Ecrivaine et directrice des éditions Gafé, une maison d’éditions récemment créée, Acha Diarra, présidente de l’association Voix du Mali (VOM) nous a accordé une interview sur son association. ” Voix du Mali ” est une association qui œuvre pour une citoyenneté malienne active à travers la formation et l’emploi et surtout pour la lutte contre les violences basées sur le genre. Elle intervient également dans le domaine de la culture. Dans l’entretien qui suit, Aicha Diarra nous parle, entre autres, des raisons de la création de cette association, ses objectifs ainsi que ses projets, notamment l’organisation le 29 juin prochain d’un colloque pour un regard sur les valeurs sociétales de notre société.
Aujourd’hui-Mali :Bonjour pouvez-vous nous présenter votre association Voix du Mali (VOM) ?
Aïcha Diarra : L’association Voix du Mali est une association des sans voix qui œuvre pour une citoyenneté malienne active à travers l’accès à la justice et l’éducation. Nous avons créé une vitrine juridique pour venir en aide aux personnes défavorisées. Cette initiative consiste à les aider dans leurs problèmes juridiques et bien d’autres.
Voix du Mali œuvre principalement sur le volet droit de l’Homme, la lutte contre la discrimination sous toutes ses formes. Nous intervenons également dans la promotion de la gent féminine ainsi que dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Nous voulons vraiment être la voix des sans voix afin que ces personnes puissent avoir accès à une justice équitable. La promotion de l’éducation, la formation et la culture sont également des domaines importants dans notre combat.
Qu’est-ce qui a motivé la création de cette association ?
Nous étions un groupe de jeunes qui menaient des activités sur les plans de droit de l’Homme et de la lutte contre des violences basées sur le genre. C’est en 2012, suite à la crise du nord du Mali, que nous avons décidé de créer cette association afin de mener ces luttes ensemble au sein d’une même association. Et Dieu merci, aujourd’hui, nous sommes un peu partout au Mali et nous faisons entende notre voix.
Quelles sont les activités phares que vous avez pu mener depuis la création de votre association ?
Nous avons organisé de nombreuses activités, notamment une grande journée culturelle en hommage à Youssouf Tata Cissé, un grand historien malien et spécialiste de la littérature orale. Des nombreuses associations avaient pris à part à cette activité. Aussi, au moment de l’enlèvement des filles par la secte Boko-Haram au Nigeria, nous avons eu à organiser une marche pacifique pour manifester notre soutien à ces filles et dénoncer les violations de droits de l’Homme.
Nous avons également organisé une formation en journalisme qui a permis à beaucoup d’étudiants de pouvoir travailler aujourd’hui dans plusieurs médias de la place. Un de ces étudiants a même obtenu une bourse d’études pour la Chine dans ce cadre et nous en sommes fiers. Notre association a aussi publié un ouvrage collectif en hommage à la jeune albinos Ramata Diarra assassinée. Cet ouvrage a été publié pour dénoncer les discriminations et les violations de droits de l’Homme.
Quelles sont les difficultés auxquelles votre association est confrontée ?
Les difficultés, c’est le manque de ressources humaines et financières. Je pense que tout se tourne au tour des ressources financières car sans les moyens il est difficile d’organiser une activité. Nous n’avons pas pour le moment de partenaires pour nous accompagner dans nos activités. Toutes les activités que nous organiserons, nous le faisons avec les ressources internes. C’est seulement dans la publication de l’ouvrage collectif que Voice Mali s’est jointe à nous. Nous leur sommes reconnaissants, nous disons que nous sommes ouverts à toute personne, entreprise ou organisation souhaitant se joindre à nous pour mener à bien nos activités.
Quels ont les projets de votre association ?
Comme projet en perspectives, suite aux attaques récentes du centre, notre association, très inquiète, a décidé d’organiser un colloque le 29 juin prochain à Bamako sur les droits humains avec comme thème “Ni bè yé ni yé” qui veut dire en français “Toute vie humaine est vie” qui est un extrait de la charte de Kouroukanfouga, une référence au niveau mondial en termes de justice, de partage et de vivre ensemble. Ce colloque sera un moyen de rappel pour un retour vers nos valeurs sociétales, nos droits préétablis même avant la colonisation. C’est par cela que nous pouvons sortir de ces conflits communautaires. Des historiens, des communicateurs traditionnels qui connaissent les rapports et les liens historiques entre les ethnies maliennes seront invités. Il y aura également un thème : “Regards croisés sur la charte du Mandé” pour monter combien il est important pour nous de jeter un clin d’œil sur les valeurs de notre société.
Quel sera votre dernier mot ?
Pour nous, il n’y a pas de développement possible sans justice. Généralement, les pays développés sont des pays qui accordent beaucoup d’importance à la justice. Je pense que la justice est l’une des bases de tout développement. J’appelle donc les uns et les autres à respecter le droit et à faire respecter le droit.
Réalisé par Youssouf KONE
Source: Aujourd’hui-Mali