Combien devra- t-on payer pour figurer sur la liste électorale? La réponse à cette question est fonction de votre rang sur la liste et de la hiérarchie de votre parti sur l’échiquier politique national.
Qu’à cela ne tienne, il faudra payer pour figurer sur liste et payer encore pour occuper la tête sans préjudice des charges liées à la campagne. Peu importe que vous gagnez ou pas. L’essentiel pour les membres influents des structures et des commissions d’investiture est de tirer profit de leurs prérogatives en ces moments critiques. Car une fois élus les occupants des fauteuils ne se ficheront même pas de répondre à leur coup de fil.
L’établissement des listes électorales en cours au sein des formations politiques a démontré à suffisance le poids de l’argent dans le processus de sélection des femmes et des hommes qui devront les jours à venir parler et agir au nom de notre communauté de destin. Le phénomène n’est pas nouveau. Mais force est de constater qu’il prend de nos jours des dimensions inquiétantes.
On ne se cache plus la face pour demander à un prétendant de payer son fauteuil ou dégager. Du coup, l’honnêteté et la probité morale, l’engagement militant et la loyauté envers le parti se conjuguent désormais au passé.
Cette façon de faire qui a pris corps dans notre système électoral consacre cette fois-ci encore le pouvoir de l’argent roi. Elle offre l’opportunité aux brigands et autres fossoyeurs de notre économie de conquérir le pouvoir ou de s’y maintenir. Sauf miracle, seront nombreux à rempiler des individus sans foi ni morale et dont la seule ambition est de ramasser le maximum d’argent en un laps de temps et d’en jouir. Ces opérateurs politiques si on peut les appeler ainsi ont transformé notre démocratie en moneycratie avec à la clé la banalisation de la fonction d’élu.
Le développement territorial se trouve compromis avec une telle catégorie de dirigeants sans ambition aucune pour leur population. En d’autres termes c’est un processus de développement du sous-développement qu’on met en marche. Cette stratégie basée sur l’écartement des normes et la normalisation des écarts facilitent la tâche à ceux-là qui veulent nous réduire au rang de mendiants de l’aide étrangère, de producteurs de matière première, d’enfants soldats et de réfugiés.
Et pourtant les partis politiques devraient tirer les leçons de notre passé récent où la faillite des élus explique en partie l’affaissement de notre pays.Le culte de l’argent facile a poussé nos responsables politiques à tourner le dos à l’essentiel c’est-à-dire la préservation des fondements de notre Etat.
Si les politiques veulent briller encore par leur insouciance face aux enjeux actuels où l’existence d’un Mali uni est mise à rude épreuve,il appartiendra alors au peuple de s’assumer en imposant des hommes et des femmes qui ont souci de la nation. C’est en cela et en cela seulement que nous pourrions relever les différents défis qu’affronte actuellement notre pays.
La Rédaction
Source: Delta Tribune