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Entretien avec Mylmo N Sahel: » Je suis tout le temps victime de menaces et cela bien avant mon dernier single

Diplômé en Multimédia du Conservatoire des Arts et Métiers Balla Fasséké du Mali, Mahamadou Soumbounou  » Mylmo  » est originaire du Cercle de Nioro du Sahel, dans la région de Kayes. Il a été Trois fois meilleur parolier du Hip Hop Awards et est l’un des plus grands artistes du moment. Depuis la sortie de son single  » Coup de Point d’Interrogation CPI « , le rappeur malien est pointé du doigt, voire menacé par certains qui le traitent de tous les noms.

 

L’Indépendant week-end: Bonjour, qui est Mylmo et d’où vient le sobriquet N Sahel ?

Mylmo : Mon vrai nom c’est Mahamadou Soumbounou, je suis artiste rappeur, business man et chef de famille. Je suis marié et père de quatre enfants : un garçon et des triplés, toutes des filles. Ce nom, je l’aime bien, car ça représente mon lieu d’origine. Je suis née au Gabon, mais mes parents sont natifs de Nioro du Sahel, d’où le non N Sahel.

L’Indép-week : Parle-nous un peu de ton parcours artistique Pourquoi la musique ?

Mylmo : Depuis tout petit je regardais mes frères chanter. Je suis issu d’une très grande famille où l’on maîtrise bien l’art de la parole. Nous sommes de la caste des cordonniers,  » Garanké  » en Bambara. Mon oncle Hamet Soumbounou est un parolier connu dans le milieu ouest africain et bien au-delà. Après le départ à l’extérieur de mes frères, j’ai commencé à me familiariser avec le rap. Et c’est en 2007 que j’ai commencé à intégrer un studio pour mes premiers enregistrements. J’ai deux albums. Le premier c’est  » Wilibali « , sorti le 15 février 2011 et le deuxième est « le Retour de Bandiougou « , sorti le 13 juin 2014, comportant 15 morceaux. En plus de la musique, je suis dans l’immobilier. Je fais de la sérigraphie et je peux faire tous les travaux de cordonnerie car  » l’art est sacré chez nous « .

L’Indép-week: Lorsque Mylmo parle de Bandiougou, est-ce son histoire qu’il raconte ou à quoi fait-il allusion?

Mylmo : Effectivement, dans mon premier album, il y a un titre intitulé Bandiougou, qui évoque les difficultés et le manque de considération de Bandiougou dans la famille, ce qui l’a poussé vers l’immigration. Dans ce morceau, j’explique que de nombreux migrants maliens sont des Soninkés.
Ce phénomène me touche particulièrement, car tous mes frères sont à l’extérieur à la recherche d’une vie meilleure. Dans notre milieu, quand tu regardes un peu dans chaque famille, tu verras qu’il manque une ou deux personnes qui sont en migration. C’est grâce au public qui réclamait le retour de l’émigré que j’ai choisi comme titre du second album « le retour de Bandiougou » et qui marque également le retour de Mylmo sur la scène musicale.

L’Indép-week : De quoi s’inspire Mylmo pour écrire ses chansons?

Mylmo : Ma source d’inspiration n’est autre que la pauvreté et la société dans laquelle nous vivons. Quand je regarde cette population qui, en majorité, vit dans la misère et la naïveté, je me mets à écrire tout ce qui me passe par la tête, vu que chacun est libre de ses pensées.

L’Indép-week : Le morceau CPI a suscité beaucoup de polémique entre vous et certains de vos fans. Quelle analyse en faites-vous ?

Mylmo : Je pense que le Mali est un pays où les mots sont jugés avant les actions. Chacun est libre de ses pensées. Je suis un artiste et ma mission est de prévenir et d’informer le peuple lambda. Je me sens obligé de dire la vérité et telle qu’elle est, même si elle blesse. Je n’ai fait qu’exprimer mon avis sur la situation actuelle de notre pays et cela depuis 2012, bien avant le coup d’Etat actuel.
Certes j’ai cité des noms, mais ceci ne fait pas de moi un fan de l’ancien régime. Ce que je peux regretter, c’est peut-être la manière, car lorsque tu veux dire une vérité à ton père ou à ton frère, tu dois maitriser tes mots [porter des gants].

L’Indép-week : Est-ce que Mylmo a été contraint de s’excuser auprès des personnes citées dans la chanson ?

Mylmo : Pour éclairer les choses, je ne me suis pas excusé par peur, mais par respect et je ne regrette en aucun cas mes mots, qui sont destinés au public et pour le faire réagir.
Je suis content que certaines personnes aient compris mon message, même si d’autres l’ont mal interprété en collant mes photos par-ci, par-là, en m’insultant et en me jugeant [négativement]. Je ne les blâme pas, je leur demande juste d’aller chercher un interprète pour traduire mes chansons. En ce qui concerne les menaces, j’en suis tout le temps victime, mais je n’en fais pas mon affaire.

L’Indép-week: Quelle analyse Mylmo fait-il du rap malien ?

Mylmo : Merci de me le demander. A mon avis le rap malien a beaucoup évolué, car aujourd’hui, dans les téléphones vous verrez beaucoup plus de sons maliens qu’étrangers et cela est une fierté pour les rappeurs maliens. Je constate également un côté un peu négatif, parce que souvent les rappeurs maliens ont tendance à faire la confusion entre la culture occidentale et la nôtre. A mon avis le rappeur est la voix des sans-voix.
L’Indép week : Quels sont les projets réalisés ou en cours de réalisation par Mylmo ?

Mylmo : Avec les  » Safazis  » [un groupe de fans qui tire son nom du mot arabe  » Safa « , c’est-à-dire rangée dans la mosquée], nous sommes en train de mettre en place un groupe dans lequel tout le monde est invité. L’objectif est d’unir nos forces pour faire triompher la vérité, nous entraider entre frères de la rue et je suis en préparation pour mon nouvel album.

L’Indép-week : Quel message Mylmo adresse à ses fans, aux rappeurs maliens et à ceux qui parlent du nouveau Mali ?

Mylmo : Je vais commencer par ceux qui parlent du  »Mali Koura ». Je leur dis d’être de nouveaux Maliens libres et conscients, mais surtout fiers d’être Maliens, le  »Mali Koura » ne se fera jamais sans la jeunesse et nous, les artistes, sommes censés être des messagers, des porte-paroles et des clés pour la paix et la cohésion sociales. Nous devrions œuvrer pour la survie du rap malien et de son accession au rang international et surtout de ne pas confondre rap et délinquance. Un message d’amour et de fraternité aux  » Safazis  » et aux autres fans de Mylmo à travers le monde pour leur soutien inconditionnel. Je remercie aussi le journal L’Indépendant et je vous souhaite une bonne continuation.

Entretien réalisé par Awa DOUMBIA (stagiaire)

Source: l’Indépendant

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