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Enlèvement d’une délégation de Segué: quelles sont les raisons secrètes !

L’on était sans nouvelle d’eux avant avant-hier lundi lorsqu’ils ont quitté Ségué (région de Mopti) pour se rendre aux funérailles de l’Abbé Oscar THERA prévues hier mardi à San. Il s’agit du Curé Léon DOUYON, du Chef de village Timothé SOMBORO ; du chauffeur également Conseiller communal Pascal SOMBORO, d’une vieille femme veuve d’un catéchiste Sabine TOLOFOUNDIE ; et d’un animateur-catéchiste Emmanuel SOMBORO. Ils ont été enlevés par des jihadistes sur l’axe Bankass-Sévaré. La confirmation de l’enlèvement de la délégation de Segué est tombée en début de soirée le lundi même par l’entremise d’un témoin local.

Selon les récits d’un ressortissant de la localité, la délégation a quitté Segué le lundi matin pour rallier Badiangara où elle devait faire jonction avec celle sur place. Le chef de la mission a appelé Badiagara pour annoncer que la délégation est effectivement en route. Passé le délai raisonnable où elle devait arriver à Badiangara, ceux de là-bas ont appelé pour s’assurer que tout allait bien. A chaque appel téléphonique, nous fait savoir notre source, c’est un bref salam aleim koum qui répond, aussitôt la communication est interrompue. Il n’en fallait pas plus pour laisser croire à un enlèvement par les jihadistes de la délégation.
Pour autant, nous rapporte notre source, les parents et amis ont voulu en avoir le cœur net. La confirmation de l’enlèvement est tombée par un témoignage d’un peulh, chef d’une milice autonome qui affirme avoir aperçu un véhicule passer qu’il a poursuivi et rattrapé pour assouvir sa curiosité. Sa description des personnes dans le véhicule en question, apprend-on, correspond à celle des membres de la délégation devant se rendre à San. Selon les sources locales, c’est ce témoin qui a été choisi pour retrouver les ravisseurs et permettre d’établir le contact avec eux en vue d’obtenir la libération des désormais otages.
A en croire nos interlocuteurs, la situation pourrait se corser par rapport à deux précédents jugés fâcheux pour les jihadistes.
Le premier est en rapport avec un certain Théodore SOMBORO, le frère de l’actuel Chef de village, assassiné en guise de représailles par les jihadistes qui lui reprochaient de collaborer avec l’Armée pour les traquer. L’on apprend qu’il était le chef des chasseurs qui défendaient les populations de l’agression de la horde obscurantiste. C’est d’ailleurs à sa mort que l’organisation Dan Nan Ambassagou a été mise en place pour la même mission de sécurisation des personnes et des biens.
Mais, l’assassinat Théodore SOMBORO n’a pas suffi à assouvir la soif de vengeance des jihadistes qui se sont jurés de faire la peau aux membres de sa famille. Aussi s’interroge-t-on, l’enlèvement des membres d’une délégation devant se rendre à des funérailles relève-t-il d’un pur hasard ?
Le second problème que soupçonnent nos interlocuteurs, c’est le refus de la population de la commune de Ségué de signer un accord avec les jihadistes, selon leurs propres termes. Ce qui leur serait resté en travers de la gorge et punissable ; d’autant plus que les populations de nombreuses communes ont fait allégeance pour circuler librement et vaquer à leurs occupations.
Ainsi, au moment où la communauté chrétienne fait le deuil de l’Abbé Oscar THERA, originaire du diocèse de San et ordonné prêtre le 11 septembre 1994, secrétaire général de l’UCAO-UUBa au moment de l’accident dans lequel il a trouvé la mort, après une longue maladie, elle est frappée par la tragédie d’un enlèvement.
Parallèlement aux prières qui s’organisent un peu partout au Mali, à l’initiative des parents des otages, les autorités nationales sont une nouvelle fois interpellées sur ce cas et celui de tous les otages anonymes et connus qui semblent laisser à leur triste sort.
C’est le lieu de rappeler le cas de la sœur Gloria Cecilia Narváez, religieuse colombienne, enlevée, le 7 février 2017 qui prodiguait des soins aux otages de luxe libérés, pendant qu’elle croupit toujours dans la galère de la captivité. Sophie Pétronin, ex-otage libérée par les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) avait pourtant alerté sur son état de santé.
C’est également le lieu de rappeler l’article premier de la Constitution du 25 Février 1992 : ‘’la personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne’’.
Il y a des gens qui sont injustement privés de liberté, de sécurité et leur intégrité physique est compromise.

PAR BERTIN DAKOUO

Source: Info-Matin 

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