Dioura en mars, Guiré en avril, foultitude d’embuscades mortelles depuis, Bulikessi et Mondoro il y a quarante -huit heures : force est de constater, 2019 tirant sur la fin,
que nous ne voyons pas encore le bout du tunnel, et que nous sommes loin de la victoire tant désirée de l’armée malienne, singulièrement sur les troupes djihadistes. Au contraire, malgré les déclarations et malgré les efforts, les Forces armées maliennes saignent au-delà du raisonnable et selon un scénario bien rôdé : attaques dites complexes ; tirs plus ou moins nourris de roquettes ou de mortiers ; détonations traitresses de mines antipersonnel ; revendications triomphales des assaillants ; et sur les réseaux sociaux, les images insoutenables de soldats tués, d’équipements calcinés dans des garnisons détruites, au détour de buissons, le long des routes nationales, là où les crevasses ont chassé le bitume.
A chaque fois, les communiqués copier-coller dénonçant une « attaque terroriste » et condamnant « un acte odieux et lâche » qui ne sera, naturellement, que le dernier avant le prochain ! Quelque chose cloche et cela hélas ne peut continuer que pour le malheur de la nation. Or, le seul point de consensus réel et vérifiable reste l’armée nationale. Nous ne savons pas voir ses verrues et malheur à celui qui, comme Chahana Takiou, ose secouer le cocotier. Parce qu’elle est en guerre, opposition comme majorité, gouvernants comme gouvernés, nous avons mis un point d’honneur à la soutenir, quelle que grosse que soient la couleuvre et amères les pertes infligées par un ennemi inférieur en nombre et en équipement. Il faut craindre que ce consensus autour de nos soldats, si solide soit-il, ne se lézarde au rythme des défaites sérielles et humiliantes qui tendent à devenir la norme. Pas seulement chez nous, mais dans les autres pays sahéliens où le terrorisme s’est incrusté. Oui, tous les moyens doivent être consentis et toutes les chances saisies pour que les corps découverts aux aurores soient ceux des agresseurs plutôt que de nos soldats. Mais depuis au moins une décennie la tendance est à la défaite. Le temps est venu d’évaluer sans complaisance nos réponses, notre capacité face aux percées de la bête. Puisque, armées nationales, Barkhane, Minusma, G5 aujourd’hui, peut-être CEDEAO demain, rien ne semble conjurer la cendre et la désolation. De surcroît au petit matin à l’heure où nous nous réveillons !