Mahamoud Dicko, président du Haut Conseil du Mali depuis dix ans est en passe de devenir un véritable cauchemar du régime actuel pour ses prises de position sur les sujets nationaux.
Il vient de cogner fort en fléchissant le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga qui a fait marche arrière dans le cadre du projet d’éduction sexuelle. Le projet financé avec l’appui des Pays-Bas, a été purement et simplement suspendu sur décision du Premier ministre, mercredi 19 décembre 2018 sous la menace de l’Imam Dicko qui accuse le projet de promotion de l’homosexualité dans le système éducatif.
Selon le président du Haut Conseil Islamique, ce manuel scolaire vise à faire la promotion de l’homosexualité dans un pays sous le poids de la religion et de la tradition. Cette sortie médiatique fracassante de Dicko a provoqué une panique générale dans le gouvernement à tel point que le Premier ministre SBM et son ministre de l’Education n’étaient plus sur la même longueur d’onde.
Malgré le recul du gouvernement sur ledit projet, l’ardeur du Wahabite Mahamoud Dicko ne s’est pas calmée. Il a lancé un appel aux fidèles musulmans pour un grand meeting d’information sur le projet d’éducation sexuelle le dimanche 23 décembre au Palais de la culture. Au regard de la capacité de mobilisation de l’imam de la mosquée de Badalabougou, le régime en place a opté pour la fragilisation du Haut Conseil Islamique afin de faire échec au projet de meeting en convaincant une partie importante du bureau de se désolidariser de la décision du président Dicko.
Peine perdue ! Contre l’avis de cette majorité circonstancielle, des milliers de fidèles musulmans acquis à la cause de Dicko ont pris d’assaut le Palais de la culture. Le président du HCI reste donc populaire voire très populaire pour amener l’exécutif à faire marche arrière.
On se rappelle encore la grande mobilisation de l’iman Dicko contre le code de la famille en 2011. Plus de 50.000 personnes avaient répondu à l’appel de Mahamoud Dicko du stade 26 mars en 2011. Du coup, cette mobilisation populaire de Dicko avait obligé le Gal ATT et son gouvernement à reculer sur cet important projet du président Amadou Toumani Touré.
Aujourd’hui, le Mali se trouve dans une position fragilisée par un malaise social, une tension politique et un problème d’insécurité. Les questions de gouvernance en lien avec la religion musulmane doivent être abordées avec l’implication entière des leaders religieux, furent-ils pro ou anti pouvoir. C’est la seule alternative pour IBK et son gouvernement afin de canaliser la colère des religieux qui rendent la vraie menace pour le régime en place. Quand Mahamou Dicko se fâche, le gouvernement tremble.
Modibo L. Fofana
Koulikoro.info