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Election présidentielle : Les normes et la réalité

C’est ce qu’on appelle un pavé dans la mare. A une dizaine de jours du scrutin et au moment où les candidats sont en plein chassé-croisé à travers le pays, le candidat du Parena, Tiébilé Dramé, a décidé de se retirer de la course à l’élection présidentielle. Ce faisant, il apporte indéniablement un piquant aux doutes sur la faisabilité du premier tour de l’élection à la date du 28 juillet.Tiéblé-Dramé

La décision du président du « parti du bélier blanc » n’est pas, à proprement parler, une grande surprise. En effet, il avait déjà multiplié ces derniers jours les déclarations critiques sur le processus électoral estimant que les conditions d’une élection juste, transparente et donc crédible n’étaient pas réunies pour le moment. Son parti était allé jusqu’à saisir la Cour constitutionnelle compétente en la matière pour qu’elle annule le décret de convocation du collège électoral.

 

 

En décidant de se démarquer du scrutin, Tiébilé Dramé entend certainement prendre date. Il justifie sa démarche par plusieurs raisons : la non présence de l’administration, incontournable dans l’organisation des élections, dans plusieurs zones du nord jadis occupées, la problématique des listes électorales à Kidal dont la situation continue de soulever la controverse, la situation des dizaines de milliers de nos compatriotes refugiés dans les pays voisins. Il note aussi le cas de plusieurs circonscriptions dans des pays où résident nos compatriotes. Tous ces arguments sont forts judicieux et la bonne foi du président du  Parena pour qui connaît ses convictions et principes ne fait pas de doute. Mais il y a les normes, les principes et la réalité.

 

 

En recevant les candidats le 9 juillet dernier, au lendemain de l’ouverture de la campagne électorale, le président de la République par intérim Dioncounda Traoré reconnaissait d’ailleurs le bien-fondé des arguments techniques avancés par certains quant aux insuffisances de processus électoral. Même des experts du très respecté International Crisis Group ont fait part de leur réserve sur la volonté de tenir aussi rapidement le scrutin, s’étonnant de la « résignation » de tous à organiser une élection « imparfaite ».

 

 

Tout en admettant la pertinence de certains arguments militant en faveur d’un décalage du scrutin, le président Dioncounda Traoré, expliquait qu’en « mesurant ce que nous gagnons en allant aux élections contre ce que perdions en n’y allant pas », les autorités de la Transition ont maintenu l’échéance du 28 juillet. Il jugeait alors peu probable qu’un report de quelques mois puisse régler les problèmes techniques avancés.

 

 

Il faut dire que rares sont les scrutins dans notre pays dont l’organisation n’a jamais été contestée. Le fiasco du 27 avril 1997 quand les élections législatives étaient organisées par un régime démocratiquement élu et en place depuis 5 ans, est assez édifiant à ce propos. Au regard du désordre général qui ôta toute crédibilité au vote, le scrutin fût annulé. Mais le mal était fait. Le grand ratage plongea le pays dans une profonde crise politique dont il mis des années à sortir.  Depuis, à chaque élection, la fiabilité du fichier électoral est remise en cause. Sans compter un taux de participation toujours plus bas, élection après élection, et d’autres insuffisances récurrentes du processus électoral.

 

 

Il va de soi que dans une situation de crise de l’ampleur de celle dont nous nous extirpons péniblement, l’organisation d’une élection totalement conforme aux normes requises est illusoire. Or, l’élection d’un président de la République aura au moins le mérite de sortir le pays du flou institutionnel actuel et de faire revenir des partenaires de poids comme les Etats-Unis dont la constitution leur interdit expressément d’aider un régime issu d’un coup d’Etat.

 

 

L’élection d’un président permettra également remobiliser les énergie du pays. A commencer par l’Administration dont l’attentisme à chaque approche d’élection paralyse pratiquement tout l’activité, surtout l’économie. Or aujourd’hui, le pays a plus que jamais le besoin de la reprise économique après près d’un an de récession provoquée par la crise multidimensionnelle.

 

 

En outre, il convient de garder à l’esprit que les engagements financiers de la communauté internationale ne se concrétiseront en fait qu’après l’élection de pouvoirs légitimes. Bref, pour paraphraser le président Dioncounda Traoré, il faut prendre la juste mesure entre ce que nous gagnons en allant aux élections et ce que nous perdons en n’y allant pas. Dans tous les cas, le processus est désormais irréversible.

S. TOGOLA

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