«Aujourd’hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal. Notre mission n’est pas achevée. Je rappelle qu’elle consiste à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire, sans exclusive aucune, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité. Encore une fois, je tiens à rendre hommage aux victimes civiles et militaires tombés au champ d’honneur et salue la résilience du peuple malien.
Je rappelle que cette opération ne poursuit aucun intérêt, particulier autre que la sauvegarde de notre Mali Un et Indivisible et n’a pas d’autre but que la lutte contre le terrorisme et la sécurisation de notre pays. C’est pourquoi son action est soutenue par l’ensemble du peuple malien. Dans les jours qui viennent nos FAMA poursuivront leurs interventions et bénéficieront de toute la confiance de notre vaillant peuple». Dixit le Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta.
Depuis l’annonce de l’événement par le Chef d’Etat-major des armées, c’est une avalanche de réactions en termes de communiqués. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays pour saluer l’entrée des FAMA à Kidal.
Des réactions compréhensibles de la part d’une population traumatisée, depuis plus d’une décennie, par le démon de la violence qui a atterri dans cette partie du pays, causant de multiples et innommables tragédies même dans plusieurs contrées du Mali.
Mais quoi faire pour qu’il n’y ait plus jamais ça ? Car un paradoxe important est à mettre en relief. Si la reconquête de Kidal, la rebelle, suscite des expressions de joie et de fierté, cette ville désertique dans le lointain septentrion du pays, a toujours suscité d’autres sentiments. C’est le cas aussi des localités comme, Ménaka, Tombouctou, Gao et Taoudemi.
Les décideurs des 1re, 2è et 3è Républiques ont toujours fait de ces zones, notamment Kidal, de véritables purgatoires pour les opposants ou autres adversaires. Ces mers de sable étaient devenues des prisons pour ceux qui s’opposaient aux princes du jour. «On va t’envoyer sur le sable» était un épouvantail pour les fonctionnaires.
Si certains ont laissé leurs vies, d’autres survivants gardent encore des traumatismes de leurs séjours. Ces agissements de nos décideurs ont contribué à créer une sorte de barrière entre ces zones et le reste du territoire.
De même peu, ils ne sont pas nombreux les agents (civils ou militaires) de l’Etat à se réjouir d’être mutés dans ces localités. Pire, ils sont prêts à tout pour ne pas y aller. Pourtant, ces localités sont bel et bien des parties du pays.
Gageons qu’avec son retour- bien accueilli – dans le giron du Mali, après de si dures épreuves, les regards changeront sur Kidal. Et les efforts conséquents seront déployés afin que cette contrée et tant d’autres du grand nord suscitent le même intérêt que Bamako, Ségou, Sikasso…
Par Chiaka Doumbia
Le challenger