Le gouvernement du Mali, par la voix du Premier ministre, a décidé de suspendre la validation du manuel scolaire sur l’enseignement de l’éducation sexuelle aux adolescents dans les écoles. Cette décision fait suite à l’opposition de certains groupes religieux qui pensent que le document de travail fait « l’apologie de l’homosexualité ».
Tout a commencé quand les professionnels de l’éducation et les spécialistes de la santé sexuelle avaient entamé une série d’activités à Ségou dans le but de mettre en place un programme scolaire en vue d’« aider les adolescents à mieux gérer leur sexualité ». Une partie des manuels élaborés évoquait la question de l’homosexualité.
Toutes choses qui ont suscité la colère du président du Haut conseil islamique du Mali qui a été le premier à reprocher au gouvernement de « promouvoir l’homosexualité à l’école ». Il a clairement laissé entendre que les documents de travail font « l’apologie de l’homosexualité ».
Le ministère de l’éducation nationale a tenté de rassurer, expliquant que le texte pour le moment n’était pas adopté, mais que c’était la réflexion qui était engagée.
Les accusations de l’imam Mahmoud Dicko ont été suivies d’une indignation générale au sein de l’opinion publique.
Cependant, le gouvernement rejette ces allégations qu’il qualifie de « rumeurs infondées ». Pour, dit-il, «apaiser la situation », le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga a décidé de suspendre les travaux de l’atelier. Dans un tweet, il déclare « qu’en raison de la polémique en cours autour de l’adoption d’un manuel sur l’éducation sexuelle au Mali, nous avons décidé de renoncer à son élaboration ». Selon un acteur du projet qui travaille à la direction nationale de la pédagogie, le travail mené à Ségou est très loin de l’homosexualité.
Le Haut conseil islamique avait annoncé un meeting ce dimanche pour faire pression sur le gouvernement. Reste à savoir si ce dernier rebondissement va contribuer à baisser les tensions.
Sollicité par nos soins, le président du Haut conseil islamique Mahmoud Dicko n’a pas souhaité réagir sur la question. Mais pour l’imam de la grande mosquée de Torokorobougou, membre du bureau exécutif du Haut Conseil Islamique, le gouvernement a montré sa bonne foi en suspendant l’atelier. Selon Mahamadou Moussa Diallo, les Musulmans du Mali « devraient éviter la récupération politique en répondant à l’invitation du gouvernement afin de proposer un document qui respecte les valeurs de la religion musulmane ».
Studio tamani