Les choses se compliquent de plus en plus pour l’actuel pouvoir. Autre fois buté à la crise du nord, à la forte revendication sociale suite au refus des gouvernants d’honorer leurs promesses, aujourd’hui, deux faits majeurs dominent la scène. Il s’agit des élections et l’affaire des responsables du coup d’Etat de 2012 en détention depuis 4 ans sans être jugés.
Le premier fait lié aux élections prévues le 17 décembre 2017 risque d’être une source de dégradation plus avancée du climat social. La décision d’organiser ces élections, dès le départ, s’est butée à une forte contestation. D’abord les partis politiques de l’opposition, certains de la majorité et des groupes armés signataires de l’accord de paix réunis au sein de la Coordination des Mouvements de l’Azawad. L’impréparation est là. Le gouvernement semble tout décider seul sans concerter en avance et dans une période raisonnable les autres parties. Celles-ci s’inquiètent au regard du climat délétère sur le terrain. Dans la plupart des régions du Mali, de Ségou jusqu’à Kidal, l’appareil d’Etat a du mal à exercer pleinement son pouvoir. L’armée est absence, l’administration est quasiment vide, les écoles sont fermées. En ces lieux, ce sont les hommes de Kouffa et de Iyad qui dictent leurs lois. Ils empêchent les foires ; ils tuent ou punissent tous ceux qui ont un comportement contraire à leur façon de voir les choses. Les cadres de l’Etat n’osent pas s’y rendre au risque de se faire assassiner ou capturer comme otage ; et cela est valable pour même ceux-là qui sont originaires de ses localités sous contrôle des forces terroristes. Le cas du général à la retraite Cissé la semaine passée est un exemple capital. Il a failli être enlevé par les hommes de Kouffa à quelques kilomètres seulement de Konna. Aliou Nouhoum Diallo et autres cadres peulhs de la région de Mopti sont aussi dans le viseur pour la simple raison qu’ils ont proposé des pistes pour la sortie de crise. Et du coup, ils sont considérés par Kouffa, Iya et leurs hommes comme des complices à la solde de l’Etat malien.
Ces deux hommes ont juré que les élections ne se tiendront pas là où ils règnent. La CMA, groupe signataire de l’accord, est aussi dans la même optique et dans un communiqué, elle fait une délimitation de l’espace qu’elle estime contrôler et propriétaire sous l’appellation AZAWAD.
En marge de ces forces de contestations (politiques, groupes armées, terroristes et djihadistes), nos autorités font face à une autre menace. Les régions non opérationnelles. Réunis en collectif, les ressortissants de ces villes se battent depuis un certain temps afin de bénéficier du privilège sur le terrain comme des villes du nord qui en bénéficient déjà alors que la décision de les ramener en région a été prise au même moment sous ATT. Ils ont fait des manifestations dans certaines villes victimes de cette injustice de nos autorités et prévoient une marche dans les semaines qui viennent à Bamako. Tant que leurs villes ne sont pas érigées en régions, ils promettent d’empêcher les élections de décembre sur leur sol.
A cette inquiétude restée sans solution s’ajoute un autre fait majeur. L’affaire des instigateurs du coup d’Etat de 2012 toujours en détention. 4 ans après sans jugement, leurs femmes ont décidé de rompre avec le silence. Elles sont, en un premier temps, passées sur des radios, dans l’émission cartes sur table de Ras Bath, ensuite elles ont animé une conférence de presse. Le motif est clair : Le jugement ou la libération de leurs maris. Elles prévoient des actions dans les jours à venir, une sorte de bras de fer après avoir usé de tous les moyens, qui à leur entendement sont pacifiques.
Mardi dernier, la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako a statué sur la demande de mise en liberté provisoire de AYA et ses hommes introduite par leurs avocats. L’avis est défavorable.
La gestion de ces deux affaires (élections et AYA et ses hommes) est sans conséquence. Le pouvoir vacille depuis un certain, l’avenir est incertain. Qu’Allah veille sur le Mali.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays- Mali