La gestion des finances publiques au Mali, particulièrement au sein du Ministère de la Jeunesse et des Sports, reflète une triste réalité : l’abus de confiance envers un peuple en quête de transparence et de progrès. Les conclusions du dernier rapport du Bureau du Vérificateur Général sonnent comme un énième rappel des dérives administratives et financières qui gangrènent nos institutions. Entre irrégularités flagrantes et scandales financiers, comment expliquer un tel mépris des règles au détriment des ambitions de notre jeunesse et de nos sportifs ?
Un ministère à contre-courant de sa mission
Bamada.net-Ce ministère, censé être le moteur de l’épanouissement des jeunes et de la promotion du sport, montre des lacunes administratives qui interrogent sur son sérieux. Comment justifier un déficit de personnel dans une structure aussi stratégique, avec des postes clés non pourvus ? Comment accepter qu’en 2025, un ministère ne dispose toujours pas d’un système d’archivage opérationnel ? Et surtout, comment expliquer que des ambulances, censées servir les sportifs, soient transformées en véhicules de fonction pour des cadres ?
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Ces faits traduisent un malaise profond. Au lieu de servir les jeunes et les sportifs, le ministère semble embourbé dans une gestion bureaucratique inefficace, parfois même cynique.
Un gaspillage insoutenable
Le chapitre financier du rapport est encore plus alarmant. Plus de 345 millions de FCFA sont pointés comme irrégulièrement utilisés. Parmi les anomalies relevées, des billets d’avion payés pour des personnes non autorisées, des primes attribuées à des noms fictifs, des factures falsifiées ou réutilisées, et des dépenses indues pour des services déjà couverts par des tiers.
Comment expliquer que dans un pays où les besoins essentiels restent criants, des fonds publics soient ainsi dilapidés ? Chaque franc gaspillé est une école non construite, un stade non rénové, un rêve de jeune sportif brisé.
Un déni de responsabilité intolérable
Le plus préoccupant dans cette situation est l’absence de responsabilisation. Les textes existent, les règles sont claires, mais elles sont systématiquement contournées. Le principe de séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable est bafoué. Les montants des avances dépassent les plafonds autorisés. Et au sommet de cette chaîne d’irresponsabilité, les décisions continuent d’être prises sans crainte de sanctions.
Le Vérificateur Général a émis des recommandations précises : combler le déficit en personnel, codifier les matières, publier les plans de passation des marchés et respecter les principes de bonne gouvernance. Mais la question demeure : ces recommandations seront-elles suivies ou reléguées au rang de simples formalités administratives ?
Une trahison envers la jeunesse
La jeunesse malienne, déjà confrontée à des défis immenses, mérite mieux. Elle mérite des institutions qui travaillent pour elle, des dirigeants qui placent l’intérêt public au-dessus de leurs ambitions personnelles. Le sport, en tant que levier de cohésion sociale et d’inspiration nationale, ne peut prospérer dans un environnement miné par la mauvaise gestion et la corruption.
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Le moment d’agir est maintenant
Cet éditorial est un appel, non seulement à la réforme, mais aussi à une véritable révolution des pratiques. Il est temps que les responsables soient identifiés, que des mesures correctives soient appliquées et que les ressources publiques soient gérées avec rigueur et transparence. Le Mali ne peut plus se permettre de naviguer à vue.
Les Maliens, particulièrement les jeunes, ne méritent pas cette trahison. Leurs rêves et leurs espoirs ne doivent plus être sacrifiés sur l’autel de l’irresponsabilité. La balle est désormais dans le camp des autorités compétentes : sauront-elles relever ce défi ?
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net