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En 6 axes déclinés, 23 objectifs, adossés à 275 actions et 291 indicateurs d’évaluation : Moctar Ouane porte un ambitieux Plan d’actions gouvernementales

Choisi par le président de la transition Bah N’Daw, le 25 septembre 2020, pour conduire l’action du Gouvernement, le Premier ministre Moctar Ouane et son équipe faisaient face aux membres du CNT (Conseil national de transition), l’organe législatif, le 19 février 2021. Ils ont ainsi sacrifié à une tradition républicaine consacrée par l’article 78 de la constitution en vigueur et repris par l’article 15 de la charte de la transition. Il s’agit de partager avec les représentants du peuple, les grandes lignes des actions qui engagent le gouvernement devant les législateurs.

Déclinée en six axes notamment le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire nationalla promotion de la bonne gouvernance, la refonte du système éducatif, les réformes politiques et institutionnelles, l’adoption d’un pacte de stabilité sociale et l’organisation des élections générales, ce plan contient par ailleurs 23 objectifs adossés à 275 actions et 291 indicateurs d’évaluation. Et, selon son principal porteur, le document ambitionne d’atteindre, dans une échéance précise, des objectifs bien définis avec des moyens identifiés, et cela dans le respect du temps imparti et des équilibres macroéconomiques et financiers.

Dans le cadre du renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, premier axe du plan d’action, le gouvernement Ouane s’engage à diligenter la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger tout en assurant sa relecture ainsi que son appropriation par les Maliens. Pour ce faire, un coup d’accélérateur sera donné au processus des DDR (Désarmement, de démobilisation et de réinsertion) dans le Nord et le Centre du pays. Dans la même veine, le gouvernement Ouane promet une dissolution définitive de toutes les milices d’auto-défense, de parachever la réintégration des ex-combattants déserteurs des FAMAs ainsi que l’intégration et la formation des 5 325 combattants restants et de 6 350 ex-combattants dans les forces paramilitaires et la Fonction publique de l’Etat. Dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des FAMa, leurs effectifs seront revus à la hausse pendant la Transition pour 25 000 nouvelles recrues et seront construits 42 postes de sécurité sans compter l’acquisition de matériels et équipements militaires ainsi que l’accentuation de la sécurité des frontières et le renforcement des capacités de renseignement des forces.

Au chapitre de la promotion de la bonne gouvernance, deuxième axe du plan d’action, les priorités du gouvernement ont trait à «la restauration de l’autorité et de l’utilité sociale de l’État». Cela implique un accès adéquat aux services sociaux de base qu’il s’agisse de l’administration territoriale, de la Justice, de la santé et du développement social, entre autres. Et ce n’est pas tout. L’impunité et la corruption sont dans la ligne de mire de l’équipe de Transition, dont le chef d’orchestre s’engage à intensifier les missions de vérification de la gestion des structures de l’administration territoriale (collectivités et services), les missions d’audit de performance et de contrôle de conformité et à organiser des assises spéciales sur la grande criminalité.

Parallèlement, la gouvernance vertueuse se traduira par une réduction conséquente du train de vie de l’État jusqu’à concurrence de 20 % du PIB, ainsi que par l’opérationnalisation de la facture normalisée et sécurisée, la bancarisation des salaires des agents des forces de défense et de sécurité, la mise en place d’un système de rapportage de suivi technique et financier des ressources transférées aux collectivités territoriales, la poursuite de la dématérialisation de la passation des marchés publics et la rationalisation de la gestion du parc auto de l’État. Dans la même lancée, le chef du Gouvernement a fait part aux membres du CNT de son intention d’auditer la gestion des fonds alloués aux secteurs de la sécurité, de la défense et de la justice dans le cadre des lois d’orientation et de programmation. Il s’agit notamment de la loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM) votée en 2015 et qui a mobilisé 1 230 milliards de FCFA en 5 ans et de la loi de programmation relative à la sécurité intérieure a été adoptée, en 2017, avec un budget de 446 milliards de FCFA pour la même durée.

Pour ce qui concerne le troisième axe du PAG, notamment la refonte du système éducatif, le gouvernement entend négocier un moratoire avec les partenaires sociaux de l’éducation. A cet effet, les priorités, selon le PM, sont d’organiser les assises nationales de l’Éducation afin d’établir un diagnostic et un état des lieux sans complaisance du secteur et de dégager des propositions en vue d’une refondation pertinente et efficace du système d’éducation et de formation. Dans la même veine, Moctar Ouane a également annoncé la relecture et validation du guide d’évaluation selon l’approche par compétence (APC) pour l’enseignement technique et professionnel.

Au sujet des réformes politiques et institutionnelles, l’exécution transitionnel compte parachever le processus de réorganisation territoriale en procédant à l’organisation de concertations sur la réorganisation territoriale, l’installation sécurisée des représentants de l’État dans les circonscriptions administratives ainsi que la poursuite de la création et de l’opérationnalisation de nouvelles circonscriptions administratives. Il compte également réformer le système électoral par la relecture de l’ensemble des textes régissant le processus.

Une autre priorité du gouvernement sur ce chantier, selon le PM, a trait à l’élaboration de l’avant-projet de la nouvelle Constitution à faire valider par le législateur avant sa soumission à une conciliation référendaire.

Pour le pacte de stabilité sociale, cinquième axe du plan d’action, le gouvernement projette d’organiser une conférence sociale et engager le débat sur les questions de société. L’objectif, selon le chef du gouvernement, est de créer un cadre serein d’échanges et de discussions sur le présent et l’avenir du monde malien du travail. A cet effet, seront organisés une conférence, un dialogue sur les questions de survivance de pratiques esclavagistes et de l’exclusion sociale dans les régions où elles subsistent, un forum national sur la prévention des phénomènes de mendicité et de délinquance juvénile et un colloque sur le statut des langues nationales et les modalités de leur officialisation.

Un autre point saillant de ce volet, c’est la volonté manifeste du gouvernement de prendre langue avec les groupes radicaux maliens. Pour motiver cette démarche, le PM s’est appuyé sur les recommandations de la conférence d’entente nationale (2017), du dialogue national inclusif (2019) et celles encore plus récentes des journées de concertation nationale (2020).

Sur le dernier axe qui est l’organisation des élections générales, le gouvernement s’engage sur l’élaboration d’un chronogramme, qui sera précédée de l’audit, de la révision et de l’actualisation du fichier électoral.

 

Amidou Keita

Source: Le Témoin

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