Au-delà de la sécurisation des opérations de vote, les forces de défense et de sécurité jouent un rôle extrêmement important dans l’ensemble du processus. Elles constituent la colonne vertébrale de la démocratie. Dans le processus électoral, il est indispensable qu’elles observent une stricte neutralité vis-à-vis des forces politiques en compétition. En 2007 et 2013, cela n’a pas été le cas car des officiers supérieurs ont osé briser ce principe en battant publiquement campagne dans les garnisons au profit d’un candidat connu de tous.
Chers membres des forces de défense et de sécurité, observez cette neutralité pour l’intérêt supérieur de votre pays. Restez donc à équidistance des parties engagées dans la course pour la magistrature suprême. Ne vous laissez manipuler par qui que ce soit. Mettez toujours en avant la patrie conformément à vos serments.
Eloignez-vous des pratiques déshonorantes. Soyez vigilants et faites preuve de retenue dans les opérations de maintien d’ordre. Récemment, les éléments envoyés pour le maintien d’ordre à Fana et Kéniéba se sont illustrés par des bestialités dignes d’une autre époque. Des pauvres citoyens ont été sérieusement torturés par des agents payés grâce à leurs impôts. Les descentes musclées des forces de sécurité à Fana et Kéniéba au lendemain des manifestations d’une partie de la population sont inadmissibles et intolérables. Elles creusent davantage le fossé entre les citoyens et la classe politique dirigeante. Aussi, elles renforcent ce sentiment d’auto-défense présent chez de nombreux citoyens de ce pays qui ont perdu tout espoir en la capacité des responsables à soigner leurs maux.
Chers membres des forces de défense et de sécurité, n’acceptez pas d’être des instruments de fraude électorale ou de bourrage d’urnes. Faites attention à l’usage des procurations. Sachez que l’arbitre a l’obligation de ne pas prendre partie dans un match au risque de fausser les règles du jeu.
A tous ceux ou toutes celles qui tenteront d’instrumentaliser les éléments des forces de défense et de sécurité, nous leur rappelons ces phrases extraites du Manifeste d’auto-défense « L’histoire m’acquittera » écrit en 1953 par le grand révolutionnaire cubain, Fidel Castro : « Le soldat est un homme fait de chair et d’os, un être qui pense, qui observe et qui sent. Il est sensible aux opinions, aux croyances, aux sympathies et aux antipathies du peuple. Si vous lui demandez son opinion, il vous dira qu’il ne peut pas vous dire, mais cela ne signifie pas qu’il n’en ait point. Il est en proie aux mêmes problèmes qui accablent les autres citoyens : la subsistance, le foyer, l’éducation des enfants, leur avenir, etc. Chaque membre de sa famille est un lien inévitable, entre lui et la situation présente et future de la société dans laquelle il vit. Il est inepte de penser qu’un soldat, du fait qu’il reçoit un salaire de l’Etat, salaire plutôt modeste, a résolu les problèmes vitaux posés par ses besoins en tant que membre d’une famille et d’une collectivité solide. Cette brève explication était nécessaire parce qu’elle est fondée sur un fait auquel très peu de gens ont pensé jusqu’à présent, le soldat éprouve un profond respect pour les idées de la majorité du peuple ». Fin de citation.
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger