Ces derniers jours, les titres d’articles de presse se pressent sur la lenteur, les difficultés et le blocage des discussions d’Alger, entre les autorités maliennes et les groupes armés. En bref, tous les ingrédients sont maintenant réunis pour que cette phase des pourparlers se termine en eau de boudin.
Tout simplement parce que, si autrefois, les autorités maliennes avaient affaire avec des sourds qui ne veulent rien entendre dans la dynamique de paix, maintenant ils ont découvert en face que leurs interlocuteurs sont devenus sourds, muets et aveugles.
Qui n’épargnent rien pour sortir de leur inconscient tout ce qu’ils comme méthodes de réprobation. C’est pourquoi, sans coup férir, ils ont méconnu le document dit de synthèses des éléments du préaccord, proposé par la médiation algérienne à l’appréciation de toutes les parties.
Comme pour bloquer pour toujours ces pourparlers, ces irrédentistes des groupes armés se sont campés sur une seule option : le fédéralisme.
Comme pour essuyer leur pied avec la Constitution souveraine malienne, ils affirment qu’ils sont d’accord avec le principe républicain, adhèrent à la proposition de la décentralisation poussée, respectent la laïcité en vigueur, mais demandent la mise en œuvre du fédéralisme. Or, dans le document de synthèse soumis à l’appréciation de toutes les parties, il n’y avait, aucunement, question de fédération.
D’ailleurs, même lors de la campagne de communication et d’analyse du document enclenchée par le gouvernement malien, à travers toutes les couches de la société, de farouches oppositions, critiques et rejets ont été formulées contre certains avantages indument accordés aux protagonistes du Nord.
Lorsque l’assentiment populaire s’accordait sur le fait que les autorités maliennes allaient apporter des amendements à ce document, histoire de prendre en compte le souci de la majorité des Maliens, la surprise fut grande de constater que les groupes armés aient changé de fusil d’épaule, pour évoquer le fédéralisme.
Pourquoi cette volteface à 90° ?
De deux choses l’une : soit le gouvernement malien n’a pas voulu mettre à l’appréciation de la population le vrai document, soit les groupes armés ont renoué avec leur sport favori : faire tourner éternellement en rond leurs interlocuteurs.
Par rapport à la première hypothèse, il n’est pas exclu que le régime actuel ait enlevé de la littérature de synthèse, tous les vocables du fédéralisme. Car, personne ne peut affirmer avoir eu sous ses bras, le document authentique, il s’agissait des copies, polycopies et reproductions des copier-coller. IBK et ses ouailles ont-ils pris ce risque par peur des répercussions des soulèvements des Maliens, à travers toutes les régions du pays ?
Mais ce qui reste évident est la deuxième hypothèse, à savoir l’attitude incessante des groupes armés à toujours avancer à reculons. Si tel est le cas, il ne sert à rien de continuer le dialogue. Car autant on se campera sur Alger, autant, les groupes armés vont s’organiser avec leurs camarades djihadistes pour poser des mines, expérimenter des attentats kamikazes et renforcer leurs positions à travers les régions du nord malien.
Moustapha Diawara