Ouagadougou n’est certainement pas située dans la fameuse République de l’Azawad, mais au regard des quartiers libres et les petits soins qu’on y accorde aux rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), on doute fort si la capitale du Faso n’est une partie du problème malien qu’elle n’est en réalité la solution.
Au moment où les nouvelles autorités du Mali explorent les mécanismes d’une sortie de crise notamment à travers la convocation des assises nationales sur la décentralisation qui s’ouvrent demain, c’est à Ouagadougou que les mouvements rebelles organisent une rencontre de sabotage et de défiance envers Bamako et ses initiatives.
Depuis des lustres, les Maliens sont dans l’amertume vis-à-vis de la médiation du Burkina Faso notamment de son président, Blaise Compaoré, désigné médiateur dans la crise malienne par la Cédéao. Des manifestations ont été organisées pour le signifier, mais apparemment la partie Burkinabé ne semble pas s’émouvoir. Les Maliens accusent le Burkina d’avoir pris fait et cause pour la rébellion touarègue. En tout d’être en train de la dorloter pour on ne sait quelles raisons.
Ce fut le cas par exemple quand au cours des affrontements meurtrières entre les assaillants en 2012 (MNLA et Mujao) à Gao, Blaise Compaoré y a dépêché un hélicoptère pour aller chercher le patron du MNLA, Bilal Ag Achérif qui avait été grièvement blessé et se trouvait entre la vie et la mort.
En son temps, le médiateur avait justifié ce geste par son souci d’être à équidistance avec les différents belligérants et d’apporter sa contribution à toutes les parties en vue de promouvoir le processus du dialogue. L’argument n’a jamais convaincu du côté de Bamako qui trouve que Ouagadougou met trop la rébellion du MNLA à ses petits soins.
La preuve, c’est que la capitale Burkinabè est presque devenue celle de l’Azawad aussi où les leaders du MNLA sont princièrement logés par le gouvernement du Faso. Ils sont dans les luxueux hôtels de Ouagadougou et font tout ce qu’ils veulent au Burkina sans aucune restriction de la part des autorités de ce pays ne serait-ce que pour le respect du principe de l’impartialité qui doit caractériser la médiation.
Comment la médiation peut-elle préserver sa crédibilité envers le Mali quand c’est elle-même qui héberge arrogamment les rebelles ? Toutes les réunions des bandits armés se tiennent à Ouagadougou, même les plus déstabilisatrices du processus de paix. La preuve, c’est qu’au moment où les assises nationales sur les états généraux de la décentralisation s’ouvrent demain à Bamako, les trois mouvements armés que sont : le MNLA, le HCUA, le MAA, étaient aujourd’hui en conclave à Ouagadougou pour, dit-on, harmoniser leur position vis-à-vis des futures négociations avec le pouvoir central de Bamako.
Le communiqué rendu public à cet effet fait un black out total de ces assises. Ce qui n’est pas surprenant puisque lors d’une de ces rencontres subversives du MNLA les 11, 12 et 13 octobre derniers, celui-ci avait rejeté lesdites assises et celles portant sur le développement des régions du Nord, de même que le calendrier des législatives etc.
La question est de savoir comment on peut torpiller de telles initiatives susceptibles d’aboutir à un développement durable puisque mettant les communautés au cœur de leur propre développement et en même temps continuer à tympaniser les gens avec ce concept d’autonomie.
Le président IBK l’a dit dans son adresse à la nation au début de ce mois : « Nous avons eu suffisamment d’illustrations que l’État central n’est pas celui de nos vœux. Nous avons voulu, avec la réforme de la décentralisation que je peux qualifier de réforme majeure de la 3è République, remettre les communautés au centre et à la fin de nos politiques. Je travaillerai, sans relâche, à la stratégie d’un développement local qui rendra Kidal, Tombouctou, Gao, Mopti, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Kayes et le District de Bamako en responsabilité totale de leur développement dans un État éclairé, riche, pertinent et fier de sa diversité.
Les états généraux de la décentralisation incessamment attendus tireront toutes les leçons de notre dispositif de gouvernance, en faisant appel à toutes les compétences internes et y compris celles internationales. C’est une opportunité irremplaçable pour évaluer le passé et projeter un futur inclusif. Ma main reste tendue. Laissons de côté la kalachnikov et venons à ce dialogue ».
Source: Maliweb