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Édito : l’erreur !

Un chronogramme de 5 ans pour la fin de la transition. C’est ce qui a été soumis par les autorités de la transition à la CEDEAO qui, à son tour, doit statuer sur la question le 9 janvier 2022 lors d’un sommet extraordinaire des chefs d’État. Mais avant, une délégation sera reçue à Bamako ce mercredi. 5 ans, en plus de 18 mois, c’est beaucoup ambitieux, sinon trop.

Les difficultés sont certes là. La sécurité des personnes et leurs biens n’est pas encore garantie. L’insécurité tue toujours même si des efforts louables sont en cours. Les réformes nécessaires ne sont pas encore réalisées, bref les conditions ne sont pas réunies pour la tenue des élections en février 2022. C’est certainement pour ces raisons que les participants aux Assises nationales de la refondation ont recommandé la prolongation de la transition de 6 mois à 5 ans au plus.

C’est vrai que les autorités de la transition sont en train de se battre pour un Mali nouveau. Elle se battent pour la sécurité des personnes et leurs biens, elles donnent une image d’un État souverain au Mali, elles mènent une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière…mais leur accorder 5 ans de plus est trop. C’est d’ailleurs une erreur qu’il faut vite corriger pour éviter d’autres crises.

Les problèmes du Mali sont énormes : l’insécurité, la corruption et la délinquance financière, l’école, les infrastructures, les réformes politiques et institutionnelles… Même dix ans seraient insuffisants pour les résoudre. Et la transition n’a pas vocation à résoudre tous ces maux. C’est ce que le colonel Assimi Goïta et ses collaborateurs doivent savoir. Tout ce qu’il leur faut, c’est de travailler à ramener la sécurité dans les zones où elle n’existe pas, mener des réformes politiques et institutionnelles une réalité et organiser des élections crédibles, transparentes et acceptées par tous. Ce travail ne peut, certes, pas être fait en deux mois. Mais donner 5 ans de plus à la transition est inconcevable en démocratie. Il faut, certes respecter la volonté des Maliens, mais aussi respecter les engagements du Mali vis-à-vis des pays de la sous-région et de la communauté international. Même au niveau national, 5 ans risquent de susciter des tensions et nous conduire dans d’autres crises dont personne ne connait les conséquences.

Un autre 18 mois ou deux ans auraient suffi pour mener les réformes nécessaires et organiser d’élections libres et transparentes. Une prolongation de même deux ans ne sera pas acceptée par la CEDEAO. En le faisant, le Mali sera confronté à des sanctions à conséquences graves.

Les autorités de la transition doivent donc revoir leur position même si les 5 ans est une recommandation des Maliens. Elles doivent négocier un délai raisonnable pour mener le bateau à bon port. L’erreur, c’est de penser que les Maliens, même ceux qui ont recommandé ces 5 ans, continueront à les soutenir durant les moins bons moments. Ce sont les mêmes citoyens qui se retourneront contre les autorités si le Mali est sanctionné par la communauté internationale dont la CEDEAO. Il faut donc vite corriger cette erreur et opter pour une date raisonnable afin que la transition en cours soit une chance pour le Mali nouveau.

Boureima Guindo

Source: LE PAYS

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