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Entre nous: Force reste au peuple et à la vertu

Avec ce qui vient de se dérouler en Bolivie et, dans un passé récent en Turquie, sans oublier les nombreux exemples dans le temps et l’espace, une évidence s’impose : seul le peuple souverain détient véritablement le pouvoir. Il le confie à ceux qui l’exercent en son nom sur la base de la confiance et de la vertu, et non par peur de la puissance de feu.

Le mercredi 26 juin 2024, en début d’après-midi, des militaires avec à leur tête le com[1]mandant en chef des forces armées, le général Juan José Zúñiga, occupent la Place Murillo à La Paz où se trouvent les sièges du Parlement et du gouvernement de la République de Bolivie. Des véhicules blindés défoncent les portes du palais présidentiel. Le général Juan José Zúñiga déclare que «l’armée essayait de restaurer la démocratie et de libérer des prisonniers politiques». Faut-il le rappeler, la Bolivie est un pays de l’Amérique du sud de 12 millions d’habitants. Ces derniers mois, le pays a connu des manifestations suite à une crise économique aggravée par la crise politique qui secoue «Le Mouvement vers le socialisme (MAS)», la formation au pouvoir. Les partisans de l’actuel Président Luis Arce et ceux de son prédécesseur, Evo Morales, se livrent une bataille fratricide. Le Président Luis Arce refuse de céder et affiche une grande fermeté face aux soldats putschistes. Les populations se mobilisent. Le plus grand syndicat du pays condamne le putsch et déclare une grève illimitée pour défendre le gouvernement. Les juges de la Cour suprême refusent d’accorder une caution juridique à l’action du commandant en chef des Armées. Le Chef de l’Etat bolivien nomme vers 17 heures un nouveau commandant des armées qui ordonne que «tout le personnel mobilisé dans les rues retourne dans ses unités». Quelques minutes plus tard, les soldats obéissent aux ordres du nouveau commandant et regagnent leurs casernes. Les magistrats ont refusé de prêter leurs concours aux putschistes. Le Procureur général bolivien a émis un mandat d’arrêt contre le général Juan José Zuniga qui fut arrêté aux environs de 19 heures au moment où il s’adressait aux médias. Le général Juan José et d’autres personnes ont été présentés publiquement à la presse par le ministre de l’Intérieur. L’image du général putschiste menotté entre deux hommes a fait le tour du monde. Un coup d’Etat-éclair de trois heures à peine ! Le putsch a échoué grâce à la mobilisation du peuple bolivien et des officiers restés républicains. Le Président bolivien a tenu tête aux apprentis putschistes refusant de fuir le palais présidentiel. Il a fait preuve d’un extraordinaire courage. Le peuple s’est mobilisé pour défendre la démocratie. Les boliviens ont dit non à une horde d’aventuriers putschistes qui ont trahi leur serment de militaire pour s’en prendre aux institutions légales et renverser les autorités légitimes du pays. Cet exemple bolivien rappelle aussi la détermination du peuple turc à défendre le régime de Recep Tayyip Erdogan, victime des faits similaires dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016. Des turcs ont bravé les avions de chasse. Ils sont montés sur des chars. Tout cela pour défendre la démocratie et la légalité constitutionnelle menacées par l’ordre kaki.

Par Chiaka Doumbia

Le Challenger

 

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