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Conflit dans le Centre : -Qui arme la milice Dozo Dan Nan Ambassagou de Youssouf Toloba ? -L’Etat peut-il dissoudre une milice armée ?

Un carnage a fait le samedi 23 mars dernier plus de 136 morts dans un village situé à 20 kilomètres de Bankass. A l’origine de l’attaque, un groupe armé peul en cantonnement dans le village par un groupe de trente assaillants, selon des témoins, ayant tout détruit sur son passage. Une scène de désolation totale digne d’un film de western. Suite à cette attaque un Conseil de ministres extraordinaire a eu lieu dimanche pour dissoudre la milice armée progouvernementale Dan Nan Ambassagou et apporter de profonds changements au niveau de l’Etat-major général des armées.

« Depuis un certain temps, l’association DAN NA AMBASSAGOU s’est écartée de ses objectifs initiaux, en dépit des mises en garde répétées des autorités administratives locales. », cette phrase du communiqué du Conseil des ministres extraordinaire du 24 mars 2019 en dit long sur la responsabilité de l’Etat dans ce carnage du samedi. La question qui taraude les esprits est de savoir : comment un Etat peut convoquer un conseil de ministre extraordinaire pour la dissolution d’une milice armée ?  Et pourtant, c’est ce qui s’est passé hier à Koulouba.

« En application des dispositions de la Loi n°04-038 du 05 aout 2004 relative aux associations, le Conseil des Ministres a prononcé sa dissolution. » cette phrase donne une caution officielle que l’Etat reconnait les milices du mouvement d’autodéfense Dan Nan Ambassagou du Pays dogon et confirme son implication dans les atrocités commises dans le Pays dogon samedi matin.

De quoi s’agit-il ?

Après Namapala, Boni, Soumpy, Kouloghon, Dioura, notre pays vient de connaitre le samedi 23 mars 2019, le plus grave des massacres de populations civiles dans le village d’Ogossagou une localité située dans le cercle de Bankass. Plus de 136 personnes majoritairement des peulhs ont été tuées comme des gibiers par « des hommes armés et habillés en tenues de dozo ». Cette énième attaque intervient six jours après le carnage de Dioura qui a causé une trentaine de morts dans les rangs de nos forces armées et de défense. Un deuil national a été décrété le jeudi par le gouvernement à la mémoire de nos soldats tombés. Samedi matin, les Maliens se lèvent avec la tragédie de Ogossagou. Même si ce massacre n’a pas été officiellement revendiqué par un groupe armé. Tout porte à croire que ce massacre porte la marque du mouvement d’autodéfense Dan Nan Ambassagou, une milice dirigée par Youssouf Toloba qui se dit proche du gouvernement. Le mouvement a cependant condamné l’attaque et nié toute implication dans ce pogrom dont certains l’accusent.

 

Dans un communiqué en date du 20 mars 2019, distillé sur les réseaux sociaux avec le cachet et la signature du chef d’Etat major général du mouvement Dan Nan Ambassagou au Pays dogon, Youssouf Toloba invite le gouvernement à prendre des dispositions pour sécuriser les populations tout en mettant hors d’état de nuire les bandits armés. Plus haut dans ce communiqué, évoquant des travaux champêtres, le communique mentionne que « face à cette situation, les combattants du mouvement Dan Nan Ambassagou au pays Dogons se sont réunis le 20 mars 2019 pour analyser le problème. A l’issue de cette rencontre les éléments de Dan Nan Ambassagou ont de décider de faire des patrouilles dans tout le Pays dogon dans le but de sécuriser les populations et leurs biens et se disent prêts à affronter tous les bandits armés qui sèment la terreur. » Ces propos venant d’une milice connue de l’Etat devraient attirer l’attention de plus d’un. 72 heures après que les propos ont été tenus, qu’un village entier soit rasé devrait susciter des interrogations. Ce massacre intervient-il en représailles à l’attaque de Dioura ? Cette attaque visait-elle les combattants terroristes ou les habitants Ogossagou ? Le séjour de 72 heures du chef du gouvernement au centre du pays a-t-il un lien avec ces atrocités ? Car le chef de guerre de Dan Nan Ambassagou, M. Toloba à dit à qui veut l’entendre que son seul interlocuteur avec l’Etat demeure le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga et qu’à part lui, personne ne peut le désarmer.

Voici quelques questions dont les réponses pourront constituer des pistes pour comprendre ce massacre des innocents.

Des hommes calcinés…

Car selon nos informations, ce gros village a servi de refuge à des centaines de déplacés majoritairement peulhs dont certains seraient venus même du Burkina Faso. Après l’attaque de samedi matin, le bilan provisoire est le suivant selon les témoins sur place : plus de 136 personnes tuées dont des femmes enceintes, des enfants à bas âge (vingtaine) et de vieillards parmi lesquels on déplore la mort du chef de village Amadou Barry (70 ans), égorgé devant sa mère. Selon les témoins, la matriarche aussi aurait été exécutée et le grand marabout et humanitaire, Bara Sékou Issa (78 ans) qui nourrissait pratiquement tous les déplacés et 18 membres de sa famille ont péri sous la furie des assaillants, trois garçons, une de ses filles et ses deux enfants âgés de 3 et 4 ans ainsi que sa femme qui allaite un nourrisson de 2 semaines n’ont pas été épargnés. Les terroristes dozos ont incendié tout le village, calciné plusieurs personnes, égorgé et amputé les mains, des chevaux ont été tués, 84 greniers brûlés, 410 cases incendiées, 80 caprins calcinés, trois voitures du marabout et deux motos incendiées, des animaux domestiques tués. Les assaillants dont certains sont assimilables des étrangers  étaient munis des armes de guerre, de grenades, des gilets pare-balles, très bien formés et entraînés pour tuer.

Les condamnations….

Une attaque lâche et barbare condamné par la Jeunesse Tabital. Elle demande à la communauté internationale de faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard.

« Il est inadmissible que des milices sans foi ni loi continuent de semer en dictant la loi du sang en toute impunité. Je renouvelle l’interrogation formulée dans mes récentes déclarations : qui arme ces milices ? L’Etat doit enfin répondre à cette question et s’engager sans délais à les désarmer. », s’interroge pour sa part Aliou Boubacar Diallo, président d’honneur du parti ADP-Mali dans son communiqué à travers lequel, il condamne vigoureusement ce massacre.

Une attaque condamnée aussi par le gouvernement du Mali à travers un communiqué

« Dans la matinée du samedi 23 mars 2019, des éléments armés non encore identifiés ont attaqué le village d’Ogossagou, dans le cercle de Bankass, région de Mopti. Cette lâche attaque a fait plus de cent morts parmi les populations civiles. Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances de ces crimes.

Le Gouvernement condamne avec la dernière rigueur cet acte odieux et exprime sa compassion aux familles des victimes innocentes.

Le Gouvernement réitère sa détermination à mettre tout en œuvre pour traquer les auteurs de cette barbarie d’un autre âge et de les punir, conformément aux lois en vigueur. Dans le même esprit, le Gouvernement va continuer d’assurer la protection des populations, de recréer les conditions d’une véritable cohésion sociale et de promouvoir la réconciliation nationale.

Dans ces moments difficiles face à des ennemis invisibles dont la lâcheté est sans commune mesure avec notre volonté de vivre en commun dans la quiétude et la sérénité, la nation malienne doit rester plus que jamais unie et solidaire. »

Pour prendre les choses en main, le Président de la République, IBK a tenu hier dimanche à Koulouba un conseil des ministres extraordinaire.

A l’issue de ce Conseil des ministres, le président IBK a limogé son chef d’Etat major général des armées, Moussa Bemba Keita et le remplace par son adjoint, le général de division, Abdoulaye COULIBALY. Au niveau de la chaine de commandement, plusieurs autres officiers supérieurs en ont fait le frais. C’est ainsi le chef d’Etat-major de l’Armée de Terre, le jeune Baby a été sacrifié au profit du général de Brigade Kéba SANGARE. Le général de brigade Daouda DEMBELE est promu le nouveau chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air et au niveau de la Sécurité Militaire, c’est le colonel-major Boukary KODIO qui a été propulsé directeur général. A noter que tous ces nouveaux promus ont bénéficié des avancements de grades par le chef de l’Etat.

Habi Kaba Diakité

Source: L’Enquêteur

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