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Entre nous : Des propos ambigus !

Le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, a accordé, la semaine dernière, une interview à l’hebdomadaire parisien, jeune Afrique dans laquelle il évoque les cas d’Iyad Ag Ghaly et son bras droit Amadou Kouffa. A la question : « Des voix s’élèvent au Mali et parmi les ONG pour demander l’ouverture de canaux de négociations avec les chefs djihadistes Koufa et Ag Ghali, à l’instar de ce que les Américains font avec les talibans. Quelle est votre opinion? » Le Président IBK répond : « Elle n’a pas changé. Une mer de sang nous sépare de ces gens ! Je suis disposé à reconstruire le Mali avec tous ses enfants, y compris avec ceux qui apporteront la preuve d’une repentance sincère. Mais attention : cela n’a rien à voir avec l’impunité, et les criminels devront répondre de leurs actes». A une autre question : « Donc, pas de négociation avec Iyad Ag Ghali ? », il lance : « Sur quelles bases ? Ce monsieur exige l’application de la charia, l’interdiction de l’école publique et moderne, le califat, la fin de toutes les valeurs qui fondent notre vivre-ensemble. Nous n’avons rien à nous dire ».

Le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, François Soudan, pousse le locataire de Koulouba : « Et avec Amadou Koufa ? N’est-ce pas ce qu’avait tenté de faire en 2017 la mission de bons offices de l’imam Mahmoud Dicko, avec votre bénédiction ? ». IBK se montre un peu flexible en répondant : « Je n’ai pas particulièrement suivi ni approuvé cet aspect de la mission qui lui avait été confiée par le Premier ministre de l’époque, Abdoulaye Idrissa Maiga. Il s’agissait plutôt de faciliter la libération d’otages en échanges de celle d’individus détenus pour des crimes non létaux. Quoi qu’il en soit, nous allons vers un dialogue national inclusif au cours duquel aucun sujet ne sera tabou, y compris celui que vous évoquez. Le sentiment profond du pays sera pris en compte».

IBK exclut tout dialogue avec le leader du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans mais s’en remet au dialogue politique sur le cas de chef de la katiba Ansardine du Macina. En s’en remettant aux conclusions du Dialogue politique au moment où la France envisage de prendre des sanctions contre Amadou Kouffa, le Président IBK procède encore à une fuite en avant. Car la Conférence d’entente nationale tenu 2017 a fourni aux plus hautes autorités les piste de discussions avec les fils du pays, y compris Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa. La doctrine du Président Kéïta et son gouvernement dans la doctrine contre le terrorisme est restée intacte.

Le Président IBK aura-t-il manqué de courage ? Kouffa est un lieutenant d’Iyad et reconnait ce dernier comme le chef de leur lutte qu’ils mènent contre la présence des troupes françaises et de la Minusma sur le sol malien.

Toute négociation avec les djihadistes, qui exclut Iyad Ag Ghaly, est vouée à l’échec. De nombreux acteurs de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ne voient pas d’un mauvais œil les discussions avec Iyad. L’imam Mahmoud Dicko a l’habitude de soutenir que le chef militaire du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua), la frange la plus importante de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), Cheick Ag Aoussa, a été tué le jour où il a fait part de la disponibilité d’Iyad Ag Ghaly pour le dialogue. Iyad n’a pas que des amis au sein de la Cma. Autant le guide spirituel du Gatia, le général Gamou ne veut pas du mal d’Iyad, autant ce dernier ne veut pas de mal de lui. Ceux qui connaissent les deux hommes en savent quelque chose.

Le plus grand défi pour le Président IBK et son gouvernement est de convaincre ses soutiens internationaux de la nécessité d’un dialogue avec les chefs des groupes dits extrémistes, y compris Iyad et Kouffa.

Chiaka Doumbia

Source: Le Challenger

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