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Entre nous : De Wagner à la prorogation de la Transition : Le piège mortel ?

Le président de la République du Ghana, Nana Akufo-Addo, président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et du gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a effectué, hier dimanche, une visite de quelques heures à Bamako. Une visite qui intervient dans un contexte tendu entre le gouvernement de transition et l’organisme sous-régional, mis à rude épreuve avec les coups de force au Mali et en Guinée-Conakry. Face aux exigences relatives au respect du délai de la transition contenue dans la Charte et aux résolutions de la Cédéao, le gouvernement de Bamako met en avant la volonté souveraine du « peuple malien » de tracer son propre avenir. Le président de la transition et son gouvernement ne sont pas dans la logique de tenir les élections à la date prévue. Cela est clair maintenant. Or, l’institution sous-régionale continue d’afficher une certaine intransigeance vis-à-vis de la tenue des élections mais aussi de son opposition à l’arrivée au Mali de la société privée russe Wagner. Ce sont les résolutions phares de son dernier sommet sur le cas malien.

 

Que va faire donc la Cédéao ? Va-t-elle afficher une sorte de fermeté vis-à-vis des colonels de Bamako afin de montrer ses muscles aux Guinéens ? Va-t-elle continuer à afficher un seuil de tolérance face à ces situations au risque d’agacer davantage une frange importante de la communauté internationale ?  Voilà, quelques interrogations. C’est donc à une institution en quête de crédibilité que Bamako fait face.

Dans un article intitulé « De mal en pis – Le jeu du russe Wagner au Mali » publié, la semaine dernière, d’abord sur « AllAfrica.com » puis sur le site internet du centre d’études stratégiques de l’Afrique, deux chercheurs au Centre d’études stratégiques de l’Afrique, Joseph Siegle et Daniel Eizenga, estiment que la CEDEAO a un rôle clé à jouer pour bloquer l’accord avec Wagner. « La CEDEAO sert de garante à la transition malienne. Permettre à Wagner d’entrer au Mali aurait des conséquences longues et profondes pour la souveraineté, la sécurité, la gouvernance et la politique extérieure du pays, et aurait aussi des effets sur toute la région. Une décision aussi dangereuse ne devrait pas être laissée aux mains de Goïta, dont l’autorité qu’il revendique a été prise de manière anticonstitutionnelle », expliquent-ils avant d’ajouter : « La CEDEAO doit indiquer clairement que le rôle principal de Goïta est de faciliter une transition, et que tout accord avec un acteur étranger, d’autant plus au vu de sa sinistre réputation, doit attendre la mise en place d’un gouvernement démocratiquement élu. Si Goïta devait résister aux exigences de la CEDEAO, elle devrait le déclarer en violation du protocole de transition, le sanctionner, ainsi que d’autres membres de la junte, et les désister de leurs rôles de dirigeants de la transition. Les récents avertissements de la CEDEAO que la transition malienne doit rester sur la voie prévue pour les élections de février 2022 et que toute personne y faisant obstacle sera sanctionnée, est une bonne étape. Il faudra toutefois soutenir la CEDEAO. La communauté internationale démocratique devrait être prête à empêcher l’accès à la junte aux comptes publics de l’État malien. Cela mettrait en évidence la dépendance de la continuité de la junte envers la reconnaissance internationale. »

De Wagner à la prorogation sans oublier des menaces pesantes sur l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, le gouvernement de transition avec ses manœuvres actuelles s’enferme dans un piège mortel. Le président et le Premier ministre doivent avoir le courage de s’assumer. La fuite en avant ne règle rien. La propagande et le populisme ont des limites. « S’il n’est pas question pour les Maliens de se plier aux desiderata de qui que ce soit » comme l’a martelé le Premier ministre issu du M5-RFP récemment à Genève, il faut donc se préparer à subir certaines privations. Lesquelles ? Très tôt d’y répondre. Mais, le colonel Assimi Goïta n’est ni le Burkinabé Thomas Sankara ni le Ghanéen John Rerry Rawlings. Il n’a ni le charisme de l’un ni le leadership de l’autre, tous deux des véritables tribuns dont la justesse de la vision et l’éloquence ont emporté l’adhésion de leurs compagnons d’armes puis des milliers de leurs compatriotes.

Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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