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Éditorial : Seigneur, sauve le Mali !

En seulement huit jours ouvrables, du mardi, 24 septembre au vendredi, 04 octobre courant, la session spéciale de la Cour d’Assises qui se déroule à la Cour d’Appel de Bamako a montré toute sa pertinence. Elle a permis déjà de brosser le tableau hideux de la gouvernance passée- trois horribles décennies- qui a tant fait peser sa chape de plomb sur le Mali que notre pays a failli disparaître en tant qu’Etat, en tout cas dans ses frontières originelles.

Audiences historiques qui étaient très attendues par nos compatriotes qui en venaient à se demander si l’ampleur des dégâts causés par des gouvernants insouciants et inconscients au Mali était réelle. L’opinion publique nationale, pourtant bien renseignée, en était à soupçonner- et à craindre- que les dossiers ne soient pas tout simplement rangés dans les tiroirs, jusqu’à l’extinction des crapules et délinquants à col blanc, qui s’installent et s’incrustent actuellement dans la nouvelle gouvernance, celle advenue après deux coups d’Etat opérés pour d’évidentes raisons, d’où la bénédiction divine qui les a fait réussir sans coup férir. L’affaire devant les Assises, dans sa globalité, touche en effet des officiels au plus haut sommet de l’Etat et des hauts gradés de l’Armée nationale, cette hiérarchie militaire qui avait abandonné le peuple à son triste sort, en choisissant de botter en touche, en confinant tout simplement les militaires dans les casernes, alors même que le pouvoir honni n’aurait point hésité d’utiliser l’arme létale contre les citoyens manifestant les mains nues, c’était prévisible et c’est malheureusement arrivé. Cette affaire-là, véritable écheveau d’intrigues mafieuses, de délinquances économiques et financières aux tricotages multiples, de prédations minières et foncières, de concussions, de crapuleries savantes innommables, etc., a été tout simplement appelée procès de « l’affaire de l’Achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires ». Signe qui ne trompe pas, le ministère public, qui défend nos intérêts, s’est vite convaincu, en quelques petits jours, de la réalité que ce sont des politiques et des hauts gradés de l’Armée nationale, en alliance avec les desperados tapis dans la société civile, dans le commerce et dans les industries, à travers des bureaux d’études fictifs, des sociétés-écrans et autres techniques évoluées de surfacturations et de fictions économiques, qui avaient pris en otage le destin national, couverts par la cruelle communauté internationale. Mais le ministère a beau réclamé, par deux fois, de requalifier les chefs d’accusation en évoquant la « collision des fonctionnaires et des associations de malfaiteurs », il n’a pas été suivi suite aux interventions des avocats, toutes tendances confondues. Mais note d’espoir, l’opinion nationale reste encore confiante quant au professionnalisme des magistrats, tous considérés compétents et consciencieux. La comparution de M. Tiénan Coulibaly, ancien ministre de l’Economie et des Finances, en qualité de témoin cité par le Parquet, a largement levé le voile sur les dysfonctionnements chroniques qui ont émaillé la gouvernance des mafieux au Mali. Par lui, on apprendra que « Aucune dépense non prévue dans le budget ne peut être exécutée » et que « En cas de catastrophe naturelle, l’Etat peut faire des dépenses imprévues, mais qui seront prises en compte par un collectif budgétaire ». S’il n’est vraiment le seul en République du Mali, depuis 1960, à savoir ces incontournables règles saines de gestion, les sanctions les plus sévères doivent être prononcées. Pour l’heure, on sait que l’avion présidentiel n’était pas prévu dans le budget national et que sa non-acquisition ne constituait pas une catastrophe naturelle, telles les dramatiques inondations auxquelles nous faisons face actuellement. Politiquement, l’avion présidentiel n’est pas non plus une exigence de la constitution de la République. Pourtant, le personnage chargé d’en trouver, un non-Malien, a empoché la vertigineuse somme de plus d’un milliard, rien que pour sa mission de ce que nous appelons ici « coxeur ». Quant à son coût, la Cour renseignée auprès du Trésor public retient pour le moment 21 milliards, mais l’ancien ministre de la défense aura avoué sept milliards devant le BVG et l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances comparaissant devant le tribunal aura mentionné Dix-huit milliards. Et la IVème République doit puiser dans les viviers que ces délinquants ont laissés ! Seigneur, sauve le Mali !

 

Amadou N’Fa Diallo

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