C’est une preuve de vie qui rassure et soulage, autant qu’elle souligne sa trop longue absence et la nécessaire mobilisation pour obtenir sa libération. Dans une vidéo non datée d’un peu plus d’une minute, parvenue ces derniers jours à ses proches, le correspondant de Libération au Mali, Olivier Dubois, otage d’un groupe jihadiste depuis plus de onze mois, apparaît donc en vie. Et, à première vue, en bonne santé.
«Je m’appelle Olivier Dubois. J’ai été enlevé le 8 avril 2021 à Gao, par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Ce message s’adresse à ma famille, mes proches ainsi qu’à mon gouvernement», dit d’abord notre collègue, d’une voix calme et assurée, fixant l’objectif qui le filme.
«A ma famille, merci pour tous vos messages radio. Tous les mois, ils sont une bouffée d’air frais et d’espoir», ajoute Olivier, confirmant ainsi, comme ce fut le cas dans le passé pour d’autres otages retenus au Sahel, qu’il a reçu des messages et des échos de la mobilisation pour lui, sans doute par l’intermédiaire de Radio France internationale qui, à intervalles réguliers, diffuse des messages de ses proches.
Le journaliste de 47 ans, seul otage français connu dans le monde, s’adresse ensuite directement à sa compagne, Deborah, à ses enfants, son père, sa mère et ses sœurs, puis «à tous ceux qui, de près ou de loin, œuvrent pour [s]a libération». «S’il vous plaît, continuez de le faire», ajoute-t-il.
Enfin, dans les dernières secondes de la vidéo, Olivier Dubois, journaliste indépendant qui travaillait, outre Libération, pour le Point et Jeune Afrique, s’adresse aux autorités françaises : «A mon gouvernement, je demande de continuer à faire son possible pour œuvrer à ma libération. Je suis conscient que mon cas est une petite chose face aux défis et aux événements auxquels il doit faire face. Mais hier comme aujourd’hui, je continue à garder espoir», conclut notre confrère.
Pétition et mobilisation
La diffusion de cette vidéo, qui pourrait dater d’environ un mois, montre «que les ravisseurs souhaitent faire avancer les négociations, analyse un ancien otage français, très bon connaisseur du dossier. Aussi longtemps après sa capture, il était grand temps. Mais les négociations d’otages au Sahel ont la réputation d’être atrocement lentes.»
Le 8 avril prochain, à deux jours du premier tour de l’élection présidentielle française, cela fera un an qu’Olivier Dubois est détenu par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim selon l’acronyme arabe), une coalition affiliée à Al-Qaeda, responsable de la plupart des enlèvements dans la région. Dont la Française Sophie Pétronin, enlevée dans la même ville de Gao, et libérée en octobre 2020 après près de quatre ans de captivité.
Pour accélérer les négociations et empêcher que le journaliste tombe dans l’oubli, des proches d’Olivier Dubois ont lancé une pétition à la fin de l’année 2021. Plus de 55 000 signataires, dont Libération, ont déjà paraphé ce texte «exhort[ant] les chefs d’Etats [français et malien] à faire en sorte qu’Olivier devienne la priorité de ces deux Etats et obtenir sa libération». La semaine dernière, à Paris, un rassemblement a eu lieu face au Panthéon, sur lequel le visage d’Olivier a été projeté. «Il en va du sort d’un homme, de la liberté de la presse», a déclaré à cette occasion le secrétaire général de Reporters sans Frontières, Christophe Deloire.
Début janvier, lors de ses vœux à la presse, le président français était sorti du silence que l’ensemble de l’appareil d’Etat s’astreint à observer, officiellement pour ne pas gêner les négociations. «Nous n’oublions pas Olivier Dubois. Un travail inlassable est mené par nos équipes diplomatiques, nos militaires et les services compétents. Vous connaissez ma très grande réserve pour donner plus de détails, mais je veux que vous soyez certains que nous sommes pleinement mobilisés pour œuvrer à sa libération», avait alors assuré Emmanuel Macron.
Liberation