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Entrepôts Maliens en Côte d’Ivoire (EMACI) : 2, 59 milliards de FCFA s’évaporent

Les entrepôts Maliens en Côte d’Ivoire (EMACI) font partie des structures il y a d’énormes irrégularités financières dans les 2016, 2017, 2018 et le 1er semestre de l’année 2019. Plus 2,59 milliards de F CFA de pertes pour la nation malienne seulement dans les EMACI ; c’est ce qu’a révélé le rapport annuel 2020 du bureau du vérificateur général.

D’énormes irrégularités administratives et financières ont été soulignées par le rapport 2020 du bureau du vérificateur général sur la gestion la gestion des Entrepôts Maliens en Côte d’Ivoire (EMACI), au titre des exercices 2016, 2017, 2018 et 2019 (1er semestre).

En concerne les irrégularités financières, le rapport souligne que le « Ministre chargé des Transports et le Directeur ne respectent pas le cadre organique ». Il ajoute que «les profils de deux Chargés de statistiques ne correspondent pas à ceux définis par le cadre organique et un agent a été affecté au Service Administratif et Financier alors que tous les postes y sont déjà̀ pourvus ».

Un autre fait grave : le rapport indique que directeur a ouvert des comptes BDM-SIKASSO, ECOBANK-ZEGOUA et BMS-COTE D’IVOIRE sans l’autorisation du Ministre chargé des Finances. « Le Directeur ne respecte pas les procédures de mise en concurrence lors des Demandes de Renseignement et de Prix à compétition Restreinte (DRPR). Il ne sollicite pas systématiquement, lors des DRPR, au moins cinq entreprises, fournisseurs ou prestataires choisis sur la base de la liste des entrepreneurs, fournisseurs et prestataires », précise le rapport qui a ajouté que le délégué́ du Contrôle Financier n’établit pas de rapport de réception dans les cas requis.

2, 59 milliards de F CFA, le montant d’irrégularités financières

Les irrégularités financières soulignées dans le rapport du vérificateur général pour les 4 dernières années sont énormes. Elles s’élèvent à 2, 59 milliards de nos francs. Selon ledit rapport, les Régisseurs des EMACI n’ont pas encaissé des redevances pour la coordination des activités de transport et de transit. « Ces redevances non encaissées s’enlèvent à un montant total de 605,35 millions de FCFA dont 543,11 millions de FCFA au titre des importations et 62,24 millions de FCFA pour les exportations », a précisé le rapport. Il est reproché au chef du Service Administratif et Financier de n’avoir pas déclaré́ des recettes encaissées. « Les recettes des EMACI déclarées sur les certificats de recettes sont inferieures à celles collectées à travers les quittanciers centralisateurs pour les exercices de 2016 et 2017. Le montant total des recettes non déclarées sur les certificats de recettes est de 192,74 millions de FCFA », indique-t-on dans le rapport qui déplore que le chef du Service Administratif et Financier n’a pas collecté des redevances maritimes sur des transactions d’importation. « Les Régisseurs ont collecté́ pour le compte du Conseil Malien des Chargeurs (CMC), sur la période sous revue, un montant de 452,08 millions de FCFA au titre de la redevance maritime, sur la base des quittanciers centralisateurs, au lieu de 812,14 millions de FCFA correspondant à ladite redevance sur l’ensemble des marchandises déclarées aux services des douanes et transportées en importation. L’écart de 360,06 millions de FCFA n’a pas été collecté pour le compte des EMACI », précise-t-on.

Dans ce rapport, le Directeur et le Chef du Service Administratif et Financier des EMACI sont beaucoup épinglés. Il leur est reproché de n’avoir pas reversé dans le compte du CMC des redevances maritimes collectées. « Sur un montant total de 452,08 millions de FCFA de redevances maritimes collectées pendant la période sous revue, le Directeur a reversé au CMC un montant cumulé de 370 millions de FCFA soit un écart de 82,08 millions de FCFA non reversé », a indiqué le rapport. Encore le Directeur, cette fois-ci avec la Commission d’ouverture des plis et d’évaluation des offres, sont accusés d’avoir retenu un soumissionnaire ne disposant pas d’expériences requises. « Le Directeur des travaux de l’Entreprise retenue pour exécuter les travaux de construction de bureaux des EMACI, pour un montant de 553,10 millions de FCFA, ne dispose pas d’expériences requises. En effet, il n’a eu à diriger qu’un projet de construction de complexité́ similaire en tant que Directeur des travaux ou Chef de mission au lieu de trois exiges par les critères de qualification », précise-t-on.

Le directeur, puisque c’est de lui qu’il s’agit toujours, est accusé d’avoir payé un véhicule de marque Toyota RAV 4 à 14,25 millions de FCFA destiné au Contrôleur Financier et l’a irrégulièrement immatriculé au nom de l’Ambassade du Mali ; d’avoir octroyé́ au personnel et à lui-même des rémunérations indues. Ce n’est pas tout : il a irrégulièrement payé des frais de location à hauteur de 7,02 millions de FCFA pour deux Chefs de service qui devaient être logés gratuitement dans les maisons appartenant aux EMACI. Il est lui est également reproché d’avoir effectué́ des décaissements irréguliers sur le fonds de la redevance maritime. « Il a effectué́, sur les redevances maritimes appartenant au CMC, trois décaissements en espèces pour un montant total de 158 millions de FCFA sans aucune pièce justificative. Il a aussi prélevé́, en espèces, sur le compte bancaire du CMC ouvert à cet effet, un montant total de 101,93 millions de FCFA sur la base uniquement de factures, sans mandat, ni document de livraison. Le montant total irrégulièrement prélevé́ sur ces fonds s’elève à 259,93 millions de FCFA », a précisé le rapport.

Le rapport relève aussi que les salaires de base du personnel fonctionnaire des EMACI sont surévalués et ne correspondent pas au produit numérique de l’indice. Aussi, indique le rapport, le montant total des rémunérations indûment perçues par le personnel fonctionnaire des EMACI est de 521,39 millions de FCFA.

Le Pôle économique et financier saisi

Après avoir rappelé tous ces banditismes économiques, le vérificateur général du Mali a saisi le tribunal de grande instance de la commune III en charge du Pôle économique et financer concernant, entre autres : les redevances pour la coordination des activités de transport et de transit non encaissées pour un montant de 605,35 millions de FCFA ; les recettes non encaissées mais inscrites sur les certificats de recettes pour un montant de 192,74 millions de FCFA ; les redevances maritimes sur des transactions d’importation non encaissées pour un montant de 360,06 millions de FCFA ; les redevances maritimes sur des transactions d’importation encaissées mais non reversées dans le compte du CMC pour un montant de 82,08 millions de FCFA ; le non-respect des critères d’attribution du marché́ de construction pour un montant de 553,10 millions de FCFA ; l’achat d’un véhicule immatriculé au nom de l’Ambassade du Mali pour un montant de 14,25 millions de FCFA ; les rémunérations indues du personnel pour un montant de 521,39 millions de FCFA ; les frais de location indus pour un montant de 7,02 millions de FCFA ; les décaissements irréguliers sur le fonds de la redevance maritime pour un montant de 259,93 millions de FCFA.

Boureima Guindo

Source: LE PAYS

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