A Pau, le Président Emmanuel Macron va demander que « les chefs d’Etat clarifient et formalisent leurs demandes à l’égard de la France et de la communauté internationale ». Il veut qu’ils donnent des réponses claires et assumées aux questions suivantes : « souhaitent-ils notre présence et ont-ils besoin de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions». Emmanuel Macron connaît parfaitement la position des chefs d’Etat sur la présence militaire française au Sahel.
Le Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Kéïta, n’a pas hésité à qualifier « d’ennemis du Mali et des FAMa » ceux qui tiennent des discours demandant le départ des forces françaises et onusiennes. C’était le 6 janvier dernier, lorsqu’il recevait les vœux de nouvel an des forces vives de la nation. Non, Monsieur le Président ! Tous ceux qui demandent le départ des forces dites internationales ou critiquent leurs agissements ne sont pas des ennemis du Mali !
Monsieur le Président, n’est-ce pas l’Opération Serval qui a fait renaître le MNLA de ses cendres pour lui confier la région de Kidal ? Monsieur le Président peut-il déclarer qu’il ignore le rôle joué par certaines forces en mai 2014 pour permettre aux groupes rebelles de chasser l’armée de Kidal suite à la visite de votre Premier ministre ?
Monsieur le Président, souffrez qu’une frange de l’opinion publique dénonce les agissements de Barkhane ou de la Minusma ! Le peuple malien mérite plus de respect ! Non, Monsieur le Président, ceux qui critiquent Barkhane ou la Minusma dans les rues ne sont pas les ennemis du Mali !
Les Présidents Ibrahim Boubacar Kéïta et Issoufou Mahamadou, les plus virulents des chefs d’Etat du G5 Sahel, qui emploient des mots durs à l’endroit de ceux qui sont opposés à la politique menée par le gouvernement français au Sahel, doivent quelque part remercier les initiateurs de ces mouvements. Toutes ces manifestations pousseront la France à réajuster sa stratégie dans nos pays. Et à les respecter un peu plus leurs dirigeants !
Les interrogations et inquiétudes soulevées par les manifestants ne manquent pas de légitimité. Malgré la présence de Barkhane et de la Minusma, la situation se dégrade considérablement avec le risque réel de guerre civile au Mali et au Burkina Faso. Les pertes subies par les armées du Mali, du Faso et du Niger sont énormes!
Ces inquiétudes et interrogations sont d’ailleurs partagées par certains cercles du pouvoir qui pensent que Barkhane ne fait pas assez pour lutter contre les groupes armés en activité dans le Sahel. La lettre de mise en garde envoyée par le Chef d’état-major des armées du Burkina Faso à l’Attaché de défense de l’Ambassade de France à Ouagadougou est la parfaite illustration des interrogations concernant le partenaire. On est partenaire ou on ne l’est pas. Et quand on est partenaire, on se fait mutuellement confiance. A Pau, les dirigeants du G5 Sahel auront-ils le courage de demander à la France beaucoup plus de sincérité ? nous ne tarderons pas à être édifiés !
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger