Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le maire de la Commune urbaine de Koulikoro Eli Diarra, explique les raisons de la baisse du prix des transports Koulikoro-Bamako, les différentes infrastructures réalisées en 2018 et celles en projet pour 2019… En somme, il ressort que la baisse de ces tarifs a été bien appréciée par les populations qui ne cessent de remercier les autorités communales pour cette décision.
Aujourd’hui-Mali : M. le maire nous avons appris que vous avez fait baisser les prix du transport Koulikoro-Bamako. Pouvez-vous nous expliquer comment c’est venu et qu’est ce qui a motivé cette décision ?
Eli Diarra : Je rappelle que dans un passé récent le transport entre Bamako et Koulikoro était de 900 FCFA pour le taxi et 700 FCFA pour la Sotrama. Mais ce montant a connu après une hausse à l’époque, car le tronçon était mauvais. En plus, il y avait deux postes de contrôle, un Moribabougou et l’autre à Manabougou. Aussi ces véhicules n’étaient pas adaptés, c’est ainsi que les prix sont passés de 900 FCFA à 1300 FCFA pour le taxi et à 1200 FCFA pour la Sotrama.
Avant mon avènement comme maire, j’étais dans le bureau communal et à cette époque, compte tenu de toutes ces difficultés, nous avions fait baisser les taxes sur les tickets de sortie de 500 à 250 F CFA. Car on ne pouvait pas faire Bamako-Koulikoro sans voir un véhicule tombé en panne.
Aussi Dieu faisant bien les choses, l’Uémoa a demandé de diminuer les postes de contrôle au niveau de cet espace communautaire. A cet effet, les deux postes qui se trouvaient entre Koulikoro et Bamako ont été supprimés, ensuite le gouvernement a fait des efforts en construisant le tronçon. Donc il n’y a plus d’obstacle. Le trafic entre ces deux villes, c’est inter urbain.
On dit souvent que le trajet fait 60 km, en réalité, c’est moins de 60 km. Car 60 km, c’est à partir du Grand hôtel jusqu’à Katibougou. Sinon en réalité de Bamako-Koulikoro ne que fait 45 km. Si vous prenez aussi le trajet Koulikoro-Sirakorola, c’est 55 km, mais le transport ne fait que 1000 F CFA bien que la route soit accidentée avec des collines. Ce n’est pas tout, Ségou-Bamako, c’est 240 km, mais le transport ne fait que 2500 ou 3000 F CFA. Donc quand on essaye de comparer tout cela au trajet Bamako-Koulikoro, qui ne fait que 45 km, on se rend compte vite que 1300 F CFA, c’est cher payé comme frais de transport.
C’est ainsi que je me suis dit que le rôle du maire ce n’est pas de s’asseoir dans le bureau pour signer des documents, mais c’est surtout faire en sorte que les populations puissent être à l’aise, c’est partant de cela que j’ai rencontré les syndicats pour leur expliquer tout cela en tant que porte-parole de la population qui réclamait cette baisse des tarifs. Et les syndicats sont partis se concerter, aux termes de cette rencontre, ils m’ont fait savoir qu’ils proposent 1000 F CFA pour le taxi et 900 F CFA pour la Sotrama.
Donc, avec la suppression des postes de contrôle et la réalisation du goudron, la baisse du prix du transport Koulikoro Bamako était obligatoire.
Ce sont les syndicats même qui ont proposé ce prix suite à votre demande ?
Evidemment, ce sont eux-mêmes qui ont proposé ce prix sinon si ça ne tenait qu’a moi, j’allais proposer 750 pour le taxi et 500 F CFA pour la Sotrama. Donc c’est après cette proposition, que j’ai demandé qu’on appelle la presse, l’association des consommateurs, la société civile, la jeunesse, les femmes, les conseillers municipaux pour leur annoncer la nouvelle. Tout cela pour qu’un jour il n’y ait pas d’autres interprétations. Car certains sont capables de dire que c’est un prix qui leur a été imposé.
Quelques jours après cette annonce, les nouveaux prix sont entrés en vigueur. Cependant, nous avons compris qu’après ces nouvelles mesures, certains transporteurs au niveau de Bamako ont refusé d’appliquer ces tarifs avec pour arguments que c’est seulement le ministre des Transports qui peut faire baisser les tarifs. C’est vrai que le ministre donne un plafond mais jamais le gouvernement ne peut s’opposer à la baisse des tarifs. Je pense qu’avec le temps, ceux qui sont au niveau de Bamako, qui refusent d’appliquer ces tarifs, vont comprendre.
Je demande aux syndicats qui sont à Bamako de penser à la souffrance des populations. Et nous savons tous que beaucoup de transporteurs sont devenus des millionnaires sur ce transport à travers l’exploitation du sable et d’autres formes de transport. Qu’est ce qui les empêche de faire ce petit sacrifice pour les populations ?
A titre de rappel, l’année dernière, lorsqu’on a essayé de régulariser les taxes pour les camions de transport de sable, au début il y avait des résistances, mais à la fin, ils ont compris. Sinon bien avant la régularisation, la taxe de sortie était 2000 F CFA par journée par benne, mais nous avons instauré un tarif de 1000 F CFA pour chaque chargement. Récemment, nous avons interdit le transport mixe des ouvriers qui montent sur les camions bennes, on avait aussi eu des résistances à ce niveau, mais à la fin nous avons été compris.
Sur le plan économique quel sera l’impact de cette baisse des tarifs ?
Dans la vie tout est lié au transport. Cette baisse peut avoir un impact sur les prix des produits et la mobilité des populations qui se fera facilement. Depuis le nouveau tarif, nombre de gens préfèrent garer leur moto et emprunter le taxi. C’est l’occasion pour moi de saluer le syndicat des transporteurs de Koulikoro.
Tout ce que nous faisons au niveau de la mairie et tout ce que les autorités font aussi, c’est au bénéfice des populations. Sinon, le nombre de milliards investis sur la route Koulikoro-Bamako, économiquement, il n’y a pas de rentabilité. C’est vrai on ne peut pas tout laisser au gouvernement, si chacun de nous fait un petit effort je suis sûr qu’il y aura un mieux-être. A titre d’exemple, avec cette baisse des tarifs, ce sont toutes les couches de la société koulikoroises notamment les femmes, les jeunes et surtout les élèves qui ont apprécié et elles ne cessent de nous faire part de leur satisfecit. Vous savez que Koulikoro a été sérieusement affecté après la crise de l’Huicoma sur le plan économique. Nous n’allons pas nous limiter seulement au transport, nous comptons toucher tous les autres secteurs, notamment les commerçants…
Vous avez fait beaucoup d’inaugurations ces derniers temps. Pouvez-vous nous parlez un peu de ces réalisations ?
L’année dernière nous avons inauguré un centre d’état-civil secondaire, les feux tricolores font partie aussi. A l’école de Souban, nous avons construit six salles de classes et une direction. A l’école de Kolébougou, nous avons bâti une direction. A l’école du Centre, nous avons construit deux directions. Nous avons réalisé un jardin d’enfants à Koulikoroba afin de le délocaliser car l’infrastructure se trouvait dans l’enceinte du camp. Le temps nous a donné raison par rapport à ce projet, car treize jours après la délocalisation, un attentat s’est produit devant le camp qui a endommagé une partie du jardin d’enfants en question.
Ce n’est pas tout, nous avons aussi inauguré un Cscom à Kolébougou, cela avait trouvé qu’on avait clôturé le dépôt d’ordures, tout comme l’abattoir. Il faut aussi ajouter la fourrière. Nous avons rénové un jardin d’enfants à Kayo. S’agissant de la coupure des rubans symboliques, il reste une salle de gym qui se trouve sur le même site qu’un terrain de basket-ball et de volley-ball. Ces travaux seront réceptionnés bientôt, car Koulikoro s’apprête à accueillir la conférence de basket.
Pour 2019, nous allons lancer aussi d’énormes chantiers, les contrats ont été déjà signés. Ces travaux porteront sur la clôture des écoles de Kayo, Souban, Kolébougou aussi où nous allons construire trois classes. Les écoles Plateau 3 et de Katibougou seront clôturées… L’abattoir sera transféré derrière la zone industrielle. Il y aura aussi un centre de traitement de boue de vidange.
Un grand projet de l’Etat qui porte sur la route de contournement sera aussi relancé, le gouverneur a échangé avec les acteurs sur la question. Ce n’est pas tout le président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé, un ressortissant de Koulikoro, nous a aussi offert un centre de santé les travaux sont en cours et sont bien avancés. Ce projet est un signe de bon partenariat entre le président de l’Assemblée nationale et la mairie. Au-delà de tout de cela, le président de l’Assemblée qui est élu de Koulikoro a toujours répondu favorablement à notre invitation si on le sollicite pour les activités, il arrive qu’il nous conseille.
Pour nous, nous devons tout faire pour soutenir Issiaka Sidibé, car ce n’est pas toutes les villes qui peuvent avoir la chance de voir un de leurs fils président de l’Assemblée nationale. Cela fait la deuxième fois que nos élus soient désignés président de l’Assemblée nationale.
La première fois, c’était avec Sidiki Diarra. Donc moi ma conviction est qu’il y a un temps pour tout bien que nous ne soyons pas du même bord politique, quand il s’agit de la commune du pays, nous mettons nos appartenances politiques de côté, car avant d’être militant de l’URD ou du RPM, nous sommes tous d’abord Maliens.
Pouvez-vous nous donner le montant de ces différentes réalisations ?
Les travaux de l’année dernière avoisinent les 600 millions F CFA. Ils ont été financés sur fonds propres de la mairie mais surtout des partenaires espagnols, allemands et du Pacum. D’ailleurs, pour cette année, plus de 250 millions F CFA d’investissements sont prévus dans le cadre du Pacum.
Votre mot de la fin ?
Je tiens d’abord à remercier les populations, l’équipe communale, le personnel, les autorités administratives. Car ce sont grâce à ces efforts conjugués que nous avons pu atteindre ces résultats et je demande cette union au conseil communal pour le bien des populations. Nous nous réjouissons aussi de la visite du ministre des Affaires étrangères allemand auprès de qui, nous avons plaidé pour le retour de la Coopération allemande à Koulikoro. Car un conseiller allemand était à la mairie de 1995 à 2002. Et beaucoup d’infrastructures comme l’Huicoma, la prison, les bateaux de Koulikoro portent aussi l’empreinte de la Coopération allemande. Aussi j’invite les populations, mes collègues maires de la région à s’impliquer tous pour la sécurité dans la région. Car la sécurité est l’affaire de nous tous.
Réalisée par Kassoum Théra
Source: Aujourd’hui-Mali