Beaucoup d’observateurs de la scène politique n’hésitent plus à qualifier le dialogue inter maliens de monologue entre partisans du régime transitoire avec à la clef l’adoption d’une recommandation qui sera sans nul doute la prolongation de la transition « jusqu’à nouvel ordre » comme les autorités l’ont fait pour les partis politiques. Et pourtant l’occasion était idoine surtout avec ce format de dialogue inter maliens, pour débattre, sous l’arbre à palabre malien, des questions existentielles et proposer des solutions durables, celles qui seront les fruits des réflexions des maliens. Mais quand on a un autre agenda, celui de la préservation à tout prix de ses intérêts on devient insensible et sourd à tout autre discours, seul le pouvoir intéresse. On ne verra que midi à sa seule porte et on relèguera au second plan toutes les autres questions pour n’accorder de la priorité qu’à la question du renforcement du pouvoir.
Comment le Président Assimi Goita, qui a pourtant manifesté un intérêt particulier à ce dialogue et qui n’a cessé d’appeler au rassemblement, à l’unité et à la cohésion, puisse tomber dans ce piège, celui de mettre à l’écart certaines entités sociopolitiques? Que l’on sache que sans la présence de toutes les entités sociopolitiques pour donner à ce dialogue tout son caractère inclusif, la montagne accouchera d’une souris. Donc on aura perdu du temps et des ressources financières pour rien. Le Dialogue inter maliens tant vanté sera un dialogue de trop.
Et pourtant il n’est pas encore tard si tant est que le Président de la transition n’a que le Mali seul comme agenda et qu‘il a compris tous les messages d’alerte, il rectifiera le tir avant la phase nationale. Il réunira toutes les conditions pour plus d’inclusivité, plus de consensus et plus de participation de qualité, conditions sine qanun pour la réussite de ce dialogue. Tout autre discours qu’on lui tiendrait sera opportuniste, populiste, démagogique, voir hypocrite. Le Président Assimi Goita doit chercher à sortir par la grande porte de l’histoire en observant trois principes, à savoir le désintérêt pour le pouvoir, la neutralité et le respect des engagements pris. Le dialogue inter maliens devrait prendre en compte le premier principe, à savoir son désintérêt pour le pouvoir, en fixant sans délai la date des élections pour sortir de cette situation exceptionnelle. Il ne doit ni faire acte de candidature encore moins soutenir un candidat, d’où sa neutralité. Donc les deux principes se réaliseront en n’étant pas candidat et en jouant la neutralité jusqu’au bout et le dernier principe se réalisera quand il respectera le court délai qu’il aura fait fixer par les participants au dialogue inter maliens.
Youssouf Sissoko