Ah oui, les décisions injustes ont eu pour mérite le rassemblement de tous les Maliens et même de tous les Africains. Cette dynamique d’union sacrée doit être entretenue et nourrie par les autorités de la Transition, surtout par l’homme fort du pays, le colonel-Président Assimi Goïta, pour la suite des batailles et la réussite de la transition (une circonstance d’exception) qui doit être un moment de communion et d’union. Assimi doit faire tout pour préserver cette union sacrée des Maliens pour la cause de la patrie. Toute chose qui était prévisible. Car primo, le peuple malien s’est senti humilié, blessé dans son orgueil, son amour propre, sa fierté légendaire en tant qu’un brave peuple qui a hérité de trois grands empires, de plusieurs royaumes et qui a résisté plus d’une trentaine d’années à la colonisation française d’Est en Ouest, du Sud au Nord.
Secundo, le peuple malien est désemparé car il n’a pas été préparé en amont à vivre dans un tel isolement tant physique que psychologique. Le Mali est à la fois un pays enclavé géographiquement, un pays de commerce et un pays de migration. Avec la fermeture des frontières, les sanctions économiques et financières, les Maliens sont inquiets face à l’avenir de leur pays. Lesdites sanctions sont tombées à un moment où notre pays traverse depuis près de dix ans une crise multidimensionnelle aiguë, qui a beaucoup fragilisé le tissu social et économique. D’où le soutien des peuples africains et du monde. Bref, le peuple malien qui a donné une légitimité aux autorités de la Transition en répondant massivement à leur appel à la mobilisation veut être rassuré par rapport aux mesures adoptées, afin de gérer efficacement cette période cruciale de notre existence en tant qu’Etat.
Il veut savoir quel est la marche à suivre pour ne pas perdre la stabilité qui règne à Bamako et dans certaines capitales régionales à cause de la violence urbaine. Les femmes et les enfants qui se sont mobilisés ne doivent pas manquer de moyens de subsistance dans les prochains jours à cause de l’approvisionnement du stock national, sinon il faudrait vraiment craindre le pire. Le niveau de criminalité est très élevé dans nos villes à cause des armes légères et des stupéfiants en circulation. Ventre affamé n’a point d’oreille. Assimi doit s’assumer puisque d’ores et déjà, le prix des denrées comme le sucre et l’huile ont déjà pris l’ascenseur. Il doit trouver les voies et moyens pour écourter les souffrances des Maliens, en allant un peu plus vite pour organiser les élections. Les Maliens qui sont dans l’incertitude totale ne font plus confiance au temps, car le pouvoir aime s’accrocher au temps et l’homme s’arrache difficilement du pouvoir.
Aliou Touré
Source: Démocrate