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Éditorial : Attention, ne jetons pas notre avenir dans la fosse aux lions !

Montesquieu, auteur de L’Esprit des lois, a fait observer : « L’homme, toujours avide de pouvoir à mesure qu’il en a davantage, et qui ne désire tout que parce qu’il possède beaucoup. » Sans remonter jusqu’à Mathusalem, les sociologues et les psychanalystes ont vite établi que dans la gent des avides, deux catégories d’individus se partagent les premiers rôles, dans une complicité le plus souvent mortel pour les grandes causes et pour la société.

Les premiers sont les insatiables du pouvoir (régner, gouverner, administrer…) et les seconds sont les boulimiques des profits et des intérêts sordides (espèces sonnantes et trébuchantes, Titres fonciers, comptes en banque, offshore ou non…). Leur alliance est toujours nuisible, on l’a toujours vécu dans l’histoire. L’histoire récente du Mali, avec l’épisode du pronunciamiento du 18 août 2020, puis de la rectification de la trajectoire de la Transition le 24 mai 2021, s’est nourrie de la réalité que la République, pas plus que ses institutions, ne peut se passer de vertu chez ses serviteurs. On ne le répétera pas assez. Récemment (le 16 mars 2024, il n’y a pas une semaine révolue), Monsieur Ibrahim Ikassa Maïga, ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des réformes avec les Institutions, justifiait devant la jeunesse le choix des autorités de la Transition d’opérer les réformes hardies en cours, en tant que recommandations du peuple à l’issue des Assises Nationales de la Refondation (ANR). Il a dit notamment : « Notre pays avait été mal gouverné. L’éducation n’existait plus, les centres de santé étaient fermés, les infrastructures n’existaient plus. Les services sociaux de base n’étaient pas servis aux populations. Et cela était la résultante de plusieurs années de mal gouvernance. » Pour dire qu’en haut lieu et chez tous les citoyens le diagnostic précis a été fait pour être assorti des thérapeutiques de choc prescrites par les ANR, rappelons l’analyse scientifique frappée au coin de la pédagogie faite par Monsieur Bouréma Kansaye, ci-devant ministre de l’Enseignement supérieur à l’occasion de la deuxième édition de la Journée de la souveraineté retrouvée de notre pays célébrée à la cité universitaire de Kabala le 14 janvier dernier. Pr. Kansaye avait défini, en effet, les trois concepts qui résument notre état de vassal depuis des lustres. La Dépendance est l’état de quelqu’un qui est soumis à l’autorité d’autrui (sujétion, subordination). L’Allégeance indique l’Obligation d’obéissance, de fidélité, de soumission. La Domination traduit l’Action  de dominer, d’exercer son autorité ou son influence sur le plan politique, moral, etc.

Dépendance, Allégeance et Domination : voilà les trois substrats sur lesquels s’est gaillardement mis debout un Seigneur outrecuidant pour (pour préserver au Mali les intérêts de son pays à lui) intimer à Colonel Assimi Goïta l’ordre de choisir les futures têtes d’affiche du Mali Kura. Et à l’autre bout, regardant le premier en chien de faïence, grand Oncle Plénipotentiaire fit valoir son écurie et ses deux intrépides cavaliers. Compétition, concurrence déloyale, duel à mort entre protagonistes à mille lieues du Mali, l’un au bord de la Méditerranée et l’autre outre-Atlantique, Colonel Assimi Goïta a eu le réflexe de tenir ferme, en bon héros malien, sahélien, africain, du monde exploité et spolié de mille manières.

Mais savons-nous encore le nombre exact de pièges, de guet-apens, d’embuscades nous attendent ?  Inconscients de tous les dangers dont nous sommes la cible, certains parmi nous, les avides de Montesquieu, considèrent le poste de Premier ministre comme la panacée sans laquelle il n’existera pas de Mali radieux. Et la République, en attendant les institutions de la quatrième du nombre, est prise dans les faisceaux des pièges de la déstabilisation permanente. Des hommes politiques- ô la fragilité et l’incurie de l’homme politique malien sont connues- deviennent de piètres calomniateurs et de délateurs professionnels. Attention à ne pas jeter notre avenir dans la fosse aux lions. Nous ne sommes pas des proies pour bêtes féroces.

 

Amadou N’Fa Diallo

Le National

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