Loin d’être une surprise, le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Cedeao est la conséquence des positions inconciliables des juntes au pouvoir et des représentants de l’organisation sous-régionale. Il faudra donc plus qu’un appel à l’unité pour les réconcilier.
De profonds désaccords ont entouré les questions liées aux sanctions, à la justification des coups d’État, au délai raisonnable pour le retour à l’ordre constitutionnel, ainsi que la compréhension de l’objectif d’une transition politique. La menace d’une intervention militaire brandie par la Cedeao après le coup de force contre Mohamed Bazoum et les sanctions inédites imposées au Niger ont davantage creusé les divergences et considérablement rétréci l’espace des compromis.
Ainsi, contre l’intransigeance de l’organisation sous-régionale face aux coups d’État s’est érigée une solidarité des régimes militaires sous la forme de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui se veut avant tout une réponse normative et politique à la communauté ouest-africaine. En signant la charte du Liptako-Gourma le 16 septembre 2023, le Mali, le Burkina Faso et le Niger annonçaient, déjà, la rupture avec la Cedeao.