands fromagers », quel regard portez-vous sur ce phénomène au Mali et à travers le monde ?

Je ne peux trop me prononcer sur le mariage forcé à travers le monde, mais pour le cas du Mali, il est clair que le changement de la donne n’a pas encore atteint le niveau souhaité dans les zones rurales. Le mariage forcé demeure une réalité dans nos villages. Ce phénomène peut avoir, en de rares cas, un dénouement heureux, mais très souvent l’issue est triste pour la jeune fille et quelques fois pour tout le couple.

6 – Histoire sensible, dramatique ou tragique ; d’où avez-vous tiré votre inspiration ? L’histoire a-t-elle été inspirée des faits réels ?

»Les grands fromagers » est un récit effectivement triste. C’est une histoire combinant fiction et bribes de réalités transposées dans la littérature. Dabassia est juste un personnage, mais beaucoup de jeunes filles ont vécu et continuent de vivre comme Dabassia. Malheureusement.

7 – À travers les thèmes auxquels vous faites allusion, quel message essayez-vous de faire passer ?

Les thèmes abordés dans  »Les grands fromagers » découlent de l’observation du drame quotidien qui est la vie de plusieurs jeunes filles, de plusieurs femmes. Au final, le message central du roman est que les hommes doivent être solidaires et bannir l’indifférence qui n’est suivie que par une chaîne de conséquences fâcheuses.

8 – Avez-vous d’autres projets ?

Bien sûr, si Dieu m’en donne la chance.

9 – Derniers mots ?

Mes derniers mots sont les remerciements que j’adresse à toute l’équipe de rédaction du journal  »Le Combat » ainsi qu’à tout le lectorat. Merci à toi particulièrement, Diawara.

Interview réalisée par Moriba DIAWARA

Source : LE COMBAT

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