Comme une sorte de malédiction, notre République est aujourd’hui secouée par de mauvais vents. Et, puisqu’un malheur n’arrive jamais seul, le concours des circonstances n’est point rassurant. Heureusement que « le bateau peut tanguer mais ne va jamais chavirer » !
En l’espace de deux semaines, le pays a vécu des événements aussi malheureux les uns que les autres. A peine nos larmes du fait de l’attaque de Dioura se sont-elles asséchées que nos consciences sont touchées par des remous de…défiance du pouvoir. Un collectif de Kati (qui ne doit pas faire peur à Bamako) ou des organisations à forte capacité de nuisance menacent la stabilité des institutions. Des projets de marches, dont on peine à voir l’utilité dans le contexte de recueillement actuel, fusent. Certains seront annulés ou reportés, d’autres maintenus… Histoire d’un défoulement ou une exhibition « démocratique » ? Nul ne saurait le dire. Mais il est de notoriété qu’un pays en crise aggravé devrait faire une introspection nationale pour se sauver des difficultés menaçant son existence. Certains Maliens ont, eux choisi de mettre en cause les institutions comme le gouvernement en réclamant sa tête… Grave erreur d’appréciation !
Au même moment, notre quotidien est miné d’une actualité peu reluisante : l’école garde ses portes closes du fait d’une grève répétitive. Condamnant nos progénitures, innocentes, à rester désespérément à la maison, livrées à l’ennui et au vice.
Comme pour ne rien arranger à la situation, les médecins, qui devraient nous soulager de nos douleurs psychologiques et/ou somatiques, annoncent devoir aller aussi en grève ? L’Hôpital Gabriel Touré, l’hôpital du Mali et autres projettent portes closes pour laisser passer de vie à trépas les cas dits non urgents ! D’autres secteurs d’activités veulent leur imiter le pas. A croire que la grève est devenue un phénomène de mode ou une véritable épidémie sous nos cieux. Malgré les efforts doublés d’impuissance des ministres du Travail, Racky Talla Diarra, de l’Education nationale, Abinou Témé, de la Santé, Ousmane Sow, de l’Energie, Sambou Wagué, le peuple malien doit,désespérément, prendre son mal à patience. En vivant la diversion et des guéguerres comme celle entre magistrats et responsables du patronat et d’autres épiphénomènes perturbateurs. Le peuple doit même supporter les nombreux délestages en fourniture d’eau et d’électricité. Bref, il doit s’accommoder d’un mal-vivre dont il espère toujours sortir. Comme ses dirigeants successifs le-lui ont promis !
Des dirigeants contre lesquels de nombreux acteurs politiques et de la société civile augmentent la pression revendicative. Au point de leur inoculer une sorte de curare à l’effet totalement paralysant. Ce qui a fait titrer un confrère, la semaine passée «Y a-t-il un pilote dans l’avion Mali ? ».
En effet, le président de la République et son Premier ministre ont-ils la maîtrise de la situation du pays ? Où en est-on avec le dialogue politiques et les consultations, qui avaient démarré récemment avec un certain espoir ? Où en est-on avec la conférence sociale annoncée pour janvier puis février 2019 ? Où en sommes-nous avec le processus de paix et de sécurisation des personnes et des biens ?… Des interrogations non exhaustives qui n’empêchent d’oser un conseil : « S’il vous plait, desserrez l’étau, car nul intérêt dans une quelconque instabilité des institutions! »
Bruno D SEGBEDJI
Source: Mali Horizon